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Les Seigneurs du Nord

Les Seigneurs du Nord

Titel: Les Seigneurs du Nord Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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virâmes
de bord pour gagner les eaux intérieures qu’il connaissait bien. C’étaient des
hauts-fonds, le vaisseau rouge hésita à nous y suivre. Nous ramâmes dans les
étroits bras de mer, effrayant les oiseaux. Le navire rouge était toujours en
vue au-delà des dunes, et lorsque la nuit tomba nous fîmes demi-tour, laissant la
marée nous entraîner vers la mer, tandis que les hommes de Sverri nous
fouettaient pour nous forcer à ramer plus vite. Quand l’aube se leva et que les
brouillards se dissipèrent, le vaisseau rouge avait disparu.
    Nous allions à Haithabu chercher le premier
chargement de la saison, mais en approchant du port Sverri aperçut de nouveau
le vaisseau rouge, qui mit le cap sur nous. Nous étions sous le vent, ce qui
facilitait notre fuite, il tenta néanmoins de nous rattraper. Il était à la
rame et, avec plus de vingt bancs, bien plus rapide que La Marchande ; mais
il ne put lutter contre le vent, et le lendemain matin nous étions de nouveau
seuls en mer. Sverri continuait de jurer. Il tira les runes qui le
convainquirent de renoncer à Haithabu. Alors nous partîmes vers le pays des
Sviars, où nous chargeâmes des peaux de castors et de moutons.
    Nous les échangeâmes contre de belles
chandelles de cire roulée. Nous embarquâmes de nouveau du minerai de fer, et le
printemps puis l’été passèrent sans nouvelles du vaisseau rouge. Nous l’avions
oublié. Sverri jugea qu’aller à Haithabu n’était pas risqué. Nous y apportâmes
une cargaison de peaux de rennes et il apprit que le vaisseau rouge, lui, ne l’avait
point oublié. Il revint précipitamment à bord sans prendre d’autres chargements
et je l’entendis parler à ses hommes. Le vaisseau rouge hantait les côtes à la
recherche de La Marchande. C’était, pensait-il, un Dane rempli de
guerriers.
    — Qui ? demanda Hakka.
    — Nul ne sait.
    — Pourquoi ?
    — Comment le saurais-je ? grommela-t-il.
    Mais il était assez inquiet pour tirer de
nouveau les runes, qui lui enjoignirent de quitter au plus vite Haithabu.
    Sverri s’était fait un ennemi, il ignorait qui.
Alors il mena La Marchande en un lieu proche de son hivernage et
débarqua avec des présents. Sverri avait un seigneur. Presque tous les hommes
ont un seigneur qui les protège, celui-ci se nommait Hyring. Il possédait de
vastes terres, et Sverri le payait d’argent chaque hiver pour qu’en retour son
seigneur les protège, lui et sa famille. Mais Hyring ne pouvait guère le
protéger en mer, même s’il promit de découvrir qui menait le vaisseau rouge et
pourquoi il poursuivait Sverri. Entre-temps, Sverri décida de partir loin et
nous reprîmes la mer du Nord pour vendre nos harengs le long des côtes. Nous
regagnâmes la Bretagne pour la première fois depuis ma capture. Nous abordâmes
dans une rivière d’Estanglie dont je ne sus jamais le nom, et nous y chargeâmes
de lourdes peaux de moutons que nous apportâmes en Frankie pour acheter une
cargaison de minerai de fer. C’était un riche chargement, car le fer de Frankie
est le meilleur du monde, et nous achetâmes aussi une centaine de leurs lames
si prisées. Sverri, comme toujours, maudit les Francs pour leur esprit borné, mais
en vérité il avait la tête aussi dure qu’eux ; même s’il payait fort cher
son fer et ses lames, il savait qu’il en tirerait grand profit dans les terres
du Nord.
    C’est donc là que nous repartîmes. L’été
finissait et les oies filaient au sud au-dessus de nous. Deux jours après, le
vaisseau rouge nous attendait auprès de la côte frisonne. Cela faisait des
semaines que nous ne l’avions vu et Sverri devait espérer qu’Hyring l’avait
sauvé, mais il nous attendait. Cette fois, comme il avait l’avantage du vent, nous
gagnâmes les eaux intérieures et les hommes de Sverri nous fouettèrent à tour
de bras. Je gémissais à chaque coup, faisant mine de tirer sur ma rame de
toutes mes forces ; en réalité, je la retenais ma pelle pour que le
vaisseau rouge nous rattrape. Je voyais nettement ses rames se soulever en
cadence, et l’écume frapper sa proue. Il était plus long que La Marchande et bien plus rapide, mais il avait un plus grand tirant d’eau ; c’est
pourquoi Sverri nous avait entraînés dans les eaux intérieures de Frise, que
redoutent tous les navigateurs.
    Cette côte n’est point bordée de rochers comme
tant d’autres au nord. Il n’y a nulle falaise où maint bon navire peut se
fracasser. Ce ne sont

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