Les reliques sacrées d'Hitler
représentant les pères fondateurs de la ville et leurs métiers. Les nouvelles balises le long de la route, placées là pour les enfants, les femmes âgées et les ouvriers, celles quâon voyait partout en Allemagne depuis la fin de la guerre, étaient constituées de panneaux en bois recouverts de photos passées de personnes disparues, ainsi que de listes tapées à la machine de familles et dâamis à la recherche dâêtres chers.
Le vieux Nuremberg était parsemé de tas de gravats qui rendaient la plupart des rues impraticables. Malgré lâétat catastrophique de la ville, quelques éléments permettaient encore à Horn de retrouver ses marques. Les méandres de la Pegnitz séparaient la ville en deux moitiés égales. Au loin, au nord, se dressait le vieux château, le seul point de repère infaillible depuis les temps où les troubadours distrayaient nobles et gentes dames, quand les chasseurs tyroliens livraient du bÅuf destiné aux cuisines du château. La grande montagne de blocs de pierre qui formait lâancienne forteresse était restée pratiquement intacte, sauf en ce qui concernait ses toits à charpente de bois et ses flèches de conte de fées.
Ce matin-là , Horn ne sâaventura pas très loin à lâintérieur de la vieille ville. Son but était un large boulevard, juste à lâextérieur des murailles de la ville. Les combats y avaient été intenses, mais la plupart des grands bâtiments nâavaient pas été touchés. àlâextrémité ouest du boulevard qui décrivait une courbe, se trouvait la Fürther Strasse, avec son palais de justice et sa prison adjacente. Câest à cet endroit que se tiendraient les prochains procès pour crimes de guerre. àlâest, sur la Bahnof Strasse, là où se trouvaient lâimmeuble du parti nazi et le Deutscher Hof Hotel, où résidait Hitler lors de ses séjours en ville. Hermann Göring préférait la maison dâhôte du parti voisine, car elle avait lâair conditionné. àlâexception de la gare, masse enchevêtrée de poutres en acier fondues mêlées à des locomotives, ces immeubles, qui nâavaient toujours pas de fenêtres pour la plupart, avaient été récupérés pour les autorités dâoccupation.
Le soldat Dollar déposa Horn devant lâimmeuble du gouvernement bavarois, une structure basse en pierre rouge de Prusse, qui servait de quartier général dâoccupation au gouverneur Delbert Fuller, lâadministrateur en chef de la ville, nommé par les Ãtats-Unis. Malgré lâabsence de drapeaux et de police militaire, ils ne pouvaient pas se tromper dâadresse. Une queue de civils dâenviron cinq cents mètres sâétendait depuis la rue pavée jusquâà la porte dâentrée.
Horn crut dâabord quâun événement spécial avait lieu au quartier général des troupes dâoccupation. Peut-être était-ce le jour de distribution des carnets de tickets de rationnement, ou celui où les offres dâemploi étaient affichées. Un policier militaire à lâentrée le détrompa aussitôt. Les civils attendaient depuis des jours et des semaines pour quâon les aide à retrouver des membres de leur famille disparus ou arrêtés. Dâautres étaient à la recherche dâun endroit où habiter, de subsides pour se nourrir, ou voulaient simplement obtenir la permission de quitter la ville. Câétait, apprit Horn, leur occupation quotidienne. Tout en se frayant un chemin à travers la queue pour entrer dans lâimmeuble, Horn nâosa pas donner le moindre conseil ni montrer quâil parlait lâallemand, de peur de déclencher une émeute.
Comme le lui avait dit le commandant Hammond, et il pouvait maintenant le constater par lui-même, tout était loin dâêtre parfait au quartier général des troupes dâoccupation. Les civils de Nuremberg étaient venus au bon endroit pour faire part de leurs doléances et demander de lâaide, mais les bureaux étaient tous fermés â ceux du ministère du Développement économique du lieutenant Arthur Forbes comme ceux de la commission des affaires civiles du
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