Les reliques sacrées d'Hitler
dans le bureau de son père de son écriture fine, presque microscopique. Elle voulait quâil rentre. Sâil ne pouvait pas accéder à ses souhaits, elle ne lâattendrait pas. Elle avait engagé un avocat pour préparer les papiers. Il pouvait garder leur maison à peine plus grande quâun cottage sur la plage de Point Richmond, dominant la baie de San Francisco, mais qui lui appartenait plus quâà elle étant donné quâil avait acheté le petit terrain avant leur mariage. Dâailleurs, elle savait quâil aimait cette maison par-dessus tout â apparemment plus quâelle.
Horn avoua à Rosenthal quâil nâessaierait pas de la faire changer dâavis. Câétait la meilleure chose, pour tous les deux. Ils nâavaient pas dâenfants et, en dehors de la maison, ils ne possédaient rien dâautre que ses livres à lui et ses fournitures dâart à elle. Anne était jeune, intelligente et très désirable. Elle trouverait quelquâun dâautre, si ce nâétait pas déjà fait. Et lui aurait dâautres femmes. Câétait comme ça depuis son adolescence â tellement de femmes dâailleurs quâil ne se souvenait plus du nombre. Mais il aurait préféré mettre un terme à leur relation en étant sur place, mettre un timbre sur lâenveloppe en quelque sorte. Il avait déjà eu assez dâamours non partagées et de rêves avortés pour toute une vie. En amour, comme à la guerre, les choses ne se passaient jamais comme prévu.
Felix, qui connaissait déjà la majeure partie de lâhistoire, prit ces nouvelles sans sâinquiéter et conseilla à son collègue dâen faire autant.
Horn, voulant tâter le terrain, suggéra quâil pourrait rejoindre Rosenthal à Munich quand ils auraient terminé leur service. Maintenant que son mariage était rompu, rester en Allemagne était une perspective séduisante. Felix, qui envisageait de rester à Munich, aurait certainement besoin de son aide et de sa compagnie.
Contrairement à Horn, dont la famille proche était toujours en Allemagne, les parents de Rosenthal ainsi que ses frères et sÅurs â des Juifs de Munich â avaient fui le pays quand Hitler était arrivé au pouvoir. Ils avaient abandonné leur librairie de livres anciens et sâétaient installés en Italie avant dâaller en France, puis en Angleterre, et finalement à Berkeley. Leurs amis qui étaient restés nâavaient pas eu autant de chance. Ils avaient été envoyés à Dachau et, depuis, on nâavait plus eu de leurs nouvelles.
Lâancienne maison munichoise de la famille Rosenthal, vendue à une autre famille allemande, avait miraculeusement résisté aux bombardements. Elle était maintenant inoccupée dans un quartier de villas en ruines en face dâun parc public où Hitler avait tenu ses premiers rassemblements pour le jeune parti national-socialiste des travailleurs allemands. Le rêve de Felix, après avoir terminé son service, était de remettre la maison en état et de reprendre la librairie. On pouvait se procurer des manuscrits précieux reliés en cuir contre un morceau de margarine, et des bibliothèques entières de livres rares avec ce qui restait dans leur armoire. Comme Horn, il se sentait une responsabilité en tant quâAllemand et voulait aider à reconstruire sa patrie en ruines.
Ce soir-là , ils ne prirent aucune décision, ni de créer ensemble une affaire, ni même de rester dans le pays au-delà de leur service. Horn pourrait décider de retourner à Berkeley, et Rosenthal, sceptique sur la possibilité de vivre dans une ville où les propriétés des Juifs avaient été vendues aux enchères, pourrait décider de le rejoindre.
« Tout bien considéré, ce serait quand même une bonne chose de revoir un Rosenthal dans lâannuaire téléphonique de Munich », dit Horn à son ami.
Le chapitre du retour à la vie civile était clos. Une fois leur partie dâéchecs entamée â comme dâhabitude, Rosenthal attaquait dès le début â, leur discussion porta sur le mandat du lieutenant à Nuremberg. Horn ne pouvait pas croire quâune équipe de
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