Les reliques sacrées d'Hitler
dâentre eux sont salariés des autorités dâoccupation américaines. »
12
Lâennemi aux portes
23-25Â juillet 1945
S i ce que Troche décrivait était vrai, Hitler sâétait servi du trésor du Saint Empire pour légitimer son règne. Il avait installé les symboles vénérés de lâautorité du Reich dans la capitale ancestrale de sa nation, transformée en un vaste lieu de pèlerinage. Et comme les rois-soldats qui lâavaient précédé, Hitler avait à sa disposition une confrérie de chevaliers Teutoniques dédiés à la protection et à la conservation du trésor sacré de son royaume contre les armées dâinvasion. Cela sâétait passé dans les temps anciens, câest ce qui se passait sous le III e Reich.
Horn ne remettait pas fondamentalement en cause les propos de son ancien condisciple. Hitler aurait très bien pu croire quâil appartenait à une longue lignée de dirigeants consacrés. La possession des joyaux de la Couronne aurait bien pu être, à ses yeux, le moyen de justifier son désir de conquête du monde occidental. Cela pouvait aussi expliquer pourquoi Hitler se croyait autorisé à commettre les atrocités dont ses partisans allaient bientôt répondre devant les juges. Le pouvoir nâavait plus de limites quand un seul homme était persuadé de détenir son autorité de Dieu. Mais Horn, à ce stade de son enquête, ne voulait pas prendre cet élément en considération. Il devait résoudre un mystère. Et si chaque réponse induisait de nouvelles questions, lâobligeant à évaluer le rôle que le corps des érudits soldats dâHimmler avait joué dans lâémergence dâun éventuel dictateur du monde entier, Horn avait au moins une idée sur lâidentité des voleurs de trésors. La prochaine étape était de retrouver les membres de cette « fraternité teutonique » ou, à défaut, leurs fantassins.
Deux des trois noms en haut de la liste de Troche des présumés conspirateurs avaient déjà retenu lâattention de Horn, qui les avait notés. Heinz Schmeissner et le docteur Konrad Fries, conseillers municipaux sous Liebel, occupaient actuellement les mêmes fonctions pour les forces dâoccupation et faisaient partie du comité historique de la MFAA du capitaine Thompson. Le troisième suspect sur la liste de Troche, lâancien conseiller municipal Julius Lincke, serait plus difficile à trouver. Il avait disparu juste avant lâinvasion de la ville et nâavait pas réapparu depuis. Il pouvait être caché, prisonnier dans un camp de travail ou bien, comme le pensaient Dreykorn et Thompson, faire partie des morts anonymes de Nuremberg.
Pourtant, Horn ne voulait pas commencer par eux. Même sâil parvenait à retrouver Lincke, obtenir des réponses honnêtes de sa part ou des autres pourrait sâavérer difficile. Ils ne se montreraient certainement pas enclins à avouer leur complicité dans un vol qui risquerait de les mener en prison, mais on pouvait compter sur eux pour dissimuler soigneusement leur rôle dans la conspiration. Mieux valait, pensait Horn, les interroger avec Albert Dreykorn, lâancien secrétaire du maire, dès quâil aurait les bonnes questions à poser. Il devait dâabord se familiariser avec les détails de la construction du bunker et de son fonctionnement pour établir une chronologie des événements susceptible de déterminer la date à laquelle les joyaux de la Couronne avaient été sortis de la chambre forte.
Interroger le soldat Hüber, quâil nâavait pas revu depuis Camp Namur, nâétait pas envisageable, compte tenu des centaines de milliers de prisonniers parqués dans les camps de travail à travers la Belgique, la France et lâAngleterre. Retrouver sa famille, pour autant quâelle nâait pas péri dans lâeffondrement des bâtiments médiévaux dans lâallée du Forgeron, serait aussi difficile que de mettre la main sur Julius Lincke. Grâce à Troche, Horn pourrait obtenir des renseignements plus consistants auprès des principaux employés du musée, ingénieurs civils, maçons, secrétaires et différents ouvriers qui
Weitere Kostenlose Bücher