Les reliques sacrées d'Hitler
plusieurs volontaires étaient entrés dans un de ces tunnels. Malgré le pilonnage sévère qui avait tout détruit au-dessus, ils trouvèrent le passage dégagé et bien éclairé. Lâair était pur et frais. De quelque part vers lâavant, provenaient le ronronnement de machines, le bruit dâun ventilateur et le crépitement dâune radio.
Il nây avait aucun ennemi en vue, rien que le long tunnel en pente descendante, comme le puits dâune mine, sâenfonçant de plus en plus profondément sous terre. Horn sâimaginait parfaitement la scène : le dos collé à la paroi rocheuse lisse, les hommes progressant lentement vers le bas, attentifs à ne pas déclencher de fils actionnant des pièges, prêts à tirer à la moindre alerte.
Low et ses hommes avaient parcouru une trentaine de mètres avant que le tunnel ne marque un palier. Ils étaient arrivés devant une porte sur la droite dâoù venaient manifestement les bruits de machines et de ventilateur. Ils lâavaient identifié correctement comme étant un local technique. àcôté se trouvaient des toilettes, un lavabo et une douche. Au-delà , le tunnel sâouvrait sur une salle plus grande tapissée de briques, qui donnait sur une pièce sans porte plus petite où jouait la radio, ainsi quâun long couloir avec des rangées de compartiments fermés à clé. Une carte sur le mur, écrite en allemand, renseignait sur le plan du site. àcôté se trouvait un fichier, semblable à ceux dâune bibliothèque.
Il nây eut aucun échange de coups de feu. En dépit des preuves dâune occupation récente â le crépitement de la radio, le ronronnement des générateurs diesel et lâair frais sortant des conduits de ventilation â, il nây avait aucun garde ni civil en vue. Au grand soulagement des hommes de la compagnie E, le complexe tout entier leur appartenait.
Dâaprès le rapport, Duval, accompagné par Peterson, était entré quelques minutes plus tard dans le tunnel. Une exploration du complexe avait révélé plusieurs passages latéraux, bloqués par des portes blindées fermées par des mécanismes à combinaison. Au bout du couloir principal se trouvait une porte encore plus importante, comme celle dâune chambre forte de banque. Elle aussi était hermétiquement fermée.
Peterson ne savait pas ce qui se trouvait à lâintérieur, ni pourquoi le complexe avait été déserté par les nazis, ni surtout pourquoi les services de renseignements de lâarmée avaient désigné le bunker comme étant un objectif militaire. Restait à espérer que la prise en vaille la peine. Comme il lâindiquerait en conclusion de son rapport, la compagnie E avait déploré plus de vingt victimes, morts ou blessés, au cours des quatre jours quâavait nécessités la conquête du site.
5
Le marteau de Thor
20Â juillet 1945
L es êtres humains ne sont pas les seules victimes des guerres. Aux cadavres, sâajoutent la profanation et parfois même la destruction totale de maisons, dâécoles, de bibliothèques, dâéglises, de musées, de parcs publics, de monuments, dâÅuvres dâart et dâarchitecture qui représentent lâhéritage culturel quâon se transmet dâune génération à lâautre. Dans le civil, le lieutenant Horn avait fait de ce paysage culturel son objet dâétude. Enfant, il avait joué dans les ruines dâun amphithéâtre romain et, jeune étudiant, il avait aidé à passer au crible les débris de la précédente guerre mondiale pour restaurer un sol de mosaïque dans la cour dâun cloître médiéval français. Soldat, il avait vu les beffrois incendiés en Belgique. Mais jamais auparavant, il nâavait ressenti une perte aussi viscérale que lors de lâaprès-midi du vendredi 20 juillet, quand la jeep avait franchi la crête boisée des monts de Franconie, et quâil avait vu ce qui restait de Nuremberg.
La ville â où de jeunes enfants avaient accueilli Hitler et son cortège de voitures avec des bouquets de fleurs alpines, où les Jeunesses hitlériennes aux
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