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Les Seigneurs du Nord

Les Seigneurs du Nord

Titel: Les Seigneurs du Nord Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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Eoferwic offrir
à Guthred argent, paix et promesse de ne plus maltraiter les chrétiens. Guthred
s’est presque laissé tenter.
    — Comment a-t-il pu ?
    — Un homme acculé a besoin d’alliés. Guthred
a certes besoin d’argent, et possède l’esprit fatal de l’homme qui croit
toujours que les autres sont bons. Sa sœur n’est point aussi charitable et n’a
rien voulu entendre. Elle a fui au couvent.
    — Quand ?
    — L’an passé. Kjartan a pris ce refus
comme une insulte de plus, et menacé d’envoyer ses hommes violer toutes les
nonnes.
    — Elle est encore au couvent ?
    — Elle y était quand j’ai quitté Eoferwic.
Elle y est à l’abri du mariage, n’est-ce pas ? Peut-être n’aime-t-elle
point les hommes. Comme bien des nonnes. Mais je doute que son frère l’y laisse
encore bien longtemps. Elle est bien trop utile comme génisse de paix.
    — Pour épouser le fils de Kjartan ?
    — Cela ne sera point, dit-il en se
resservant de l’ale. Le père Hrothweard, tu le connais ?
    — Un méchant homme, répondis-je, me
rappelant l’émeute qu’il avait provoquée à Eoferwic contre les Danes.
    — Hrothweard est un être fort déplaisant,
convint Offa avec un enthousiasme qui ne lui était guère habituel. C’est lui
qui a proposé l’impôt sur les Danes. Et aussi que la sœur de Guthred devienne
la nouvelle épouse de ton oncle, idée qui a probablement dû séduire Guthred. Ælfric
a besoin d’une épouse, et s’il était disposé à envoyer ses hommes au Sud cela
accroîtrait grandement la puissance de Guthred.
    — Et Bebbanburg serait dégarnie.
    — Soixante hommes peuvent tenir la
forteresse jusqu’au Jugement dernier. Guthred a besoin d’une plus grande armée,
et deux cents hommes de Bebbanburg seraient un don du ciel… cela vaut bien une
sœur. Note bien qu’Ivarr ferait tout pour empêcher ce mariage. Il ne veut point
que les Saxons du nord de la Northumbrie s’allient aux chrétiens d’Eoferwic. Aussi,
seigneur, conclut-il en repoussant son banc comme si l’entretien était terminé,
la Bretagne est en paix, sauf la Northumbrie, où Guthred est en péril.
    — Nul trouble en Mercie ?
    — Rien d’inhabituel.
    — En Estanglie ?
    — Ni là non plus… dit-il après une
hésitation. (Sachant que la pause était destinée à me faire mordre à l’hameçon,
j’attendis. Offa me lorgnant d’un air innocent, je soupirai, tirai une autre
pièce de ma bourse et la posai sur la table. Il la fit sonner pour s’assurer qu’elle
était de bon argent.) Le roi Æthelstan, l’ancien Guthrum, négocie avec Alfred. Alfred
croit que je l’ignore, mais je le sais. Ensemble, ils vont se répartir l’Anglie.
    — Eux ? Se la répartir ? Et de
quel droit ?
    — Les Danes recevront la Northumbrie, l’Estanglie
et le nord-est de Mercie. Le Wessex en recevra le sud-ouest.
    — Alfred n’acceptera point.
    — Il acceptera.
    — Il veut toute l’Anglie.
    — Il veut que le Wessex soit sûr.
    — Il acceptera de renoncer à la moitié de
l’Anglie ? demandai-je, incrédule.
    — Vois les choses ainsi, seigneur, sourit
Offa. En Wessex il ne se trouve nul Dane, mais là où règnent les Danes il se
trouve de nombreux Saxons. Si les Danes acceptent de ne point attaquer Alfred, il
pourra se sentir en sécurité. Mais comment les Danes auront-ils une telle assurance ?
Même si Alfred accepte de ne point les attaquer, il restera sur leurs terres
des milliers de Saxons qui pourraient se soulever à tout moment, surtout s’ils
recevaient l’encouragement du Wessex. Le roi Æthelstan conclura ce traité avec
Alfred, mais celui-ci ne vaudra même pas le parchemin sur lequel il sera écrit.
    — Tu veux dire qu’Alfred rompra ce traité ?
    — Pas ouvertement. Mais il encouragera la
révolte saxonne, soutiendra les chrétiens, fomentera des troubles, tout en
disant ses prières et en jurant amitié éternelle à l’ennemi. Tous, vous tenez
Alfred pour un pieux lettré, mais son ambition embrasse toutes les terres d’ici
à la Scotie. Vous le voyez prier, moi je le vois qui rêve. Il enverra des
missionnaires aux Danes et vous n’y verrez rien de plus, mais chaque fois qu’un
Saxon occira un Dane ce sera Alfred qui lui aura fourni sa lame.
    — Non, pas Alfred. Son dieu lui interdit
la traîtrise.
    — Que sais-tu du dieu d’Alfred ? me
demanda-t-il, méprisant. Il ferma les yeux et entonna : « Le Seigneur
notre Dieu nous livra notre ennemi,

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