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Les Seigneurs du Nord

Les Seigneurs du Nord

Titel: Les Seigneurs du Nord Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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des chiens.
    — Ils ne pourront nous trouver, me cria
Finan.
    — Vraiment ?
    — Pas avec cette pluie.
    Les louvetiers appelèrent de nouveau leurs
chiens que j’entendis descendre la pente à contrecœur. Ils étaient terrifiés
par le tonnerre, éblouis par les éclairs et désorientés par la pluie. Ils n’avaient
aucune envie de traquer une proie. L’un d’eux passa non loin et il me sembla
voir luire ses yeux, puis il rebroussa chemin sous la pluie battante. Les
louvetiers ne les appelaient plus. Comme aucun des chiens n’avait aboyé, ils
devaient penser que nulle proie n’avait été trouvée ; mais nous attendîmes
encore, courbés sous cette affreuse pluie, jusqu’à ce que je juge que les chiens
étaient rentrés.
    À présent, nous devions trouver le puits et ce
fut le plus difficile. Nous refîmes la corde, Finan en garda un bout tandis que
je grimpais. Je tâtonnai entre les arbres, glissant dans la boue, prenant
constamment les troncs pour les pieux d’une palissade. La corde se prenait dans
les branches, et par deux fois je dus rebrousser chemin et reprendre ma quête
plus loin. J’étais près de désespérer quand je trébuchai et me retins à un
tronc couvert de lichen. Une écharde s’enfonça dans ma main. Je m’appuyai
contre le tronc et découvris que c’était une partie de la palissade du puits. Je
tirai sur la corde, afin que les autres me rejoignent.
    Nous attendîmes encore. Le tonnerre s’éloignait
et la pluie diminua un peu. Nous étions accroupis, frissonnants, et je craignis
que Kjartan, avec cette pluie, n’ait nul besoin d’envoyer quiconque au puits et
se contente de l’eau recueillie dans des barils. Pourtant, partout, dans le
monde entier, il me semble, on envoie chercher l’eau à l’aube. Il la faut pour
la cuisine, pour se raser, se laver et brasser la bière. Et durant les heures
douloureuses passées à la rame de Sverri, je m’étais souvent rappelé Sihtric me
disant que les puits de Dunholm étaient au-delà des palissades, ce qui
obligeait Kjartan à ouvrir les portes chaque matin. Et s’il en ouvrait une, nous
entrerions dans la forteresse imprenable. Tel était mon projet, le seul que j’avais.
S’il échouait, nous étions morts.
    — Combien de femmes viennent chercher l’eau ?
lui demandai-je.
    — Dix, seigneur, je crois.
    Je scrutai la palissade, jugeai qu’il y avait
vingt coudées jusqu’au mur. C’était peu, mais la pente était abrupte.
    — Il y a des gardes à la porte ? demandai-je.
    Je connaissais la réponse, mais dans la nuit
et avec la perspective de la bataille, cela me faisait du bien de parler.
    — Il n’y en avait que deux ou trois quand
je vivais là, seigneur.
    Et ces gardes seraient ensommeillés, espérai-je,
après cette nuit agitée. Ils ouvriraient la porte, laisseraient sortir les
femmes, puis ils s’appuieraient à la muraille en rêvassant à d’autres femmes. Pourtant,
il suffisait qu’un seul d’entre eux soit alerte pour tout faire échouer. Je
savais que le rempart n’était pas pourvu d’une plate-forme pour le combat, mais
il y avait de petites saillies où un homme pouvait faire le guet. Je me rongeai
les sangs, pensant à tout ce qui pouvait mal tourner. À côté de moi, Clapa
ronflait ; je fus ébahi qu’il puisse dormir alors qu’il était trempé et
glacé. Je le réveillai d’un coup de coude.
    L’aube semblait ne jamais devoir se lever, et
le temps qu’elle vienne, nous serions si trempés et gelés que nous pourrions à
peine bouger. Enfin, de l’autre côté de la rivière, le ciel commença à s’éclaircir
sur les hauteurs. Nous nous blottîmes les uns contre les autres pour que la palissade
du puits nous dissimule à la vue des sentinelles. Un coq chanta dans la
forteresse. La pluie continuait de tomber, et au-dessous de nous la rivière
bouillonnait sur les rochers. À présent, plus bas sur la pente, les arbres
commençaient à apparaître, bien qu’encore plongés dans la pénombre. Un blaireau
passa devant nous et décampa. Une longue tache rouge se répandit dans les
nuages, puis le jour se leva, un jour maussade et noyé de pluie. Ragnar devait
être en train de préparer son mur de boucliers en alignant ses hommes sur le
sentier pour attirer l’attention des défenseurs. Si les femmes sortaient
chercher de l’eau, pensai-je, ce serait bientôt. Je descendis un peu le long de
la pente pour parler à mes hommes.
    — Quand nous nous mettrons en route,

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