Les reliques sacrées d'Hitler
à Berkeley à lâuniversité de Californie, et jâai une maison juste au-dessus du pont du Golden Gate de San Francisco. »
Tout nâavait pas été aussi facile pour Horn aux Ãtats-Unis quâil avait bien voulu le dire à son ancien condisciple. Il était arrivé à New York avec six dollars en poche, lâadresse dâun collègue à Greenwich Village et un carnet dâadresses avec une liste de personnes rencontrées à la villa Berenson.
La première année, il avait survécu en travaillant comme conférencier invité en histoire de lâart, ce qui nâétait pas particulièrement facile, lâanglais nâétant pas sa langue maternelle. Ses revenus étaient si maigres quâil lui arrivait de sortir dâune salle de conférence dâune ville avec juste de quoi prendre le train pour aller à la prochaine université ou au musée où il devait parler. Un jour, après avoir fait un exposé au musée dâart de Cleveland, il était rentré à New York en stop avec une femme qui subventionnait des musées et sa compagne. Ils sâétaient arrêtés en route pour déjeuner dans une grande demeure à Hyde Park. Horn avait passé un après-midi tout à fait agréable à bavarder avec ses hôtesses, avant de réaliser après son départ quâil avait déjeuné avec Eleanor Roosevelt, la première dame des Ãtats-Unis et son amie Brooke Astor, une des femmes les plus riches du monde.
Horn lui raconta dâautres aventures, comme sa rencontre avec un cow-boy au cours dâune traversée de lâArizona en train, alors quâil était en route pour donner une conférence à Berkeley, à lâuniversité de Californie. Le cow-boy nâétait pas monté dans le train à une gare. Il était arrivé au galop sur son cheval le long du wagon et avait sauté à bord.
La conférence à Berkeley sâétait déroulée particulièrement bien et Horn sâétait vu ensuite proposer un poste à plein temps pour créer le premier programme dâhistoire de lâart. Câest alors quâil avait acheté la maison à Point Richmond, avait épousé Anne Binkley et était devenu citoyen américain.
Il nâavait jamais oublié sa première réunion de faculté, car câétait la première expérience réellement démocratique de sa vie. Dans le milieu universitaire allemand, comme dans beaucoup dâautres domaines de la société allemande, les décisions venaient toujours dâen haut. Si on nâobtempérait pas, on était mis à lâindex. Comme Horn le décrirait plus tard dans ses mémoires oraux : « Ã Berkeley, on prenait des décisions ensemble. Hommes et femmes discutaient librement, sans crainte dâexprimer leur désaccord. Je suis tombé amoureux de lâAmérique ce jour-là , et depuis je nâai plus jamais regardé en arrière. »
Horn avait minimisé certaines difficultés pour sâaccoutumer à la vie en Amérique : réussir à faire une conférence cohérente et captivante dans une langue étrangère nâétait pas le seul défi, Anne Binkley en était un autre. Mais il nâavait rien dit de lâinquiétude quâil éprouvait pour ses amis et sa famille en Allemagne. Il recevait sporadiquement des lettres, mais aucune de Gretl.
Puis survint la guerre en Europe. Horn avait vécu la précédente en tant quâadolescent et il connaissait la faim et les privations qui avaient suivi. Ses parents, incapables de le nourrir, lâavaient envoyé dans une communauté fermière en Suède, dirigée par des confrères luthériens. Son oncle bien-aimé, qui avait été pour lui un deuxième père, était mort de façon horrible à la suite dâune blessure par balle qui sâétait infectée, et dâautres membres de sa famille avaient été estropiés. Et voilà quâune nouvelle guerre mondiale commençait. Pire encore, non seulement sa famille refusait de quitter lâAllemagne, mais son frère, Rudolf, et son beau-frère, Erich, professeurs dans des universités prestigieuses, sâétaient engagés
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