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Les Roses De La Vie

Les Roses De La Vie

Titel: Les Roses De La Vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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j’ai parlé de Puisieux et de son père, dis-je
enfin d’une voix grave, je suis bien assuré que jamais rien qui vaille ne se
fera avec eux. Je suis au rebours tout à plein persuadé que rien de solide ne
se fera jamais sans la personne que vous savez.
    Me voilà donc cette fois à l’eau, pensai-je, à la fois
soulagé d’avoir dit mon sentiment et mortellement inquiet à la pensée d’une
décision que je n’avais nullement mûrie et que je pris en un battement de cil
dans le chaud du moment.
    — Ah ! mon ami ! dit le père Joseph en me
serrant avec force le poignet, et sans piper mot tant il était ému.
    L’instant d’après, ne le sentant plus à mes côtés, je me
levai et c’est à peine si j’aperçus sa frêle silhouette qui, en s’éloignant, se
confondait avec la brume.
     
    *
    * *
     
    Belle lectrice, nous venons d’atteindre, vous et moi,
l’année 1623 et le moment est venu d’entamer pour vous un récit dont je ne
pourrai pas malheureusement vous raconter la fin, pour la raison que cette fin
n’entre pas dans le cadre de ce volume et ne pourra venir à votre connaissance
que dans le volume suivant. Vous y perdrez peu, car cet épisode, quoique
démesurément grossi par des contes extravagants, n’a pas l’intérêt romanesque
qu’on lui a prêté, aboutissant, en fait, à un échec où le ridicule le dispute à
l’odieux. Ce que j’en dis ici, m’appuyant sur des témoignages irréfutables,
n’est que pour rétablir les faits en leur nudité.
    Quand Madame de Luynes se fut enroulée autour de Monsieur de
Chevreuse, étant à la fois, si je puis dire, la pomme et le serpent, et fut
devenue son épouse, elle reconquit et son appartement du Louvre qu’elle n’avait
d’ailleurs jamais quitté et son emploi d’intendante de la maison de la reine et
sa quotidienne et ensorcelante présence auprès d’Anne d’Autriche. Elle devait
ce prodigieux retournement de situation à la protection du duc de Chevreuse
bien sûr, envers qui, comme il est naturel, elle ne fut pas chiche en
protestations d’amour et en promesses d’éternelle gratitude. Mais, faisant un
retour sur elle-même et réfléchissant qu’elle avait fait une fort mauvaise
écorne à Monsieur de Luynes en devenant la maîtresse du duc de Chevreuse, une
fois mariée audit duc, elle imagina de réparer le tort qu’elle avait fait à
Monsieur de Luynes en devenant la maîtresse du comte de Hollande.
    L’objet nouveau de ses affections était un lord anglais qui
avait été envoyé en France pour moyenner le mariage du prince de Galles avec la
petite sœur de Louis, Henriette. Mais en fait, la couronne d’Angleterre avait
deux fers au feu et hésitait entre Henriette de France et Maria, Infante
d’Espagne et sœur de notre Anne d’Autriche. Cette hésitation tenait au fait que
la politique extérieure de l’Angleterre était elle-même hésitante, balançant
entre l’amitié française et l’alliance espagnole. En fait, il n’était pas plus
aisé de faire accepter un gendre protestant au roi très catholique qu’au Roi
Très Chrétien.
    Le comte de Hollande, quand il venait à Paris pour cette
longuissime histoire de mariage, descendait à l’hôtel de Chevreuse où il avait,
comme on a vu, ses commodités, mon pauvre Claude étant trop occupé à ses
chasses, ses chevaux et ses chiens pour voir quoi que ce fût qui l’eût
déquiété.
    J’ai rencontré plus d’une fois le comte de Hollande chez ma
sœur la princesse de Conti et, pour dire le vrai, je l’ai trouvé fort beau,
tandis que Bassompierre prétendait qu’il était « un peu fade » et la
princesse, de son côté, estimant qu’il y avait « du féminin en lui ».
Mais se peut que ces jugements fussent inspirés de part et d’autre par quelque
jalousie, Bassompierre ayant alors quarante-quatre ans et ma belle demi-sœur
faisant de son mieux pour cacher qu’elle en avait trente-cinq, tandis que
Madame de Chevreuse avait eu le bon esprit de naître avec le siècle, tandis que
le comte de Hollande, à le voir, ne pouvait être plus vieux, ayant le teint si
frais et l’œil si vif. Ce qui inclinait, se peut, la princesse de Conti à
penser que Hollande était un peu féminin, c’est qu’il parlait sans cesse de son
grand et intime ami, le duc de Buckingham dont il vantait les talents et la
beauté. À la duchesse de Chevreuse avec qui il avait, dans l’hôtel de
Chevreuse, les apartés que j’ai dits, il montrait son portrait, ce

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