Les reliques sacrées d'Hitler
quâelle resterait en permanence à Nuremberg et ne quitterait la ville que pour les besoins du couronnement. Il fut également décrété que les trésors seraient présentés une fois par an au public.
La cérémonie de présentation, connue sous le nom de Fête de la Sainte Lance, commencerait par un défilé triomphal jusquâà la place du marché, après quoi les trésors seraient posés sur une plateforme élevée au sommet dâun échafaudage. On commencerait par exposer les reliques liées à la naissance du Christ, ensuite les insignes impériaux â couronne, orbe et sceptre, ainsi que les glaives â et finalement la Passion ou les reliques de sang, avec, pour finir, la Sainte Lance, enfin dévoilée.
Nuremberg était le meilleur endroit pour mettre les trésors en sécurité. Pour plusieurs raisons, expliqua Horn. Dâabord, Nuremberg avait la caractéristique dâêtre une « ville impériale », indépendante de tout seigneur féodal ou vassal. En dâautres termes, son château était la propriété de lâempereur romain germanique, et la ville était gouvernée par des conseillers qui lui juraient directement fidélité. Câest à ce conseil municipal et à ses chevaliers Teutoniques, et non au clergé ni à une principauté de lâempire de moindre importance, que revenait la tâche de protéger et dâexposer les trésors.
Le fait dâêtre dépositaire du trésor avait contribué énormément au prestige de la ville, souligna Horn, lui donnant le statut de capitale officieuse de lâempire. En réalité, il nây avait aucune vraie capitale, lâempire nâétant quâune vague confédération de villes-Ãtats et dâautres territoires comme les comtés, les seigneuries, duchés, principautés, évêchés princiers, baronnies, margraviats, et landgraviats. Son empereur voyageait de ville en ville et était élu par une assemblée de ducs, évêques et autres nobles, connus sous le nom dâélecteurs.
Les pouvoirs mystiques supposés de la relique étaient aussi réels pour le peuple que pour le visiteur princier. Lors de ce qui fut considéré comme un des événements les plus extraordinaires survenus à Nuremberg, les habitants virent ce que les chroniqueurs du XVI e  siècle appelèrent un « spectacle effroyable » et une « apparition épouvantable ». Dans une vision de lâApocalypse digne de Nostradamus, ils virent le ciel au-dessus de Nuremberg se remplir dâétranges objets en forme de tonneaux qui volaient dans lâair et explosaient en boules de feu rouge, noir et orange. àla fin de ce que les prêtres appelèrent une « bataille céleste », les cieux sâéclaircirent et tout le monde put voir apparaître une image fantomatique de la lance de Longin.
Selon toute vraisemblance, ce quâils avaient vu était une pluie de météores. Mais lâesprit de la Renaissance incitait à considérer cette vision comme une manifestation divine, la prémonition dâun désastre. Et peut-être était-ce vrai, puisque, trois cent quatre-vingt-quatre ans plus tard, la ville fut rasée par les bombardements.
Le culte de la Sainte Lance ne se démentit pas et constitua un atout majeur pour Nuremberg pendant tout le déclin et la dissolution du Saint Empire. Même après la Réforme protestante et la guerre de Trente Ans, lorsque lâÃglise catholique romaine était assiégée partout en Allemagne, une autorité spirituelle aussi respectée que la mystique allemande Anne Catherine Emmerich donna sa bénédiction à la relique. Religieuse augustine célèbre pour ses capacités à étudier le passé lointain et prédire lâavenir, elle fut consultée par les notables de la ville qui lui demandèrent de vérifier si la lance était bien authentique et quâelle avait transpercé le corps du Christ.
Au grand étonnement du clergé et dâun éminent jury composé de conseillers réunis autour de la nonne vénérée, elle toucha la pointe de la lance, tomba en extase, et, au vu de tout le monde, un stigmate apparut miraculeusement
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