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Les révoltés de Dieu

Les révoltés de Dieu

Titel: Les révoltés de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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références précises à ce qui s’est passé en Palestine pendant l’occupation
romaine [118] . Le deuxième postulat
est d’ordre théologique : selon la doctrine officielle de l’Église catholique
romaine, des orthodoxes et des Églises réformées, Jésus est à la fois Dieu et Homme , autrement
dit il a la toute-puissance divine et la fragilité humaine, ce qui en fait une
figure exceptionnelle à tous points de vues [119] .
    La première constatation est la suivante : on ne sait
strictement rien de précis quant à la naissance, à l’enfance et à l’adolescence
de Jésus. Le seul évangéliste qui aurait pu en parler est saint Jean, l’apôtre « que
Jésus aimait », qui, selon la tradition, a vécu de longues années avec
Marie à Éphèse. Par conséquent, il aurait pu avoir recueilli des confidences de
la mère du Christ. Mais il est absolument muet sur ce point. Il ne nous présente
Jésus qu’à partir du début de son « apostolat ». Cela peut être
surprenant, mais c’est ainsi. Seuls, les trois synoptiques s’étendent sur ce
sujet, le plus loquace étant saint Luc, secrétaire de saint Paul, qui n’a
jamais connu personnellement Jésus et qui semble bien avoir enrichi la jeunesse
du Messie d’un fatras de légendes aussi édifiantes que symboliques, en
particulier celle de la « Sainte Famille ».
    En effet, aucun texte, qu’il soit canonique ou apocryphe, ne
parle d’un mariage consommé entre Joseph et
Marie. Le récit de Luc lui-même est sans aucune ambiguïté : « Et c’est
en ces jours, un édit de César Auguste [120] sort pour recenser tout
l’univers. Ce recensement est le premier, Quirinus étant gouverneur de Syrie. Ils
vont tous se faire inscrire, chacun dans sa ville. Iosseph monte aussi de Galil [121] ,
de la ville de Nasérèt [122] , vers Iehouda [123] ,
vers la ville de David, appelée Beit Léhem. Il est de la maison de David et de
son clan. Il se fait recenser avec sa fiancée qui
est enceinte [124] . » ( Luc, II, 1-5, trad. Chouraqui .)
    Les Évangiles canoniques, du moins les textes qui ont été
soigneusement expurgés par les Pères de l’Église, sont plutôt embarrassés sur
ce sujet et ne donnent guère de détails. Pour en savoir plus, il est
indispensable de se référer à certains écrits apocryphes (sans oublier que le
mot apocryphe signifie « caché, secret »),
en particulier le Protévangile de Jacques , l’ Évangile du Pseudo Matthieu et le Livre de la nativité de Marie . Il apparaît alors que
Miriâm (Marie), dans son enfance, a été placée, comme d’autres petites filles
de son âge, dans le Temple de Jérusalem pour y exercer une activité cultuelle, selon
la mode du temps : « Elle faisait en sorte d’être la première aux
vigiles, la plus instruite dans la connaissance de Dieu, la plus empressée en
charité, la plus pure en chasteté, la plus parfaite en toute vertu. » ( Pseudo Matthieu .)
    Mais si, à Rome, les vestales passaient leur vie entière
dans le Temple, à entretenir le feu sacré, il n’en était pas de même à
Jérusalem. On connaît la terreur des Hébreux pour le sang, particulièrement le
sang menstruel, avec tous les interdits qui en découlent. Une femme qui a ses
règles est non seulement considérée comme impure, mais elle « pollue »
littéralement tout ce qui l’environne. Une fois parvenue à sa puberté, une
fille ne peut plus assumer le service au Temple puisqu’elle souillerait un lieu
saint. Mais qu’en faire ? Elle est en quelque sorte consacrée, et on ne
peut pas la renvoyer dans le monde profane sans certaines précautions. La
coutume était de confier la jeune fille devenue pubère à un vieillard qui la
prenait chez lui, dans sa famille, et qui veillait sur elle. Cependant, dans
aucun texte il n’est question d’un mariage et, si l’on comprend bien, il s’agit
d’une union « blanche », une sorte d’adoption, la jeune fille devant
demeurer vierge toute sa vie. Mais qu’est-ce qu’une « vierge » ?
    Le mot est ambigu et a été fort mal compris : sa
signification n’est d’ailleurs pas si simple à préciser. « Vierge »
est un substantif, employé souvent comme adjectif, qui provient du latin virgo et a été introduit dans la langue courante à
partir du terme religieux qui désigne certaines saintes du calendrier chrétien,
particulièrement Marie (« la bienheureuse Marie toujours vierge »). En
fait, le mot latin ne signifie que « jeune

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