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Les Seigneurs du Nord

Les Seigneurs du Nord

Titel: Les Seigneurs du Nord Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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dernier regard que je n’ai jamais oublié, les
paupières baissées, et un sourire.
    — Jolie fille, dit Hild.
    — Je préférerais une jolie femme.
    — Tu dois te marier, me dit-elle.
    — Je suis marié, lui rappelai-je.
    C’était vrai : j’avais une épouse au
Wessex, qui me détestait, mais Mildrith était désormais dans un couvent et je
me moquais bien qu’elle se considère comme mariée à moi ou au Christ.
    — Cette fille t’a plu, reprit Hild.
    — Toutes me plaisent, éludai-je.
    Gisela disparut dans la foule pendant que l’abbé
Eadred ôtait son épée et en ceignait Guthred. Après quoi, il drapa sur les
guenilles du nouveau roi une belle cape verte bordée de fourrure et posa une
fine couronne de bronze sur ses cheveux blonds. Les moines continuaient de
chanter tandis que l’abbé l’entraînait dans toute l’église pour le montrer à
chacun en levant sa main, et sans doute nombre d’entre eux trouvèrent étrange
que leur nouveau roi ait des chaînes d’esclave au poignet. Des hommes s’agenouillèrent.
Guthred connaissait la plupart des Danes qui entouraient naguère son père et
les salua avec bonne humeur. Il jouait bien son rôle, car il était aussi
intelligent qu’avenant, mais je lui trouvai un air amusé. Je crois qu’il
considérait tout cela comme une nouvelle aventure, plus agréable que de vider
la tinette d’Eochaid.
    Eadred prononça un sermon bienheureusement
bref, bien qu’en deux langues. Il parlait mal le dane, mais suffisamment pour
expliquer aux compatriotes de Guthred que Dieu et saint Cuthbert avaient choisi
le nouveau roi, qu’il était venu et que la gloire les attendait. Ensuite, il
entraîna Guthred vers les torches allumées au milieu de l’église. Les moines s’écartèrent,
dévoilant trois coffres eux aussi entourés de petites bougies.
    — Le serment royal va à présent être
prononcé ! annonça Eadred.
    Les chrétiens s’agenouillèrent de nouveau et
quelques Danes suivirent gauchement leur exemple.
    Le moment était censé être solennel, mais
Guthred le gâcha un peu en se retournant.
    — Uhtred ! appela-t-il. Tu dois
venir !
    Eadred s’offusqua, mais Guthred me voulait à
ses côtés parce que les trois coffres l’inquiétaient. Ils étaient dorés, munis
de grosses serrures, et toutes ces torches lui laissaient penser que quelque
sorcellerie chrétienne allait être mise en œuvre.
    — T’a-t-il appelé Uhtred ? me
demanda Eadred d’un air soupçonneux.
    — Le seigneur Uhtred commande mes troupes,
répondit pompeusement Guthred. (Cela me faisait commandant de pas grand-chose, mais
je restai de marbre.) Et si un serment doit être prononcé, il doit le dire avec
moi.
    — Uhtred… répéta Eadred.
    Il connaissait le nom, bien sûr. Il venait de
Lindisfarena, où régnait ma famille, et je perçus de l’aigreur dans sa voix.
    — Je suis Uhtred de Bebbanburg, dis-je, assez
fort pour que tous l’entendent.
    Quelques moines chuchotèrent et se signèrent, d’autres
posèrent sur moi un regard haineux.
    — Est-ce ton compagnon ? demanda
Eadred à Guthred.
    — Il m’a sauvé et c’est mon ami.
    Eadred se signa. Il me détestait depuis l’instant
où il s’était mépris sur moi, mais là sa haine était à son comble. Il me
haïssait parce que notre famille était censée protéger le monastère de
Lindisfarena qui était désormais en ruines et dont lui, l’abbé, avait été exilé.
    — Ælfric t’envoie ? demanda-t-il.
    — Ælfric, crachai-je, est un usurpateur, un
voleur, un coucou. Un jour, je répandrai ses tripes pourries et je l’enverrai
nourrir l’Éventreur de Cadavres.
    — Tu es donc le fils du seigneur Uhtred, comprit
alors Eadred, voyant mes nombreux bracelets, ma cotte de mailles et mon amulette.
Tu es le garçon élevé par les Danes.
    — Je suis le garçon, dis-je, sarcastique,
qui a tué Ubba Lothbrokson au bord de la mer du Sud.
    — C’est mon ami, insista Guthred.
    L’abbé frémit puis s’inclina pour indiquer qu’il
acceptait.
    — Tu jureras, gronda-t-il, de servir
fidèlement le roi Guthred.
    Je reculai d’un pas. Jurer est une grave
affaire. Si je faisais serment de servir ce roi qui avait été esclave, je ne
serais plus libre. Je serais l’homme de Guthred, prêt à lui obéir jusqu’à la
mort et cette idée m’humiliait.
    — Je t’en libérerai, me chuchota Guthred
en dane, voyant mon hésitation.
    Et je compris que, comme moi, il ne prenait
pas

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