Les reliques sacrées d'Hitler
étaient ensuite amenés un par un dans le bureau de Thompson pour être interrogés, ce qui pouvait durer entre quelques minutes et une heure.
Aucun des interlocuteurs de Horn en ce premier jour des entretiens ne reconnut savoir quoi que ce soit sur la disparition des joyaux de la Couronne du bunker. Mais Horn nâen perdait pas son temps pour autant : presque toutes les personnes avec qui il sâétait entretenu avaient confirmé les dires de Troche concernant les choix du maire pour faire marcher le complexe de lâallée du Forgeron. Le nom de Julius Lincke figurait sur les plans fournis aux entrepreneurs. Le bureau de Heinz Schmeissner se chargeait de lâaspect légal, Konrad Fries fournissait lâargent et signait les bons de réquisition, et Albert Dreykorn sâoccupait des affaires courantes.
Le nom que Horn sâattendait à entendre â Heinrich Himmler â ne fut pas mentionné tout de suite à propos de la construction ou de la gestion du bunker. Ou bien le bunker nâétait pas techniquement sous sa supervision, comme le soldat Hüber et Troche lâavaient affirmé, ou bien les informateurs interrogés par Horn le premier jour nâétaient pas au courant des discussions au plus haut niveau. Chose également décevante pour Horn, ces travailleurs semblaient complètement ignorer lâexistence dâun ordre secret de chevaliers des temps modernes. Les travailleurs considéraient le bunker comme un complexe appartenant à la ville et géré par elle, mais secret et placé sous la responsabilité directe de Liebel.
De même, aucun de ceux à qui Horn avait parlé ce premier jour ne savait que le site choisi pour le bunker dans lâallée du Forgeron lâavait été pour des raisons mystiques ou ésotériques. Si un quelconque débat avait eu lieu à ce propos, il sâétait tenu portes closes dans le bureau de Liebel à la mairie, dans ceux dâHimmler à Berlin, ou dans son château de Wewelsburg encore plus isolé. Les informateurs avaient confirmé que lâancienne cave à bière avait été longtemps la propriété de la ville et que, avant sa rénovation pour en faire un complexe de haute sécurité destiné à entreposer des Åuvres dâart de la ville, câétait un site parmi dâautres, servant à stocker du matériel, des éléments dâéclairage et des étais pour les congrès annuels du parti nazi.
La rénovation de lâancienne cave à bière sâétait déroulée en grand secret à partir de septembre 1939 pendant une période de six mois, juste avant le début de la guerre avec la Pologne. Cette date avait été confirmée par lâinformateur Paul Müller, un entrepreneur qui livrait du ciment et de lâacier au site, et par Friedrich Lammerman, qui avait réquisitionné des matériaux de construction initialement destinés au champ de parade du parti nazi. Outre les unités de ventilation, de chauffage et dâaération, câest la chambre forte de banque qui avait constitué la dépense la plus importante ; elle avait été fabriquée à Nuremberg par la Société Carl Hermann, lâentreprise qui avait aussi fourni les serrures et les portes blindées, capables de résister aux chocs, des salles de stockage.
Comme le souligna un agent maritime, la dissolution de la Société Carl Hermann allait rendre difficile de connaître les détails du règlement des factures, ou, plus exactement, de savoir qui les payait. Le plus remarquable, en tout cas, était le moment présumé où les paiements avaient commencé. Selon plusieurs informateurs, la Société Carl Hermann livrait déjà des marchandises haut de gamme au complexe de lâallée du Forgeron bien avant que des fonds aient été alloués par la ville pour construire des abris antiaériens ou toute autre installation concernant la défense de la ville.
Les employés municipaux Luis Hirsch et Grete Weigel ignoraient les relations financières existantes entre la Société Carl Hermann et le maire, mais ils étaient certains que les fonds qui passaient entre leurs mains venaient directement des ressources attribuées à Liebel pour le champ
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