Les reliques sacrées d'Hitler
au bas du côté droit de sa poitrine, dâoù coulait du sang et de lâeau.
Des pèlerins venaient toujours de partout pour voir la Sainte Lance et autres joyaux de la Couronne. Isabelle dâEspagne envoya un émissaire à Nuremberg avec un morceau de mousseline pour le faire percer par la pointe de la lance afin quâelle puisse le garder sur son cÅur. Le comte Ferdinand dâAutriche fit tremper lâarme dans un tonnelet de vin, convaincu quâen buvant son contenu il recevrait le sang du Christ.
Le culte de Longin était encore florissant quand Napoléon Bonaparte entra en scène à la fin du XVIII e  siècle. Dernier des souverains aspirant à devenir un empereur romain germanique et le plus grand pilleur de tous les temps, Napoléon désirait les antiques symboles du pouvoir impérial pour renforcer le sien. De peur que le Corse, conquérant à tout-va, ne réclame la lance de Nuremberg et les autres insignes impériaux, le conseil de la ville voulut les cacher à Regensburg. La mission fut confiée à lâenvoyé impérial de Regensburg, le baron von Hugel, qui transféra finalement la collection à Vienne, promettant de la rendre à Nuremberg quand Napoléon aurait été vaincu.
La paix allait enfin revenir dans les premières années du XIX e  siècle, mais lâAllemagne était à présent divisée. Le baron von Hugel avait profité de la confusion légale entourant la propriété de ces objets et les avait vendus aux Habsbourg, la famille impériale qui avait régné sur lâAutriche pendant presque quatre cents ans. Le conseil municipal de Nuremberg avait exigé leur retour, mais les autorités autrichiennes avaient refusé. Le droit de propriété ainsi quâune force militaire bien supérieure lâavaient emporté sur les anciens décrets et les coutumes des rois-soldats, décédés depuis longtemps, qui les avaient donnés à Nuremberg.
Entre les mains des Autrichiens, la lance et autres joyaux de la Couronne étaient encore considérés comme de précieux trésors, mais plus comme par le passé. La lance nâétait plus un symbole sacré de conquête mondiale et de souveraineté divine. Soustraite à la vénération de ses fidèles à Nuremberg, et avec Bismarck, le chancelier du Reich, à Berlin, désireux de moderniser lâAllemagne, lâintérêt dâexplorer les mystères spirituels et les superstitions entourant la lance était désormais minime. La lance et les insignes impériaux furent transférés des coffres des Habsbourg au Kunsthistorisches Museum. Et ces trésors auraient pu rester enfouis là , en Autriche, à la Hofburg de Vienne, si un étudiant en art de vingt-trois ans, sans grand talent, mais avec beaucoup dâambition, ne leur avait prêté attention.
Thompson, Dollar et les officiers présents nâavaient pas besoin quâon leur dise le nom de lâétudiant. Adolf Hitler écrirait à propos de lâeffondrement du « II e Reich » de lâAllemagne et de ses années de formation à Vienne dans son Mein Kampf : « Là , pendant cette période, prirent forme en moi une vision du monde et une philosophie qui constituèrent les fondations en granit de mes actes. Les antiques insignes de gloire impériale conservés à Vienne semblèrent exercer sur moi leur magie dâautrefois. »
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Himmler
et ses intellectuels
22Â juillet 1945
T ôt le lendemain matin, Horn pénétra dans le Musée national germanique pour rendre visite à Günter Troche. Trouver son ami sâavéra plus facile quâil ne lâavait cru. Lâancienne chartreuse et le cloître qui hébergeaient le musée nâétaient plus quâune coquille noircie par le feu dans le sud de Nuremberg, mais les activités continuaient comme dâhabitude dans son entrepôt, situé dans une ancienne caserne de pompiers au coin de la rue.
Troche, trente-six ans, était debout au milieu de la rue, en train de diriger plusieurs camions qui attendaient de se positionner face au quai de chargement. Il était plus maigre que lors de leur dernière rencontre à Berlin, huit ans auparavant, et ses cheveux noirs,
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