Les reliques sacrées d'Hitler
son père à avoir obtenu un diplôme et fait son chemin dans la vie. La dernière fois quâil avait eu de ses nouvelles, elle enseignait lâalgèbre et travaillait à temps partiel comme comptable.
Il sâétonna de retrouver la maison aussi facilement. Construction à ossature de bois à un étage, elle avait souffert du temps. Certains volets semblaient avoir joué et ne cadraient plus avec les fenêtres, et la haie de devant nâavait pas été taillée. Cela nâavait pas dâimportance. Une brouette pleine de fumier dans le jardin contigu montrait que la maison était toujours occupée. La lumière à la fenêtre du vestibule indiquait quâil y avait quelquâun à lâintérieur.
La seule question qui se posait maintenant était de savoir si Friedl et sa mère habitaient toujours là . Sa demi-sÅur pouvait avoir vendu la maison, abandonné la propriété ou été mise à la porte pour loger des soldats russes.
Ce nâétait pas le moment dâhésiter. Dollar se gara derrière la maison pour éviter dâêtre remarqué de la rue, tandis que Horn allait jusquâau porche et regardait par les fenêtres. Ne voyant personne, il frappa doucement à la porte dâentrée.
Quelques instants plus tard, une femme regarda par une fenêtre de côté. Horn ne parvenait pas à la voir assez nettement pour être certain de son identité et il ne pouvait pas savoir non plus si elle le voyait bien. Elle lâavait entendu frapper ou, plus probablement, avait été alertée par le bruit de la jeep allant se garer derrière.
Il ne pouvait pas lui reprocher de se montrer méfiante. Seuls les Russes avaient de lâessence pour les véhicules à moteur et le couvre-feu, très strict, empêchait les visites à lâimproviste entre voisins.
« Câest Walter », dit Horn à voix basse.
Un instant plus tard, Friedl ouvrait la porte. Sans dire un mot, elle resta immobile dans lâembrasure de la porte, le regardant des pieds à la tête pendant une éternité.
Ce nâavait jamais été une belle femme à proprement parler, plus bavaroise que le reste de sa famille, avec de bonnes épaules rondes et larges, des hanches rebondies. Et le temps nâavait rien arrangé. Ses cheveux blond vénitien étaient devenus gris, ses joues roses défraîchies et ses lèvres, autrefois pulpeuses, gercées et incolores. Seuls ses yeux bleu clair nâavaient pas changé et ils fixaient Horn comme sâil était un écolier pris en faute.
Puis, toujours sans lui adresser la parole et conformément à son tempérament calme et peu émotif, elle fit brusquement demi-tour et se dirigea au fond du vestibule vers lâescalier montant à lâétage. « Mathilde, appela-t-elle. Il y a quelquâun pour toi. »
Quelques instants après, sa mère descendait prudemment les marches. Elle nâhésita pas un instant, comme lâavait fait Friedl. Elle hâta aussitôt le pas en le voyant et lâenveloppa de ses bras.
En appuyant sa tête contre son épaule, elle dut ressentir le soulagement quâil éprouvait de la savoir vivante et en bonne santé. Horn aussi ressentit lâintense émotion de sa mère.
Quand ils se furent séparés, et que Friedl, à son tour, lâeut serré dans ses bras, ils restèrent tous ensemble un moment au pied des marches. Il examina alors sa mère attentivement pour voir si elle avait souffert des épreuves ou dâune quelconque malnutrition.
Chose étonnante, elle semblait en bonne forme. Petite, avec une chevelure blanche nouée en chignon, un nez fin prussien et de longs doigts délicats, elle avait bien vieilli. Une décennie sâétait écoulée depuis quâil lâavait vue pour la dernière fois assise dans le bureau de son père en train dâécrire de la poésie, mais elle avait gardé sa dignité tranquille et ses manières affables.
« Un officier, voyez-vous ça, dit sa mère en allemand, rayonnante de fierté. Tu es superbe. »
Horn avait revêtu son uniforme de sortie, non pour impressionner sa famille, mais pour paraître important à la frontière.
Derrière eux,
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