Les reliques sacrées d'Hitler
dans le parti nazi et Åuvraient pour inciter leurs jeunes étudiants influençables à répondre aux appels du Führer pour prendre les armes.
LâAmérique tardait à se joindre à lâeffort de guerre. Quand elle le fit, Horn répondit aussitôt à lâappel.
Les services de renseignements étaient hors de question. Récemment arrivé aux Ãtats-Unis, et propriétaire dâune maison située sur un promontoire en front de mer qui pouvait être utilisée pour transmettre des signaux à des navires ennemis, il fut placé sur une liste noire dâagents allemands potentiels. Pour prouver sa fidélité à sa patrie dâadoption et en dépit du risque de se retrouver face à dâanciens amis au combat, il sâengagea alors dans lâinfanterie.
Horn avait suivi une formation de tireur à Camp Roberts dans la vallée de Salinas en Californie. Juste au moment de lâembarquement, il avait contracté une infection des sinus. Sa condition médicale devait être sa planche de salut, bien quâà lâépoque seule sa femme ait été de cet avis. Resté à la caserne, en attendant de rejoindre sa compagnie, il avait été affecté au lavage des fenêtres pendant six semaines. Au grand étonnement de son officier commandant qui prétendait nâavoir jamais vu quelquâun laver des vitres avec tant dâenthousiasme. Suivant une logique typiquement militaire, il avait recommandé Horn pour la formation des officiers à Fort Benning. De là , il avait rejoint Camp Ritchie dans le Maryland, où il avait rencontré Felix Rosenthal, qui le rejoignit ensuite en Angleterre, puis en Allemagne. La rencontre fortuite de Horn avec Mason Hammond à Londres, puis son interrogatoire du soldat Hüber lâavaient finalement conduit jusquâà Nuremberg.
On pouvait comprendre que les deux hommes, réunis après tant dâannées, aient pu imaginer à quel point les choses auraient été différentes si Horn était resté en Allemagne. Comme Troche le lui fit remarquer, il aurait fait un candidat parfait pour un poste de dirigeant dans le III e Reich. Les nazis auraient déroulé le tapis rouge pour ce lanceur de javelot, spécialiste de lâhistoire de lâart allemand et originaire dâune famille allemande depuis cinq générations.
Troche avait probablement raison. Hormis lâathlétisme, avec ses diplômes de lâuniversité de Heidelberg et ses études pangermaniques à Berlin, Munich et Hambourg, Horn aurait rapidement gravi les échelons de la hiérarchie nazie. Mais il nâaurait pas pu se regarder dans un miroir.
Troche ne donna pas beaucoup de détails sur son propre itinéraire après leur dernière rencontre à Berlin, mais il en dit assez pour que Horn comprenne à quel point il regrettait de nâavoir pas suivi le conseil de Panofsky.
Sa justification pour ne pas avoir quitté lâAllemagne, câétait de penser quâà Berlin il parviendrait à faire sortir son amant de Dachau. Mais il nâen fut rien. Il avait trop peur pour se joindre aux amis de Jan qui sâexprimaient publiquement contre la tyrannie nazie. Ceux qui protestaient se retrouvaient obligés de porter le triangle rose à lâenvers cousu sur les uniformes des détenus de Dachau qui, entretemps, était devenu un camp de concentration. Peu après, le crématorium avait été installé.
Les nazis enfermèrent des centaines, peut-être même des milliers, dâhomosexuels dans les camps. Les amis de Troche qui nâavaient pas été arrêtés faisaient semblant de ne pas le reconnaître dans la rue. Lui aussi faisait profil bas. Il avait continué son travail dans les archives du Musée national et sâétait efforcé dâéchapper à lâarmée. Ãtrangement, et sans quâil puisse expliquer pourquoi, il avait commencé à croire au tableau décrit par Hitler du « nouvel ordre mondial », même sâil nây avait pas sa place. Il jouait un rôle, prétendant être hétérosexuel et mépriser les Juifs, alors quâil était homosexuel et quâil avait été lâamant de plusieurs Juifs.
Pour garder son travail à Berlin, il avait
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