Les reliques sacrées d'Hitler
avaient travaillé à la construction et à la livraison de ce qui se trouvait dans les salles de stockage du bunker.
Horn nâaurait pas à puiser dans sa cantine de biens acquis au marché noir pour obtenir leur collaboration. Il avait à sa disposition un outil bien plus puissant : la capacité de faire des recommandations à la commission de révision pour lâemploi au sein de lâoccupation militaire. Il détenait à la fois la carotte et le bâton. Tous les citoyens allemands adultes devaient soumettre un Fragenbogen , questionnaire conçu par les douanes américaines, qui passait en revue leurs précédentes affiliations nazies. Comme à peu près chaque citoyen de Nuremberg avait été un membre du parti, ou avait une quelconque affiliation nazie répréhensible, et ne pouvait donc pas, techniquement, être embauché, la seule façon pour un particulier dâobtenir légalement du travail était de faire appel de son cas auprès de la commission de révision, qui pouvait tenir compte de circonstances atténuantes pour lâembauche dâun candidat. Lâintervention dâun officier occupant, comme le capitaine Thompson, pouvait faire la différence entre travail et famine.
Trouver des informateurs potentiels ne serait pas difficile. Troche nâavait quâà faire passer le mot parmi les employés du musée et leurs amis que toute personne disposée à parler avec des enquêteurs verrait sa candidature pour un emploi favorablement considérée. Le plus difficile, aux yeux de Horn, serait de persuader Thompson de lâaider.
Dans la brève discussion qui sâensuivit avec Thompson, Horn nâinforma pas le capitaine que les interrogatoires quâil voulait mener étaient un prélude à celui de Dreykorn, de Fries et de Schmeissner. Pas plus quâil ne fit allusion à une prétendue confrérie teutonique de néonazis clandestins susceptibles dâinfiltrer lâadministration civile de la ville. Il préféra insister auprès de Thompson en lui faisant part de son désir de vérifier, comme lâavait dit lui-même le capitaine, que les nazis avaient déménagé les trésors avant que lâarmée américaine envahisse la ville. Selon toute vraisemblance, il compléterait quelques détails et serait de retour à Francfort avec un rapport confirmant les rumeurs que le capitaine avait déjà portées à lâattention du commandant Hammond.
Thompson accéda aux demandes de Horn sans grande discussion. Peut-être lâexposé de lâhôtel avait-il tempéré lâhostilité initiale du capitaine envers lui, ou bien Thompson était-il simplement impatient de se débarrasser du lieutenant. Horn nâen savait rien. Le capitaine donna son plein accord au lieutenant pour passer quelques jours à interroger le petit personnel du bunker. Il consentit également à intervenir auprès de la commission de révision pour lâemploi dans lâintérêt des informateurs ayant contribué à lâenquête et proposa à Horn dâutiliser son bureau au quartier général dâoccupation.
Avec lâaide de Troche, Horn se mit aussitôt à lâÅuvre. Le 25 juillet, le cinquième jour de son enquête, vingt et une personnes lui dirent ce quâelles savaient du bunker. Parmi ces hommes âgés de vingt à cinquante ans, on trouvait deux anciens entrepreneurs en bâtiment, un ingénieur civil, un inspecteur chargé des structures et de lâélectricité, un préposé à la défense passive et un employé administratif du département dâurbanisation de la ville. Ils portaient tous des vêtements sales et déchirés et nâavaient connu que la misère depuis lâoccupation. Mais, surtout, ils voulaient trouver du travail dans leur spécialité.
La plupart étaient venus en personne au quartier général des forces dâoccupation, mais certains, ne voulant pas être vus en train de parler directement aux enquêteurs, sâétaient arrangés pour rencontrer Horn en privé au Grand Hôtel. Le soldat Dollar, assis avec Troche à une table devant les bureaux de la MFAA, opérait les premiers tris. Les informateurs
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