Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les Roses De La Vie

Les Roses De La Vie

Titel: Les Roses De La Vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
Vom Netzwerk:
dents, intrigues et brouilleries. Elle
portera le haut-de-chausses chez vous et vous fera voir pays. Je vous l’assure,
monsieur mon fils.
    — Madame ma mère, dit le duc de Chevreuse, vous avez
mille fois raison. Je vais la refuser.
    Et à Madame de Luynes il dépêcha sur l’heure un petit
vas-y-dire avec un billet pour s’excuser derechef de ne la marier point.
    Toutefois, le lendemain, il se repentit de sa brusquerie, ce
vaillant étant d’un naturel tendre quand il n’avait pas l’épée à la main. Et ne
fût-ce que pour tâcher d’adoucir par de bonnes paroles ses refus répétés, il
alla visiter la connétable.
    Il la trouva plus belle que jamais, son infortune ne l’ayant
pas abattue, tout le rebours.
    — Ah, mon Claude ! dit-elle en lui prenant les
mains dans ses tendres menottes, vous ne serez donc pas le bon samaritain dans
mes jours malheureux !
    Là-dessus, elle versa une larme qui fit briller ses beaux
yeux, mais une seule, pour ne pas gâcher son pimplochement.
    — Mon ami, reprit-elle, que de peine et d’opprobre m’a
valu la grande amour que j’ai conçue pour vous et qui me possède encore, hélas,
malgré votre abandon ! Tout un chacun ici m’écrase et me jette la
pierre ! Me voilà haïe, honnie et bannie de la Cour et de vous-même aussi,
par ma faute qui est aussi la vôtre et qu’en cette extrémité même je ne
voudrais pas pour un empire ne pas avoir commise ! Mais que puis-je faire
aujourd’hui en cet affreux prédicament, sinon m’aller ensevelir dans un couvent
afin d’expier pendant le reste de mes tristes jours le crime de vous avoir trop
adoré… Ah ! que n’ai-je cédé à ce roi hypocrite quand il m’aimait !
Tout un chacun alors pensait que l’épouse du favori allait devenir la favorite
du souverain ! Mais comment eussé-je pu céder à ce chattemite, n’ayant
d’yeux que pour vous ? Tant est qu’au prix même de sa haine, je vous ai
préféré…
    Ainsi de plainte en reproche et de reproche en prière, et de
prière en vibrante déclaration d’un éternel amour, la connétable s’approchait
peu à peu de sa proie et, dès qu’elle se sentit à portée, ce beau serpent à
tête de femme s’enroula autour de lui, le pressant de ses tendres anneaux, tant
est que le pauvre Claude sentit tout ensemble sa volonté s’engourdit et
s’enflammer ses sens.
    Il céda. Et battant le fer pendant qu’il était chaud, dès
lors que leurs tumultes furent apaisés, elle lui fit écrire une lettre au roi
où, se conformant à l’usage, il demandait à Sa Majesté la permission d’épouser
la connétable.
    Cette lettre parvint à Louis en la ville de Nantes alors
qu’il y faisait étape. Il venait d’apprendre que Monsieur de Soupite avait pris
l’île d’Oléron, Royan et Les Sables-d’Olonne, nouvelle qui n’avait pas laissé
de lui donner quelques soucis, tant est que la lettre de Claude ne fut pas pour
améliorer son humeur. Il pâlit de colère en la lisant et quand il l’eut finie,
il me la tendit avec une brusquerie qu’il ne m’avait jamais montrée jusque-là.
En outre, quand il me parla, il ne me nomma ni Siorac, ni Sioac, mais
d’Orbieu. Ceci me mit puce au poitrail tout autant que l’âpreté de son ton.
    — C’est là une lettre de Chevreuse, dit-il d’une voix
qu’il avait peine à maîtriser. Lisez-la, d’Orbieu, puisque vous êtes, à ce que
j’ai ouï, quelque peu son frère.
    Ce « quelque peu » me donna à penser et je commençai
à craindre que l’ire du roi contre Claude retombât « quelque peu » en
éclaboussures sur sa famille et sur moi.
    Je lus lentement cette malheureuse missive. Elle ne m’étonna
point, car je connaissais déjà son objet, ayant reçu la veille, de la duchesse
de Guise, une lettre où elle m’expliquait par le menu les remuements de la
connétable et la capitulation de Claude. Ma bonne marraine me demandait
d’intervenir auprès du roi pour que ce mariage, si désastreux qu’on le pût
juger, ne fût pas interdit, car elle craignait un coup d’éclat de mon frère
ensorcelé.
    Je me demandai, en lisant la lettre de Claude au roi, si
celle de ma bonne marraine, m’étant parvenue par le courrier royal, n’avait pas
été ouverte, lue et communiquée au roi. Tant est que, sur cette considération,
je décidai que la meilleure politique contre ses suspicions était d’en user
avec lui avec la plus complète franchise.
    — Sire, dis-je, en lui rendant la lettre de

Weitere Kostenlose Bücher