Les reliques sacrées d'Hitler
retrouvèrent pris en étau entre deux armées. Hitler les avait laissé se faire massacrer par les Soviétiques.
Lâhistoire du funeste aéroport de Breslau, unique possibilité de fuite de la population allemande, était un exemple typique de la façon dont les nazis sâétaient révélés sous leur vrai jour à leur propre peuple. Au moins un millier de maisons allemandes avaient été démolies et dix mille civils allemands et polonais tués pour construire une piste dâaviation qui ne servit quâà un seul avion. Aucun civil allemand nâavait pu prendre place à bord. Cet avion était réservé aux officiers SS de la ville.
Troche nâavait pas eu à assister à la destruction finale de Breslau. Il avait été transféré au Musée germanique à Nuremberg comme conservateur adjoint. Il nâétait pas au courant des décisions prises par lâétat-major du Reich, mais il était témoin de suffisamment dâactivités au musée pour se rendre compte que le plus haut gradé de lâAhnenerbe, Heinrich Himmler, avait des projets grandioses pour Nuremberg. Parmi les trésors rapportés à Nuremberg de Pologne par ses collègues de lâAhnenerbe, se trouvait le retable de Veit Stoss, déménagé de Cracovie, qui devait rejoindre les joyaux de la Couronne, déjà pris à lâAutriche.
« Cela faisait partie du plan directeur », dit Troche.
Horn connaissait lâexpression « plan directeur ». Les officiers des renseignements y faisaient référence quand ils commentaient la stratégie dâHitler pour écraser la Pologne et envahir la France et lâAngleterre, et son ambition dâexterminer la race juive. Horn ne lâavait pas encore entendue appliquée aux trésors du Saint Empire.
àentendre Troche, ces trésors, ainsi que les anciennes traditions pangermaniques, les rituels et les mystérieuses croyances religieuses des rois-soldats jadis détenteurs de ces trésors, dépassaient le simple pillage pour la prétendue race supérieure. Entre les mains dâAdolf Hitler et de son principal homme de main, Heinrich Himmler, la Sainte Lance et les joyaux de la Couronne constituaient une arme dâun pouvoir inouï que les nazis avaient utilisée pour légitimer le « Reich millénaire » du Führer. Hitler sâétait servi de ces trésors pour transformer Nuremberg et lâensemble de lâAllemagne.
Malgré la conférence de trois heures quâil avait donnée à lâhôtel sur la vénération des cultes, Horn fut perturbé par les propos de Troche. Il aurait parfaitement pu ignorer ce que le curateur avait encore à lui dire, si Troche nâavait pas apporté des preuves incontestables.
En plus des nombreux livres et dossiers sur les joyaux de la Couronne quâil avait pu récupérer dans les archives du musée, Troche avait une carte quâil déroula sur le sol pavé du cloître. àla différence de la carte de la Première Guerre mondiale que Thompson avait reçue, celle-ci, revue par les nazis, montrait le camp des prisonniers et le champ de parade. Elle détaillait également les améliorations et les rénovations en cours à travers la ville. Lâarchitecte et urbaniste nazi Albert Speer, le chouchou dâHitler, avait décidément été très occupé à planifier lâavenir.
Troche prit son crayon gras de conservateur et esquissa les améliorations nazies au fur et à mesure quâelles se succédaient sur le champ de parade. Le dessin produit était évident. Il avait une forme de lance ou, plus précisément, de la Sainte Lance. Et sa pointe était dirigée droit vers la vieille ville, vers lâallée du Forgeron.
9
Jésus lâAryen
22Â juillet 1945
C omme sur la planchette de lâOuija, la pointe de la lance dessinée au crayon gras était indéniablement dirigée vers lâallée du Forgeron. Mais ce nâétait pas sur la cave à bière rénovée que Troche attira lâattention de Horn. Les cartographes nazis avaient omis le bunker secret et sa chambre forte. La pointe de la boussole indiquait juste le milieu des bâtiments dans le complexe du château,
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