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Les Roses De La Vie

Les Roses De La Vie

Titel: Les Roses De La Vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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l’intérieur du Louvre, Louis fanait irrémédiablement ce
que la reine pouvait avoir encore de tendresse pour lui et dans le même temps,
il la fanait en lui-même. Je sus par Héroard que, de loin en loin, Louis
continuait à coucher dans les appartements de la reine et avec elle. Je jugeais
ces étreintes malheureuses. Car elles se réduisaient à n’être que l’échange
d’un devoir d’épouse et une obligation dynastique. Toutefois, comme à la longue
ces commerces ne donnaient pas le résultat que Louis en escomptait, il inclina
à les discontinuer. Il sembla perdre alors tout espoir de donner un dauphin à
la France et Anne, tout espoir de le reconquérir.

 
CHAPITRE XV
    Peu après que la clôture de la reine fut prononcée, je reçus
au Louvre à la vesprée – mais c’était un oiseau du soir, en l’a déjà
deviné – la visite du père Joseph, lequel, depuis les propos que je lui
avais tenus sur le bord du Rhône, me parlait à langue déclose, se peut parce
qu’il me supposait plus d’influence sur le roi que je n’en avais.
    À la vue de Monsieur de La Surie qui dînait ce soir avec moi
(mon père étant retenu au logis par une intempérie de Margot), le père Joseph
parut vouloir se retirer dans sa coquille. Mais quand je lui eus dit qui notre
Miroul était, il parla à la franche marguerite et se livra à une violente
diatribe contre les Brûlart : il appelait ainsi Brûlart de Sillery et son
fils Puisieux.
    — Ils ne font rien, dit-il, et ils ne veulent rien
faire. Et savez-vous pourquoi ? Parce qu’ils sont vieils.
    — Puisieux n’est pas vieux, objectai-je.
    — Mais son père l’est pour deux. Savez-vous pourquoi
ils ont toujours été hostiles à toutes les campagnes de Louis, soit contre sa
mère, soit contre les huguenots ? Parce que les ministres suivant le roi
en lesdites campagnes, ils appréhendaient les incommodités du voyage.
    — Mais Puisieux, lui, c’est différent. Il veut demeurer
en Paris pour faire ses affaires.
    — Bien dit, Monsieur le Comte. Toutefois, ramentez-vous
les affaires d’Allemagne quand les choses prirent mauvaise tournure pour le
Palatinat. « Surtout, disait Puisieux, n’y mettons pas le
doigt ! » Et faute d’y mettre le doigt, il y mit un emplâtre. On
envoya à Ulm une ambassade qui ne servit à rien qu’à abandonner le Palatinat en
ayant l’air de le soutenir. Et la Valteline ? Si nous parlions de la
Valteline ?
    — Mais pourquoi diantre cette Valteline dont tout le
monde parle est-elle de si grande conséquence ? demanda La Surie.
    — C’est au nord de l’Italie, mon jeune ami, un passage dans
les Alpes. Si, partant du lac de Côme, vous remontez la rivière de l’Adda, vous
vous trouverez dans une plaisante vallée qui s’appelle la Valteline. Et en
remontant cette vallée, vous trouverez un col relativement peu élevé, et ouvert
par conséquent toute l’année : c’est donc là un passage d’une grande
valeur stratégique.
    — Pourquoi ?
    — Parce qu’il permet aux Habsbourg d’Espagne établis
dans le Milanais de faire passer des troupes et des armes aux Habsbourg
d’Autriche. Et c’est là un immense avantage, surtout au moment où l’empereur
Ferdinand s’attache à recatholiciser l’Allemagne en dépeçant les États
allemands luthériens.
    — Mon père, dit La Surie avec un sourire, cette
entreprise devrait vous séduire. Et plus encore votre maître, puisqu’il est
cardinal.
    — Nenni, nenni, nenni, nenni ! La religion n’est
ici qu’un masque. Le véritable but des Habsbourg, c’est l’établissement en
Europe d’une monarchie universelle qui, tôt ou tard, asservirait la France.
Considérez une carte. Voyez les Habsbourg installés partout à nos portes :
en Espagne, en Italie, dans le Palatinat, dans les Pays-Bas, tâchant même de
prendre pied en Hollande. Quel redoutable encerclement !
    — Si j’entends bien votre pensée, mon père, dit La
Surie avec un sourire taquinant, mieux vaut encore à vos yeux un Français
huguenot qu’un Espagnol catholique ?
    — Mille fois oui ! s’écria avec force le père
Joseph. Et d’autant qu’un Français huguenot, je peux espérer le convertir un
jour, alors qu’il serait sans espoir de vouloir despagnoliser un Espagnol.
    — Combien que ce débat, dis-je, me paraît éclairer
beaucoup de choses, j’aimerais parler derechef de la Valteline.
    — Justement, dit La Surie avec vivacité. À

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