Les reliques sacrées d'Hitler
Des journalistes de toutes les nations allaient fondre sur le palais de justice de Nuremberg à la fin du mois suivant.
« Vous croyez que les joyaux de la Couronne pourraient servir de point de ralliement à des activités néonazies ? »
Hammond répéta quâil lâignorait. Lâhomme de la MFAA à Nuremberg, le capitaine Thompson, était noyé. àmoins quâil nâait été un tant soit peu complice du vol de la chambre forte.
Horn était surpris que le contre-espionnage nâait pas pris lâaffaire en main. Ils le savaient fort bien tous les deux, le CIC 2 , chargé des enquêtes particulièrement délicates impliquant des actes de sédition, dâespionnage et des mouvements de résistance à lâoccupation, aurait dû être concerné. Disposant dâagents secrets et de son propre réseau de renseignements, le CIC â soutenu par la Criminal Investigation Division (CID) â était mieux équipé pour lancer des opérations de terrain que la MFAA, ou lâunité de renseignements de Horn, le G-2 de la 3 e  armée.
Hammond reconnut que lâenquête pourrait effectivement revenir au CIC, à la CID, au G-2 et même au FBI. Mais pendant les trois prochaines semaines, lâenquête dépendait de la MFAA et il entendait que cela le reste. Le seul désir dâEisenhower et de Patton, câétait que les objets disparus reviennent au bunker avant que Kaltenbrunner, le chef du RSHA, ou son comparse, le Gauleiter Julius Streicher, soient jugés à Nuremberg. Telle était la feuille de route du commandant.
Hammond avait donné deux bonnes raisons au lieutenant pour quâil attaque sa mission sans tarder. Horn en ajouta une troisième. Au-delà de toute pression politique, le lieutenant savait, en raison de ses enquêtes concernant des crimes de guerre, que les pistes avaient tendance à sâeffacer très rapidement dans une Allemagne occupée, où régnait une amnésie presque universelle concernant les activités nazies antérieures. Il savait aussi par expérience que, pour sa mère et sa demi-sÅur, il était engagé dans une course contre la montre dans une Allemagne dâaprès-guerre où les frontières changeaient constamment. De Berlin à Munich, les vainqueurs redessinaient à grands traits la carte de lâAllemagne, découpant la nation en fiefs. Dans quelques jours ou quelques mois, les renseignements recueillis par les Français au nord, les Soviétiques à lâest et les Anglais à lâouest ne seraient plus forcément disponibles pour les Ãtats-Unis au sud. Pas plus, peut-être, que les dépouilles de la guerre.
Horn promit de commencer immédiatement. Il devait seulement retourner à Camp Freising pour prendre ses affaires.
Hammond le quitta sur une nouvelle poignée de main et lui remit un épais dossier de rapports militaires concernant lâinvasion de Nuremberg. Il dit au lieutenant quâil devrait trouver particulièrement intéressant le compte rendu du capitaine Paul Peterson. John Thompson le mettrait au courant du reste.
En dehors de cela, le commandant nâavait quâune seule chose à ajouter. Comme Horn le raconta ce soir-là à Felix Rosenthal, Hammond lui conseilla de ne compter sur personne à Nuremberg en dehors de son ami Günter Troche pour lui donner un coup de main pour son enquête. « Les choses ne vont pas comme elles devraient au quartier général dâoccupation à Nuremberg », lui dit Hammond.
1 . USFET : United States Forces Eastern Theater (Forces américaines sur le front de lâEst).
2 . Counter Intelligence Corps : service de renseignements de lâarmée de terre des Ãtats-Unis, actif pendant la Seconde Guerre mondiale. (N.d.T.)
3
Les gars
de Camp Ritchie
19Â juillet 1945
A près cette dernière remarque sibylline, le lieutenant Horn sortit du bureau de Hammond, dossiers sous le bras, et se dirigea vers le pool automobile pour faire la connaissance de son chauffeur. Le soldat John Dollar, dix-huit ans, originaire de New York, avait moins dâexpérience du combat que la jeep cabossée quâil conduisait, mais il se révéla un conducteur habile, se vantant dâêtre le seul
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