Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les Roses De La Vie

Les Roses De La Vie

Titel: Les Roses De La Vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
Vom Netzwerk:
pressoir et notre
moulin à grain ? »
    — Monsieur de Saint-Clair, dis-je en souriant, j’admire
votre enthousiasme et votre capacité d’invention. Elle m’étonne et elle me
charme. Et je vais à loisir songer à votre projet. Toutefois, pour l’instant,
j’aimerais que vous me parliez de vive bouche d’un sujet qui vous est cher et
dont vous m’avez entretenu dans vos lettres missives.
    Là-dessus, mon Saint-Clair rougit, ce qui rendait hommage
tout à la fois à sa peau claire et à sa conscience pure.
    — Monsieur le Comte, dit-il, je voulais moi-même vous
en toucher un mot.
    Il se tut si brusquement que je sentis son émeuvement à évoquer,
ne fût-ce qu’en pensée, Laurena de Peyrolles, lequel était tel et si grand que
pour lui, en parler, c’était presque sacrilégieux.
    — Eh bien, dis-je, avez-vous demandé sa main à Monsieur
de Peyrolles ?
    — Oui, Monsieur le Comte.
    — Et quelle réponse vous a-t-il faite ?
    — Peu encourageante, murmura-t-il d’un air triste.
Toutefois, reprit-il en raffermissant sa voix, il m’a prié de lui communiquer
les papiers de famille qui prouvaient l’ancienneté de ma noblesse.
    — Et les aviez-vous en votre possession ?
    — Oui, Monsieur le Comte, je les ai, étant depuis la
mort de mon frère aîné et de mon père le chef de la famille, et je devrais même
dire, le dernier rejeton.
    — Et qu’a-t-il fait de ces papiers ?
    — Il les a emportés avant-hier chez lui pour les
étudier à loisir et hier, apprenant de ma bouche que vous alliez venir à
Orbieu, il m’a dit qu’il aimerait fort que vous lui fassiez l’honneur d’un
entretien avec lui. Je me suis alors permis, Monsieur le Comte, de l’inviter
demain à dîner au château ainsi que sa fille. Ai-je mal fait ? dit
Saint-Clair en rougissant derechef.
    — Nenni, nenni, comment s’entendre, si on ne parle pas
autour d’une table ?
    — Monsieur de Peyrolles m’a fait alors une demande que
j’ai trouvée un peu étrange. Toutefois, comme il me paraissait beaucoup y
tenir, j’ai acquiescé.
    — Qu’en est-il de cette demande ?
    — Il m’a prié d’inviter Monsieur le curé Séraphin à
dîner avec nous.
    — Il n’y a là rien d’étrange, dis-je en riant. Quand
Monsieur de Peyrolles aura son entretien au bec à bec avec moi, il veut être
assuré que le curé Séraphin demeurera en tiers entre Laurena de Peyrolles et
vous-même.
    — Je ne m’étais pas avisé de cela, dit Monsieur de
Saint-Clair, qui me parut quelque peu dépit que Monsieur de Peyrolles eût si
peu fiance en son honneur.
    — Allons ! dis-je, ne vous piquez pas,
Saint-Clair, cela n’est rien. Même dans notre noblesse, il y a des pères
sourcilleux. Mademoiselle de Peyrolles est la fille unique de Monsieur de
Peyrolles. Songez combien le bonhomme doit la chérir ! Pensez-vous que cela
faciliterait les choses, si je vous donnais la jouissance du manoir Rapinaud
quand vous serez marié ?
    — La grand merci à vous, Monsieur le Comte, dit-il avec
chaleur, cela serait de votre part une immense libéralité, car d’après ce que
j’ai pu entendre, Mademoiselle de Peyrolles craint de ne venir qu’en second
rang au château, si vous prenez femme un jour.
    — Eh bien, voilà qui est résolu, dis-je en me levant.
Vous aurez le manoir et Mademoiselle de Peyrolles, si elle vous marie, sera
seule maîtresse en son logis.
    Quoi dit, je m’approchai de Monsieur de Saint-Clair et, lui
donnant une forte brassée, je lui dis à l’oreille :
« Courage ! » Et coupant court à ses mercis, je me dirigeai vers
l’huis et avant que de sortir, je lui dis en me retournant :
    — Dépêchez mon carrosse au curé Séraphin pour le dîner
de demain. Vous savez combien il est sensible à ces égards.
    Je retournai en ma chambre pour y parfaire ma toilette et y
trouvai Louison qui refaisait le lit qu’elle avait si bien contribué à défaire
la nuit précédente. Elle n’était pas là par hasard : ses yeux avides,
collés sur moi, disaient assez toutes les questions qui lui gonflaient les
joues. Je noulus la faire languir et lui dis tout de gob ce qu’il en était, la
futée eut alors assez d’esprit pour ne point triompher, comme elle l’eût pu, à
la vérité, puisque l’idée de donner à Saint-Clair le manoir Rapinaud venait
d’elle. Elle ne put toutefois empêcher que rayonnât sur son visage le
soulagement extrême qu’elle éprouva à l’idée qu’elle n’aurait pas

Weitere Kostenlose Bücher