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Les Seigneurs du Nord

Les Seigneurs du Nord

Titel: Les Seigneurs du Nord Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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Ragnarsdottir.
    Surpris, il resta coi un moment, puis comprit
que j’avais évidemment connu Thyra autrefois.
    — La charmante Thyra, ironisa-t-il.
    — Elle est en vie ?
    — Elle devait être l’épouse de Sven.
    — Et l’est-elle ?
    Il éclata de rire.
    — Elle a été menée de force à sa couche, que
crois-tu ? Mais il ne la touche plus. Il la redoute. Elle est enfermée et
Kjartan écoute ses rêves.
    — Ses rêves ?
    — Les dieux parlent par sa bouche. C’est
ce que croit Kjartan.
    — Et toi ?
    — Pour moi, c’est une pauvre folle.
    — Mais elle est en vie ?
    — Si on peut appeler cela vivre.
    — Folle ?
    — Elle s’entaille, dit-il en mimant le
geste sur son bras. Gémit, s’entaille les chairs et prononce des malédictions. Kjartan
a peur d’elle.
    — Et Sven ?
    — Elle le terrifie. Il la préférerait
morte.
    — Et pourquoi ne l’est-elle point, alors ?
    — Parce que les chiens refusent de la
toucher, et parce que Kjartan la croit douée de prophétie. Elle lui a dit que
le guerrier mort le tuerait et il la croit à moitié.
    — Le guerrier mort tuera Kjartan, et
demain il te tuera.
    Il accepta ce destin.
    — Les branches de noisetiers ?
    — Oui.
    — Et une épée à la main ?
    — Aux deux si tu le souhaites, car le
guerrier mort te tuera tout de même.
    Il hocha la tête, ferma les yeux et s’appuya
au mur.
    — Sihtric, me dit-il, est le fils de
Kjartan.
    Sihtric était le garçon que nous avions
capturé avec lui.
    — C’est le frère de Sven ?
    — Son demi-frère. Sa mère était une
esclave saxonne. Kjartan l’a jetée aux chiens quand il a cru qu’elle avait
tenté de l’empoisonner. Peut-être était-ce vrai, ou bien avait-il seulement mal
au ventre. Quoi qu’il en soit, elle a fini sous les crocs des chiens. Il a
laissé Sihtric en vie parce qu’il est mon serviteur et que j’ai intercédé. C’est
un bon garçon. Tu feras bien de le laisser en vie.
    — Mais il me faut huit têtes, lui
rappelai-je.
    — Oui, dit-il avec lassitude. C’est vrai.
Le destin est inexorable.
    L’abbé Eadred voulait que les quatre hommes
soient pendus. Ou noyés. Ou étranglés.
    — Ils ont attaqué notre roi ! s’emporta-t-il.
Et ils doivent souffrir une mort indigne, indigne !
    Il répétait ce mot avec ravissement. Je me
contentai de hausser les épaules en disant que j’avais promis à Tekil une mort
honorable qui l’enverrait au Valhalla et non au Niflheim. Eadred fixa mon
marteau de Thor et piailla qu’en Haliwerfolkland il ne pouvait y avoir merci
pour des hommes qui avaient attaqué l’élu de Cuthbert.
    Nous nous querellions sur la côte menant à la
nouvelle église. Les quatre prisonniers, tous entravés, étaient assis par terre,
gardés par les hommes de Guthred en attendant la décision royale. Eadred
haranguait le roi, disant que montrer de la faiblesse minerait son autorité. Les
clercs étaient d’accord avec l’abbé, ce qui n’avait rien d’étonnant, et les
deux plus véhéments étaient deux moines nouvellement arrivés par les collines
depuis l’est de la Northumbrie. Âgés d’une vingtaine d’années, ils se nommaient
Jænberht et Ida et devaient obéissance à Eadred. Ils étaient manifestement
partis dans les collines en mission pour l’abbé, et maintenant qu’ils étaient
revenus à Cair Ligualid ils exigeaient que les prisonniers connaissent une mort
indigne et douloureuse.
    — Qu’on les brûle ! insistait Jænberht,
comme les païens brûlèrent tant de nos saints hommes ! Qu’ils rôtissent
dans les flammes de l’enfer !
    — Qu’on les pende ! déclarait l’abbé.
    Si Eadred ne s’en rendait pas compte, moi je
sentais que les Danes du Cumbraland qui avaient rejoint Guthred s’offensaient
de la violence des prêtres. Aussi pris-je le roi à part.
    — Penses-tu pouvoir demeurer roi sans les
Danes ? demandai-je.
    — Certes non.
    — Mais si tu supplicies des Danes, ils en
prendront ombrage. Ils penseront que tu favorises les Saxons.
    Guthred parut troublé. Il devait son trône à
Eadred et ne le conserverait pas si l’abbé l’abandonnait, mais il ne pourrait
non plus le garder sans le soutien des Danes du Cumbraland.
    — Que ferait Alfred ? demanda-t-il.
    — Il prierait, et ferait prier tous ses
moines et prêtres, et à la fin ferait le nécessaire pour conserver intact son
royaume. Tout ce qui serait nécessaire, répétai-je posément.
    Guthred hocha la tête

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