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Les Roses De La Vie

Les Roses De La Vie

Titel: Les Roses De La Vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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menton et le relevai, tandis que je l’envisageai et me trouvai attendrézi
par sa grâce, comme bien elle y comptait.
    — Et pourquoi, dis-je, faut-il que je t’envisage ?
    — Pour ce que, Monsieur le Comte, je vous voudrais
question quérir.
    — Quiers.
    — Monsieur le Comte, avez-vous le respect de votre
sang ?
    — Qu’est cela ? dis-je, au comble de l’étonnement.
    — Ce sont les propres mots de Monsieur le marquis,
votre père, à Margot. Après quoi, il ajouta qu’il devait cette vertu à l’exemple
de son père, le baron de Mespech en Périgord, lequel éleva en son château le
bâtard qu’il avait eu d’une simple pastourelle et lui donna son nom [21] .
    — Et sais-tu pourquoi mon père assura à Margot qu’il
avait le respect de son sang ?
    — Oui-da, parce qu’elle est grosse de lui…
    — Ventre Saint-Antoine ! Que m’apprends-tu
là ?
    — Et qu’alla dire à cette nouvelle Monsieur le marquis
sinon qu’il avait le respect que j’ai dit et qu’en conséquence, il
reconnaîtrait son enfant et l’élèverait en son hôtel parisien.
    — Voilà qui va bien. J’en suis bien aise pour Margot et
son fruit.
    — Vous tenez donc, Monsieur le Comte, que votre père a
eu raison d’agir ainsi ?
    — Assurément.
    — Et vous, Monsieur le Comte, agiriez-vous de même, si
le même sort m’échéait ?
    J’en fus béant.
    — Dieu du ciel ! Qu’est cela ? Que vas-tu
m’annoncer ? Serais-tu grosse aussi ?
    — Nenni ! Mais cela se pourrait un jour, étant
dans la nature des femmes de concevoir.
    — Comment cela ? Ne t’ai-je pas enseigné les herbes ?
    — Mais Margot connaissait aussi les herbes et
enseignées de surcroît par Monsieur votre père, lequel est grand médecin. Et
malgré cela, la nature a parlé.
    À quoi je me songeais à part moi un petit, avant de lui dire
sur le ton de la gravité :
    — M’amie, si je te dis que, dans ce cas, ton enfantelet
sera, comme celui de Margot, reconnu et élevé en mon château d’Orbieu, ne
vas-tu pas être tentée de trichoter dans l’emploi de tes herbes pour laisser
parler la nature ?
    — Que nenni, Monsieur ! J’agirai en droiture,
comme toujours avec vous j’ai fait.
    — Toutefois, il est constant que femme aspire à
enfanter.
    — Vramy, c’est bien vrai, cela ! Mais je n’irai
pas de mon fait friponner en dessous pour presser le moment. Qu’il vienne le
petitime, quand Dieu voudra, mais pas avant ! Et Dieu veuille bien, tout
le rebours, que ne me vienne pas trop tôt cette enflure du ventre, pour que je
reste belle et frisquette pour vous plaire et que vous n’alliez point vous
enticher d’une garce du plat pays !
    — Babillebahou ! C’est tout crasse que ces
pauvrettes !
    — Point pour qui a de bons yeux, Monsieur le Comte.
Monsieur de Saint-Clair, lui, a vu clair sous la crasse. Car il a été pêcher un
petit poisson dans la vase qui, une fois lavé d’eau limpide, a bonne allure
dans son assiette.
    — Mais je ne le savais pas ! Et toi, comment
l’as-tu appris ?
    — Lors de notre dernier séjour à Orbieu.
    — Juste ciel ! Rien n’échappe à ton œil
perçant ! Et surtout pas une drolette accorte qui trottine dans tes
alentours. Comment se nomme la garcelette ?
    — Jeannette. C’est une petite rusée. Si je la laissais
faire, elle finirait pas régenter à la baguette tout le domestique du château,
mâle ou femelle. Mais j’y mettrai bon ordre.
    Voilà qui promettait à notre arrivée à Orbieu une belle
becquetade de poulettes, avec sang et plumes volant partout ! Voilà aussi
qui expliquait le fin du fin de ce neuf vertugadin qui n’était pas seulement
vanité, mais supériorité intimidante de plumage avant l’assaut du bec et des
ongles.
    — M’amie, dis-je, du ton le plus sérieux, il n’y a pas
lieu d’affronter Jeannette. Monsieur de Saint-Clair pourrait s’en sentir
offensé. Et comment pourrais-tu avoir la main haute sur le linge, l’argenterie,
l’office et le domestique tout entier, si Monsieur de Saint-Clair, étant intendant
du domaine, ne voyait pas d’un bon œil l’intendante de la maison ?
    — Monsieur le Comte, dit Louison, Monsieur de
Saint-Clair est dans votre emploi. Il vous appartient de m’imposer à lui.
    — Je le ferai, si cela devient nécessaire. Mais pour
l’instant, je préfère composer. Tu pourrais être l’intendante du château
d’Orbieu, à chaque fois que tu y séjournes avec moi, et Jeannette

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