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Les Roses De La Vie

Les Roses De La Vie

Titel: Les Roses De La Vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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est, le sang d’une guerre fratricide.
À la pique du jour, Louis fit derechef distribuer du pain aux soldats et, ayant
ouï l’un d’eux se plaindre que la part pour chacun fût bien petite, il lui
dit :
    — Si vous avez affaire à plus, c’est maintenant chez
l’ennemi qu’il le faudra trouver.
    Cette petite gausserie, qui fut répétée au bec à bec, était
si bien dans la veine et la manière de son père au combat que d’aucuns de ceux
qui avaient combattu auprès d’Henri IV en furent comme rafraîchis.
    Mais bien longue derechef fut l’attente jusqu’à l’aurore.
Après s’être chauffé à l’un des grands feux qu’il avait fait allumer de place
en place, et qu’on alimentait à’steure avec des joncs qu’on avait coupés sur le
bord des marais, Louis s’alla coucher un peu à l’écart sur le sol, lequel était
en cet endroit du sable et s’enveloppa dans sa casaque de chasse.
    — Sire, lui dit son maître d’hôtel Du Gué, vous seriez
mieux dans votre lit au Louvre !
    — Tout le rebours, dit Louis, j’ai tous les
contentements du monde de me voir là, puisque demain je vais combattre cet
orgueilleux qui me veut prendre mes villes et mes îles. Je ne lui en laisserai
pas une seule, pas même cette petite île !
    Là-dessus, il s’ensommeilla et nous interdîmes à tout
survenant de le déranger jusqu’à la pique du jour, laquelle fut vraiment une
pique, car elle surgit d’une ouverture soudaine dans un gros nuage noir et
darda sur nous sa gloire de lumière comme dans ces images de l’Ancien Testament
où l’on voit Dieu le Père se pencher hors du balcon du ciel pour apparaître aux
humains.
    Louis était déjà debout. Berlinghen et Soupite lui mettaient
sa cuirasse de guerre et son écuyer lui ayant amené son cheval, Louis, sans
aide et malgré le poids de sa cuirasse, se hissa dessus en un battement de cil.
Cependant, il ne mit pas de casque, mais un chapeau orné d’une seule grande plume
blanche où je ne fus pas le seul à voir un rappel du panache blanc que son père
portait à la bataille d’Ivry.
    Sur son ordre, l’armée déployée en bataille se mit en
branle, la cavalerie et Louis à sa tête, et s’avança d’une demi-lieue en
direction du bourg de Riez sans trouver âme qui vive et là, nous commencions à
nous poser quelques petites questions, quand Monsieur de Beaumont, qui s’était
avancé fort avant avec les enfants perdus, revint à nous avec des prisonniers
et des paysans pêcheurs, lesquels questionnés nous dirent leur râtelée de ce
qui s’était passé.
    Quand Soubise, la veille, vit l’armée royale, établie sur
les dunes du continent, se préparer bel et bien à envahir l’île où il s’était
réfugié, il comprit que le piège du flux et du reflux, par lequel il comptait
la faire renoncer à cette invasion, allait, en fait, se refermer sur lui. Tant
est que s’il était battu, comme tout le laissait prévoir, la retraite lui
allait être fermée par la marée montante. Il décida donc de se dégager sans
tant languir de cette nasse et le roi était à peine sur l’île depuis une heure
que Soubise, à la faveur de la nuit, tâcha de gagner Saint-Gilles-Croix-de-Vie
par un autre gué que celui que le roi avait pris, afin de s’aller embarquer sur
des vaisseaux et gagner La Rochelle.
    Par malheur, la marée montait déjà et si Soubise et sa
cavalerie purent passer le gué sans trop d’encombre et aussi une partie de son
infanterie avec de l’eau jusqu’à la poitrine, le reste, environ deux mille
hommes, ne purent affronter le flux qui croissait de minute en minute et
demeurèrent sur l’île, désemparés, sans chef et sans d’autre espoir que la
mort.
    Nos soldats, en effet, en eussent fait, dans leur avance,
peu de quartier, si le roi n’avait imaginé de promettre quelques pécunes pour
chaque prisonnier qu’on lui amènerait pour ses galères.
    Nous trouvâmes, en avançant, une bien étrange picorée :
une charrette pleine de cloches que les huguenots avaient amenées sur l’île et
qu’ils avaient arrachées au cours de leurs conquêtes du littoral aux clochers
catholiques afin de les fondre et fabriquer des canons : ce qui leur eût
donné une voix assurément moins musicale que celle pour laquelle on les avait
faites. Louis ordonna qu’on ramenât ces cloches sur le continent et que chacune
retrouvât sa chacunière, afin qu’aucune des églises dans ce pays ne demeurât
muette plus longtemps.
    Cette

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