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Les Seigneurs du Nord

Les Seigneurs du Nord

Titel: Les Seigneurs du Nord Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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à la conversion des païens.
    — Je n’en serai point, dit Ragnar.
    — Le Christ viendra à toi un jour, seigneur
Ragnar, et tu seras étonné par sa grâce.
    Ragnar ne répondit pas. Je vis cependant qu’il
était aussi impressionné que moi par l’église d’Alfred. Le tombeau de saint
Swithiun était enclos d’une grille d’argent, devant le grand autel couvert d’un
linge rouge aussi grand qu’une voile. Dessus se dressaient une douzaine de
beaux cierges de cire dans des bougeoirs d’argent, flanquant une énorme croix d’argent
incrustée d’or dont Ragnar observa qu’elle valait bien un mois de voyage pour s’en
emparer. De part et d’autre se trouvaient des reliquaires, des coffrets et des
fiasques d’argent et d’or, tous incrustés de gemmes. L’une comportait de
petites fenêtres de cristal, afin de laisser voir les reliques. Il y avait l’anneau
de pied de Marie-Madeleine et ce qui restait de la plume de la colombe que Noé
avait lâchée depuis son arche. Il y avait aussi la cuiller de corne de saint
Kenelm, une fiole de poussière du tombeau de saint Hedda et un sabot de l’âne
que Jésus avait chevauché jusqu’à Jérusalem. Le linge avec lequel
Marie-Madeleine avait lavé les pieds de Jésus était enfermé dans un grand
coffre doré, et à côté, minuscule auprès de tant d’or, les deux dents de saint
Oswald, présent de Guthred. Elles étaient encore dans leur pot à huîtres en
argent, qui paraissait bien misérable auprès des autres. Beocca nous montra
tous ces trésors sacrés, mais il était particulièrement fier d’un morceau d’os
exposé derrière un éclat de cristal laiteux.
    — J’ai trouvé celui-ci, et il est tout à
fait extraordinaire ! (Il souleva le couvercle de la boîte et en sortit l’os,
qui ressemblait à un reste de mauvais ragoût.) C’est l’ œstel de saint
Cedd ! dit-il d’un ton empreint de respect, en se signant et en le
considérant de son œil valide comme s’il venait de tomber du ciel.
    — Le quoi ?
    — L’œstel.
    — Qu’est-ce qu’un œstel ? demanda
Ragnar.
    Il parlait mieux l’angle, après ses années de
captivité, mais ignorait encore certains mots.
    — Un œstel est un outil pour suivre les
lignes dans un livre.
    — Pourquoi ne point user de son doigt ?
s’étonna Ragnar.
    — Cela pourrait étaler l’encre. Un œstel
est propre.
    — Et celui-là appartenait vraiment à
saint Cedd ? demandai-je, faisant mine d’être fasciné.
    — Si fait, si fait, s’enthousiasma Beocca.
C’est l’œstel même de saint Cedd. Je l’ai découvert ! Dans une petite
église de Dornwaraceaster dont le prêtre était un ignorant. Il se trouvait dans
une boîte de corne portant le nom de saint Cedd, et ce prêtre ne savait même
pas lire ! Un prêtre illettré ! Je l’ai donc confisqué.
    — Vous voulez dire que vous l’avez volé ?
    — Je l’ai pris pour le mettre en lieu sûr,
s’offensa-t-il.
    — Et quand vous serez un saint, quelqu’un
mettra l’une de vos puantes chausses dans une cassette d’or et on l’adorera.
    — Tu me taquines, Uhtred.
    En le voyant rougir, je compris que j’avais
mis le doigt sur son ambition secrète. Il voulait être déclaré saint, et
pourquoi pas ? C’était un brave homme, bien meilleur que beaucoup d’autres
que j’ai connus et qui sont aujourd’hui révérés comme tels.
    Brida et moi rendîmes visite à Hild dans l’après-midi
et donnâmes à son couvent trente chelins, presque tout l’argent que je
possédais ; mais Ragnar était convaincu que la fortune de Sverri lui
reviendrait du Jutland et il voulait la partager avec moi. Confiant dans cette
perspective, j’offris cet argent à Hild, qui fut ravie de voir sa croix d’argent
sur la garde de Souffle-de-Serpent.
    — Tu dois user de ton épée avec sagesse, désormais,
me dit-elle gravement.
    — J’en use toujours ainsi.
    — Tu as appelé la puissance de Dieu sur
ta lame et tu ne dois rien commettre de mal.
    Je doutais d’obéir jamais à cette consigne, mais
c’était agréable de voir Hild. Alfred lui avait offert un peu de la poussière
du tombeau de saint Hedda et elle m’apprit que, mélangée à du caillé, cela
faisait une médecine miraculeuse qui avait guéri au moins une douzaine des
malades du couvent.
    — Si jamais tu es malade, me dit-elle, tu
devras venir ici afin que je t’en oigne.
    Je revis Hild le lendemain quand nous fûmes
tous mandés pour assister à la

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