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Les Seigneurs du Nord

Les Seigneurs du Nord

Titel: Les Seigneurs du Nord Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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du gruau entre les lèvres.
    — Vis, bâtard, lui disais-je. Que ces
bouts de cul n’aient jamais notre peau. Vis !
    Et il vécut.
    Nous prîmes au nord cet été-là, remontant une
rivière qui serpentait dans un paysage de bouleaux et de mousses, si loin au
nord que des plaques de neige restaient à l’ombre. Nous achetâmes des peaux de
rennes dans un village et les rapportâmes à la grève, où nous les échangeâmes
contre des défenses de morses et des os de baleine, que nous troquâmes ensuite
contre de l’ambre et des plumes d’eider. Nous transportions malt et peaux de
phoques, fourrures et viande salée, minerai de fer et peaux de moutons. Dans
une crique bordée de rochers, nous passâmes deux jours à charger des ardoises
pour faire des pierres à affûter, puis Sverri les échangea contre des peignes
en corne de cerf, des cordages de cuir de phoque et des dizaines de lourds
lingots de bronze. Nous les rapportâmes au Jutland, à Haithabu, un grand port
marchand, si grand qu’il était doté d’un village d’esclaves où l’on nous parqua,
gardés par des lanciers entre de hauts murs.
    Finan y retrouva d’autres Irlandais et je
découvris un Saxon capturé par un Dane sur la côte d’Estanglie. Le roi Guthrum,
me dit-il, était revenu en Estanglie où il bâtissait des églises. Alfred était
toujours en vie. Comme l’homme ne savait rien des otages danes d’Alfred et ne
pouvait me dire si Ragnar avait été libéré ni me donner des nouvelles de
Guthred et de la Northumbrie, je me campai au centre de l’enclos et criai :
    — Y a-t-il ici quelqu’un de Northumbrie ?
    On me regarda d’un œil morne, mais une femme
appela de l’autre côté de la palissade qui séparait hommes et femmes, où les
hommes s’agglutinaient pour les lorgner à travers les pieux.
    — Tu es de Northumbrie ? demandai-je
après en avoir écarté deux.
    — D’Onhripum, répondit-elle.
    Elle était saxonne, âgée de quinze ans et
fille d’un tanneur. Son père devant de l’argent au comte Ivarr, celui-ci l’avait
prise et vendue à Kjartan.
    — À Kjartan ? répétai-je, croyant
avoir mal entendu.
    — Si fait, à Kjartan, qui m’a volée et
vendue à ces misérables.
    — Il est en vie ? demandai-je, étonné.
    — Oui.
    — Mais il était assiégé, protestai-je.
    — Pas de mon temps.
    — Et Sven, son fils ?
    — Il m’a violée aussi.
    C’est bien plus tard que j’eus le fin mot de l’histoire.
Guthred et Ivarr, rejoints par mon oncle Ælfric, avaient tenté de soumettre
Kjartan en l’affamant ; mais l’hiver avait été dur, leurs armées frappées
par les maladies, et Kjartan avait proposé de payer un tribut aux trois chefs
qui avaient accepté. Guthred avait aussi extorqué à Kjartan la promesse de ne
plus attaquer le clergé. Il la tint un temps, mais l’église était trop riche. Alors
Kjartan, trop cupide, avait trahi sa parole au bout d’un an, tuant et réduisant
en esclavage quelques moines. Le tribut d’argent qu’il devait verser chaque
année à Guthred, Ivarr et Ælfric avait été payé une fois, puis plus jamais. Rien
n’avait donc changé. Kjartan avait été soumis pendant quelques mois, puis il
avait jugé que ses ennemis n’étaient point de taille. La fille du tanneur ne
savait rien de Gisela, n’avait jamais entendu parler d’elle, et je songeai qu’elle
était peut-être morte. Le soir venu, le désespoir me gagna. Je me rappelai Hild
et me demandai ce qu’il en était advenu, j’avais peur pour elle et je me
souvins de la nuit où j’avais embrassé Gisela sous les hêtres puis, pensant que
tous mes rêves étaient désormais vains, je pleurai.
    J’avais épousé une femme en Wessex et je n’avais
aucune nouvelle. À la vérité, je ne m’en souciais guère. La mort m’avait pris
mon fils. Elle m’avait ravi Iseult. J’avais perdu Hild et Gisela. Voyant les
larmes rouler sur mes joues, Finan se mit à pleurer lui aussi, et je compris qu’il
songeait à son pays. Je tentai de rallumer ma colère, car elle seule peut faire
vivre, mais elle faisait la sourde oreille. Et je ne pouvais m’empêcher de
pleurer, me disant que mon destin serait de ramer jusqu’à mourir d’épuisement
et d’être jeté par-dessus bord.
    — Toi et moi, me dit Finan.
    — Toi et moi ? demandai-je.
    — Épées à la main, mon ami. Toi et moi. Il
en sera ainsi un jour.
    Il voulait dire que nous serions libres et
jour et que nous nous

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