Les reliques sacrées d'Hitler
de parade. Dâaprès eux, ces fonds étaient fournis par le Bureau II du RSHA, lâOffice central de la sécurité du Reich, mais contrôlés par le maire Liebel et son conseil municipal. Ernst Kaltenbrunner, lâadjoint dâHimmler, était celui qui fournissait techniquement les fonds, mais Hirsch et Weigel ne savaient pas si le Reichsführer-SS lui-même était au courant de la façon dont les fonds étaient dépensés. Tout était traité par le bureau de Liebel.
Un troisième détail concernant la construction du bunker était également important à noter. Dâaprès Harold Claub, un dessinateur industriel, et Wilhelm Schwemmer, un gardien, la conception originale du bunker ne prévoyait que trois salles de stockage â deux de trois mètres sur quatre, plus la chambre forte â en plus des locaux techniques, la ventilation et les quartiers des gardiens. On pouvait en déduire que le complexe nâavait pas été prévu initialement pour entreposer lâénorme collection dâobjets précieux appartenant à la ville quâon y plaça finalement. Le bunker avait été agrandi sur une période de deux ans pour devenir un complexe à tout faire de sept salles.
Le fait de savoir cela nâavait peut-être aucune importance pour lâenquête de Horn, mais cela indiquait tout de même que le bunker avait probablement été conçu dâabord pour installer la chambre forte destinée aux joyaux de la Couronne et au retable de Cracovie, et quâil avait été agrandi plus tard, à la suite des bombardements. Personne ne savait précisément qui avait pris la décision, mais tout le monde sâaccordait pour désigner Liebel et les directeurs du Musée germanique, Heinrich Kohlhaussen et Eberhard Lutze.
Le transfert des trésors du Saint Empire romain germanique de la banque Kohn au bunker avait eu lieu le 23 février 1940, un an et demi après leur arrivée en Allemagne. Des porteurs du musée avaient été dépêchés pour déménager nuitamment vingt caisses depuis la banque jusquâà lâabri nouvellement construit de lâallée du Forgeron. Dâaprès un porteur du musée, Liebel était présent avec une compagnie de gardes SS. Le seul indice nouveau que Horn avait pu soutirer de ses interlocuteurs était que les hommes dâHimmler avaient pris part aussi bien à la création du complexe quâà sa sécurité ultérieure.
Les envois dâÅuvres dâart en provenance du Musée germanique et lâextension de la zone de stockage pour les accueillir nâavaient jamais cessé. Les dates fournies par le personnel correspondaient aux entrées dans le fichier et elles pouvaient être reliées aux raids aériens qui étaient devenus la réalité quotidienne de la vie à Nuremberg. Comme les événements de Pearl Harbor pour les Américains, les dates et les conséquences des raids étaient profondément gravées dans lâesprit de tous ceux que Horn interrogeait.
La mention de ces raids aériens provoquait toujours une forte réaction. Le général Arthur Harris de la RAF, connu par les habitants comme Harris le Boucher, était le plus détesté des commandants alliés en raison de sa décision de bombarder la population civile pour écraser la résistance allemande. Cela ne surprit guère Horn : presque tous ceux avec qui il eut lâoccasion de sâentretenir avaient perdu un membre de leur famille, leur maison et leur gagne-pain à la suite des raids menés par Harris et, plus tard, par les Américains. Les deux tiers dâune métropole de presquâun demi-million dâhabitants avaient été détruits avant même quâelle soit occupée.
Conséquence directe dâun certain raid aérien, le 13 octobre 1944, le nom dâHimmler avait enfin surgi à propos du bunker. Huit bombardements majeurs avaient déjà pris Nuremberg pour cible et la construction de quatorze abris en surface et huit souterrains avait été achevée. Toute la ville avait également été entourée de canons antiaériens qui pourraient éventuellement être repositionnés pour tirer sur les forces
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