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Les Roses De La Vie

Les Roses De La Vie

Titel: Les Roses De La Vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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laissée aller à des complaisances. Des juges
catholiques la reconnurent coupable. Étant huguenote, elle demanda à être
rejugée par des magistrats de sa religion. Et ceux-ci, peut-être par haine des
premiers, la proclamèrent innocente. Néanmoins, quant à son fils, un doute
subsista. Étant posthume, le prince était-il véritablement le fils de son père
ou le fils adultérin du page et de la princesse ?
    Condé eût-il été beau et se ressentant de sa race, on eût
moins douté de son ascendance. Mais pour parler à la franche marguerite, il
avait peu à se glorifier dans la chair, étant petit, souffreteux, la voix aigre
et un nez bizarrement en bec d’aigle qui n’évoquait en rien le long nez courbe
dont les Bourbons se paonnent.
    Sa mère, qui le chérissait peu, ne consentit jamais, dans sa
méchantise, à l’ôter du doute où il était que son père ne fût pas le sien. Se
peut par ressentiment à son égard, Condé, quand il devint homme, se ragoûta peu
au gentil sesso et prenait ses plaisirs ailleurs.
    Et bien que, pour un prince du sang, ces mœurs-là ne
menassent pas au bûcher, elles n’ajoutaient pas non plus à sa gloire, d’autant
qu’on les trouvait surprenantes chez le plus proche parent du Vert Galant.
    Se peut par compassion, se peut par calcul politique pour
avoir le premier des Grands bien à sa main, Henri, sans en être du tout sûr,
avait reconnu sa légitimité. Plus tard, le tenant pour un inguérissable bougre,
il le maria à Charlotte de Montmorency, belle garcelette dont le roi
vieillissant s’était follement épris. Il va sans dire qu’Henri, dont la
délicatesse n’était pas le point fort quand il s’agissait des femmes, moyenna
ce mariage avec l’espoir que Condé serait un mari inactif et complaisant.
    Il ne fut ni l’un ni l’autre. Dès lors que les assiduités du
souverain à l’égard de sa femme devinrent trop pressantes, il l’enleva, se
réfugia avec elle aux Pays-Bas et, rassemblant son courage, lui fit un fils. Et
ce qui, dans la suite des temps, étonna le plus la Cour et, à vrai dire, nous
laissa tous béants, c’est que ce prince brouillon, versatile, pleurard et sans
une once de bon sens, donna naissance au Grand Condé, dont les talents et les
exploits éblouirent le monde dans les années quarante de ce siècle.
    À dire le vrai, notre Condé à nous, qui était fort petit,
eut pourtant son heure de gloire en 1617, quand la régente, ayant une fois de
plus racheté le loyalisme des Grands en courant derrière eux avec des sacs
d’écus, les eut ramenés à Paris, elle fit de lui le chef de ce Conseil et un
chef qui avait la plume, c’est-à-dire qui signait les décrets du Conseil
en lieu et place de la reine-mère. Ceci se fit avec l’assentiment de Concini
qui, ayant toujours ménagé Condé, le croyait son ami.
    Si Condé avait eu pour un sol de jugeote dans son inquiète
cervelle, il se serait estimé fort heureux d’être quasiment corégent de la
reine-mère. Mais pressé par les Grands, toujours avides de s’agrandir, il
conçut le projet de faire assassiner Concini, puis de reléguer la reine-mère
dans un couvent et d’ôter le jeune roi de son trône pour se mettre à sa place…
    Dans sa candeur, il confia ce plan ambitieux à Barbin,
l’intendant de la reine-mère et son plus fidèle homme-lige… Puis il envoya dire
à Concini qu’il n’était plus son ami. La haine au cœur, celui-ci courut se
mettre à l’abri dans sa bonne ville de Caen, mais il laissa derrière lui sa
femme, la Galigaï, à qui il ne fallut pas plus de quinze jours pour convaincre
la régente d’arrêter le prince de Condé et de le serrer en geôle. Si bien je me
ramentois, cela fut fait en un tournemain le trente août 1617 par ce même
Thémines qui, deux ans plus tard, devait tuer en duel l’aîné de Richelieu.
    Pour en revenir à nos présents moutons, la libération de
Condé, deux ans plus tard, par Louis, ne fut pas débattue au Conseil des
affaires. La décision, soufflée par Luynes, conseillé par Déagéant, fut prise
par le roi seul. Je vis Déagéant à cette occasion et, avec sa coutumière
rudesse, il refusa de me dire les raisons qui avaient inspiré cette libération,
laquelle me parut si peu claire et si étonnante que, pour en avoir le cœur net,
j’invitai Fogacer à dîner pour attenter à tout le moins de savoir de lui ce
qu’il en pensait ou, ce qui revenait au même, ce qu’en pensait le nonce, auprès
de qui

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