Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
Vom Netzwerk:
il entra dans une petite maison de la calle de los Moriscos
afin d’annoncer qu’il avait trouvé une épouse pour un bon cardeur de Mérida,
métier très recherché à Cordoue au sein de la corporation des tisserands.
    Mais tous les sans-papiers n’étaient pas cardeurs, ni toutes
les Mauresques cordouanes disposées à convoler en mariage, et la majorité des
immigrants finissait en prison. C’était là qu’Hernando devait agir avec la plus
grande prudence.
    La prison royale n’était qu’un commerce géré par un
gouverneur nommé à cet effet. L’unique préoccupation des autorités était de la
pourvoir d’un local où reclure les prisonniers, avec les fers et les chaînes
qui leur correspondaient. Les détenus devaient acheter leur nourriture ou la
faire venir de l’extérieur, après avoir payé le gouverneur dans l’un ou l’autre
cas ; le lit était loué en fonction des barèmes qu’avait fixés le roi
devant les abus commis. Les prix variaient selon qu’une, deux ou trois
personnes dormaient dans le même lit. Ceux qui pouvaient, payaient. Les pauvres
et les indigents vivaient en prison de la charité publique, mais cette charité
parvenait difficilement aux nouveaux-chrétiens sacrilèges qui avaient commis
tant d’atrocités pendant le soulèvement.
    Hernando avait pour mission de déterminer d’une part le
moment opportun, en fonction des disponibilités de la prison, pour qu’un Maure
soit arrêté ; d’autre part de s’assurer que le gouverneur recevait bien
l’argent correspondant et que la communauté fournissait à manger aux détenus
qui se trouvaient emprisonnés. Il avait continué ses expéditions nocturnes dans
le quartier del Potro, désormais non plus en quête d’argent mais
d’informations. Quand tel magistrat avait-il prévu de venir inspecter les
maisons des Maures figurant sur sa liste ? Quelles nouvelles émanaient de
la prison ? Quel alguazil était le plus susceptible d’arrêter un Maure, et
où ? Qui disposait d’esclaves maures et combien lui avaient-ils
coûté ? Combien de temps mettrait le conseil municipal à accorder la
citoyenneté à telle ou telle personne ? Toute information était bonne et,
s’il le pouvait, Hernando utilisait un peu d’argent que lui confiaient les
anciens de la communauté pour fléchir une volonté ou pour qu’un domestique qui
buvait du vin dans une auberge lui dise le nom et l’origine de l’esclave, homme
ou femme, qui vivait dans sa maison. Libérer les esclaves capturés pendant la
guerre des Alpujarras était devenu l’objectif principal de la communauté.
Cependant, les chrétiens qui avaient acheté ces hommes ou ces femmes à bas
prix, à plus bas prix que s’ils avaient été noirs, mulâtres ou blancs de toute
origine, spéculaient sur l’intérêt des Maures pour leurs coreligionnaires et
augmentaient démesurément le coût du rachat. Ainsi, tout Cordouan qui possédait
des esclaves maures s’était transformé en marchand, à petite échelle,
s’employant à tirer surtout profit des hommes. Les femmes en effet étaient
rarement mises en vente, puisque que les enfants d’esclaves héritaient de la
condition de leurs mères. Engrosser une Mauresque laissait espérer alors un bon
bénéfice, mais dans un délai relativement court.
    Hernando avait hésité à poursuivre ses voyages sur La
Vierge Fatiguée. Juan insistait pour qu’il continue à travailler
avec lui. Quel mal y avait-il à obtenir de l’argent propre et facile ?
« Celui qui m’accompagne en ce moment, s’était-il plaint avec un clin
d’œil complice, refuse d’entendre parler des femmes du bordel arabe. » Il
lui avait même proposé de gagner plus, mais un jour, alors qu’il se dirigeait
vers la plaza del Salvador en prenant par la calle Marmolejos, par laquelle il
s’obligeait à passer, il repoussa définitivement l’éventualité de continuer les
expéditions nocturnes sur la chaloupe. Le long de la calle Marmolejos, contre
le mur aveugle du couvent de San Pablo, se trouvait une rangée de bancs en
pierre sur lesquels étaient exposés les cadavres de ceux qui mouraient aux
champs et avaient été ramenés en ville par les frères de la Miséricorde.
Hernando avait pris l’habitude d’observer les corps, tâchant d’entrevoir, par
leurs vêtements ou à leur peau, bien qu’elle ne fût pas si différente de celle
des Espagnols, s’il s’agissait ou non d’un Maure. Quand c’était le cas, il en
faisait part

Weitere Kostenlose Bücher