Les reliques sacrées d'Hitler
dû sâinscrire au parti nazi et se conformer ensuite à ses règles. Des enfants sâinscrivaient aux Jeunesses hitlériennes. Des hommes capables et désireux dâagir sâengageaient dans lâarmée, la marine ou lâaviation. Des conservateurs de musée et des intellectuels rejoignirent les rangs de la Deutsches Ahnenerbe, un institut de recherche de pointe nazi quâHimmler et quelques-uns de ses comparses avaient fondé.
Horn nâavait jamais entendu parler de lâorganisation Ahnenerbe ni lu quoi que ce soit dans la presse étrangère, sinon une allusion ou deux dans les rapports de renseignements du G-2, mais probablement fondées sur des choses que son frère Rudolf et son beau-frère Erich lui avaient dites avant la guerre. Il sâagissait du même groupe dâintellectuels nazis qui surveillaient les programmes dans les universités et finançaient lâenvoi de chercheurs universitaires à lâétranger.
Troche confirma à Horn quâil sâagissait bien de cela, mais que ce nâétait pas tout. La Deutsches Ahnenerbe Forschungs und Lehrgemeinschaft, ou Société pour la recherche et lâenseignement sur lâhéritage ancestral allemand, était un institut de recherche nazi créé par Himmler et chargé de retrouver les réalisations des ancêtres prétendument aryens de lâAllemagne, dans le but de les communiquer au public à travers lâéducation de la jeunesse. Il publiait également des magazines, des articles et des livres, finançait des expositions et assurait la conduite de recherches scientifiques. Câétait particulièrement séduisant pour des érudits et des intellectuels voulant éviter lâarmée, le travail de cet institut étant considéré comme essentiel pour la guerre. Les membres haut gradés disposaient dâuniformes SS spécialement créés pour eux et possédaient leurs propres chevalières et leurs dagues de cérémonie.
Troche sâétait impliqué dans les activités de lâAhnenerbe pendant quâil était au musée de Berlin. Au début, il avait aidé à collecter des données pour la recherche, mais, au fur et à mesure de son engagement, il avait assisté à des conférences au quartier général de lâAhnenerbe dans un grand hôtel particulier à Dahlem, un des quartiers les plus huppés de Berlin. La conférence qui avait impressionné le plus Troche avait été celle du docteur Otto Rahn, lâéminent médiéviste de Berlin et, toujours selon Troche, une des figures de la communauté homosexuelle clandestine de la ville, qui aurait pu servir dâexemple à Troche.
Horn se souvenait de lâexposé de Rahn sur Guyot de Provins, un noble, chevalier et poète, dont les écrits sur le Saint-Graal auraient inspiré Wolfram von Eschenbach pour écrire Parzival , le poème épique évoquant la « lance saignante ». Rahn cultivait lâidée singulière que sa recherche le conduirait vers lâendroit où étaient cachés les légendaires trésors du Temple de Salomon, dont le calice du Graal et lâarche dâAlliance.
Quand Troche avait assisté à la conférence de Rahn, il ignorait que celui-ci était déjà devenu un nazi important occupant un rang élevé dans la SS. Il ne savait pas non plus que le quartier général tentaculaire de lâAhnenerbe, avec ses grandes haies et son portail en fer forgé, avait été acheté « à bon compte » à une famille juive contrainte de fuir le pays. Impressionné par sa vaste bibliothèque, ses laboratoires bien équipés et ses archives, Troche avait aussi découvert avec plaisir quâil était dâun grand soutien à Rahn dans sa quête du Saint-Graal.
« Aucun rêve nâest trop grand ni hors de portée des nazis », avait dit Rahn à son auditoire.
Troche avait été conquis. àce moment-là â juste avant lâinvasion de la Pologne â, lâAhnenerbe comptait plus de cent spécialistes et scientifiques parmi son personnel et presque le double de cinéastes, photographes, artistes, techniciens de laboratoire, comptables et secrétaires. Plusieurs milliers dâautres
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