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Les Roses De La Vie

Les Roses De La Vie

Titel: Les Roses De La Vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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Montpellier, je me
serais demandé si c’était bien la peine de s’être battu si vaillamment et
d’avoir eu tant de blessés et de tués pour qu’à la fin un si joli flot d’écus
tombât dans l’escarcelle de Monsieur le duc de Rohan.
    Le douze octobre 1622, se tint dans la ville d’Arles un
Conseil des affaires où le roi prit une série de résolutions que j’ai de bonnes
raisons de me ramentevoir. Il eut l’air, de prime, d’être assez joueur et folâtre
et après avoir taquiné Bassompierre en lui faisant grise mine, il dit en
souriant :
    — J’ai promis à Bassompierre, quand il aurait fait ses
affaires, de le faire maréchal de France et je le fais.
    Cela me parut une gausserie un peu grosse à faire en pareille
occasion, mais sans m’étonner outre mesure, car dans ce domaine, Louis n’était
pas sans se rapprocher des prêtres : sa pudibonderie ne concernait que le
sexe. Elle ne s’étendait pas aux régions avoisinantes. Toutefois, la
plaisanterie fit rire nos graves conseillers et l’élévation de Bassompierre fut
très bien acceptée.
    — Messieurs, reprit le roi, retrouvant un ton plus
sérieux, le comte d’Orbieu, que vous avez vu très assidu en nos séances pour assister
Monsieur de Puisieux de ses lumières, m’a paru avoir des capacités au-dessus de
cet emploi et je le nomme, ce jour, conseiller à part entière, ayant droit de
consultation et de vote, comme tous les autres conseillers.
    Ceux-ci me firent aussi bonne mine qu’ils le firent à
Bassompierre. Mon visage leur était connu et comme de par mon emploi antérieur,
je n’avais jamais eu l’occasion de contredire personne, personne, à ce jour, ne
me voulait du mal.
    — Messieurs, dit enfin Louis, prenant cette fois un air
tout à fait grave, nous avons eu à regretter, ce mois-ci, à Lunel, la mort de
notre très aimé et très regretté cardinal de Retz que Dieu a rappelé à lui. Mon
bien-aimé cousin, le cardinal de Retz, était membre de ce Conseil. Il
m’appartient donc de le remplacer. Je nomme à ce jour, à ce siège devenu
vacant, le cardinal de La Rochefoucauld.
    Cette nomination fut accueillie aussi bien que les autres,
mais avec des sourires, des échanges de regards et de légers coups de coude,
qui me firent entendre que ce qu’il y avait de plus intéressant dans cette
promotion, ce n’était pas celui qui était nommé à ces hautes fonctions, mais
celui qui ne l’était pas.
    Il est vrai que Richelieu avait été promu très récemment
cardinal par le pape et que Louis ne lui avait pas encore remis le bonnet de
pourpre, ni reçu de lui le serment de fidélité, cérémonie qui scellait
l’appartenance du nouveau promu à la personne du roi et à son trône. Toutefois,
si Louis avait véritablement voulu de Richelieu en son Conseil, il aurait pu, soit
presser quelque peu la remise du bonnet à Monsieur de Luçon, soit retarder le
remplacement du cardinal de Retz au Conseil des affaires.
    Quand Bassompierre et moi-même eûmes prêté le serment de
fidélité au roi, lui en tant que maréchal de France et moi-même comme membre du
Conseil des affaires, nous quîmes du roi notre congé et chacun se retira dans
sa chacunière après de mutuelles congratulations. Toutefois, me ravisant, je ne
dirigeai pas aussitôt mes pas vers la maison de mon accorte veuve, mais m’allai
promener au bord du Rhône, promenade fort solitaire par la vesprée et avec la
brume qui montait du fleuve. Cependant, je sentais quelque besoin d’être seul
pour mieux songer à l’avancement que le roi venait de me bailler et qui était à
mes yeux de bien plus grande conséquence que ma charge de premier gentilhomme
de la Chambre ou même que ma croix de Chevalier du Saint-Esprit qui était un
grand honneur, assurément, mais non point un emploi, où je pusse être de
quelque utilité.
    Seul, je ne le fus pas longtemps car, venant à mon encontre,
je vis apparaître et se préciser peu à peu dans la brume un moine dont le chef
et la face disparaissaient dans son capuce. Il se dirigea droit à moi, ce qui
me fit mettre la main gauche à mon escarcelle pour lui bailler quelques sols,
s’il était un moine mendiant, et la main droite sur la poignée de ma dague,
s’il s’agissait là d’un loup qui se fût habillé en brebis. Mais s’arrêtant à
une toise de moi, le quidam dit d’une voix douce que je connaissais bien :
    — Monsieur le Comte, je ne suis pas un inconnu pour
vous, vous ayant visité dans vos

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