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Les Seigneurs du Nord

Les Seigneurs du Nord

Titel: Les Seigneurs du Nord Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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cette cérémonie au sérieux.
    — Tu le jures ? demandai-je.
    — Sur ma vie, répondit-il d’un ton léger.
    — Que les serments soient prononcés !
clama Eadred, voulant rétablir un peu de dignité dans cette église qui
bruissait de murmures.
    Il foudroya du regard la congrégation pour lui
imposer silence, puis il ouvrit l’un des deux plus petits coffres. À l’intérieur
se trouvait un livre à la couverture incrustée de gemmes.
    — Voici le grand évangile de Lindisfarena,
dit-il avec respect.
    Il le souleva et le fit briller dans la
lumière. Tous les moines se signèrent, puis Eadred le tendit à un prêtre aux
mains tremblantes. L’abbé se baissa, fit le signe de croix et ouvrit le
deuxième petit coffre. À l’intérieur se trouvait une tête décapitée aux yeux
clos. Guthred ne put réprimer un grognement de dégoût et, redoutant quelque
sorcellerie, me saisit le bras.
    — Voici le très saint Oswald, dit Eadred
d’une voix tremblante d’émotion, jadis roi de Northumbrie et désormais
bienheureux parmi les élus de Dieu.
    Guthred recula, mais je m’avançai vers Oswald.
Il avait régné sur Bebbanburg et la Northumbrie deux cents ans plus tôt. Il
était mort dans une bataille contre les Merciens qui l’avaient taillé en pièces,
et je me demandai comment sa tête avait pu être sauvée du charnier. Les joues
creusées et la peau noircie semblaient exemptes d’entailles. Ses longs cheveux
étaient emmêlés, et son cou dissimulé par un morceau de linge jauni. Un cercle
de bronze doré lui tenait lieu de couronne.
    — Bien-aimé saint Oswald, dit Eadred en
se signant, protège-nous, guide-nous et prie pour nous. (Les lèvres du roi
étaient si racornies qu’elles découvraient trois dents jaunies. Les moines
agenouillés dodelinèrent de la tête en priant avec ferveur.) Saint Oswald est
un guerrier de Dieu, et à ses côtés nous ne craindrons personne !
    Eadred alla ensuite ouvrir le plus gros des
coffres. Tous se turent. Les chrétiens savaient évidemment qu’en révélant les
reliques, Eadred convoquait les puissances célestes comme témoins des serments,
tandis que les Danes païens, même s’ils ne comprenaient pas tout à fait, étaient
impressionnés par la magie qu’ils sentaient s’emparer des lieux. Et ils
pressentaient un plus grand prodige encore quand ils virent les moines se
prostrer à plat ventre, tandis qu’Eadred priait muettement. Il resta longtemps
les mains jointes, les yeux levés vers les poutres où voletaient des moineaux ;
il défit enfin les deux gros loquets de bronze et souleva le couvercle du
coffre.
    Un cadavre gisait à l’intérieur. Il était
enveloppé d’un linge, mais j’en distinguai clairement la forme. De nouveau
Guthred m’avait saisi le bras, comme si je pouvais le protéger de la sorcellerie
d’Eadred. Pendant ce temps, l’abbé défaisait délicatement le linge et révélait
un évêque vêtu de blanc, le visage couvert d’un petit carré d’étoffe cousu d’or.
Le cadavre portait au cou un scapulaire brodé, et sa mitre cabossée était
tombée. Une croix d’or ornée de grenats était posée entre ses mains jointes sur
sa poitrine. Un rubis brillait à l’un de ses doigts. Des moines étouffèrent un
cri, comme s’ils ne pouvaient supporter la sainteté qu’exhalait le cadavre, et
même Eadred s’était calmé. Il posa le front au coin du cercueil, puis il se
redressa et me considéra.
    — Sais-tu qui il est ? demanda-t-il.
    — Non.
    — Au nom du Père, du Fils et du
Saint-Esprit, dit-il en ôtant le carré de linge brodé d’or pour révéler un
visage jaunâtre marbré de taches noires. Voici saint Cuthbert. Il est le plus
saint et bienheureux de tous. Oh, doux seigneur, voici saint Cuthbert lui-même !
    Jusqu’à mes dix ans, j’avais été bercé par les
légendes de Cuthbert. J’avais appris qu’il avait dressé des phoques à chanter
des psaumes et que les aigles lui apportaient à manger sur une petite île au
large de Bebbanburg où il s’était retiré en ermite. Il savait apaiser les
orages par les prières et avait sauvé nombre de marins de la noyade. Les anges
venaient lui parler. Il avait un jour sauvé une famille en ordonnant aux
flammes qui dévoraient la maison de retourner en enfer, et le feu s’était
miraculeusement éteint. Il pouvait entrer en plein hiver dans la mer jusqu’au
cou et rester là toute la nuit à prier, et lorsqu’il en ressortait sa robe
était

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