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Les Seigneurs du Nord

Les Seigneurs du Nord

Titel: Les Seigneurs du Nord Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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fou et je l’étais
peut-être… mais dans ce chaos qui enténébrait la Northumbrie, il restait une
chose à laquelle Ivarr n’avait pas songé. Il devait penser qu’il avait déjà
gagné. Ses armées se rassemblaient et Kjartan poussait Guthred au centre du
pays, là où nulle armée ne pouvait survivre longtemps sous la pluie et le vent
glacés. Mais Ivarr avait oublié Ragnar, parti depuis si longtemps, qui détenait
dans les collines une portion de terre où vivaient des hommes qui lui étaient
fidèles.
    J’eus la gorge nouée quand nous entrâmes dans
la vallée, car c’était près de Synningthwait que j’avais vécu mon enfance, élevé
par le père de Ragnar. Là, j’avais appris à me battre, là j’avais été aimé, là
j’avais connu le bonheur, et vu Kjartan réduire en cendres le château de Ragnar
et massacrer ses occupants. J’y revenais pour la première fois depuis cette
nuit funeste.
    Les hommes de Ragnar habitaient un village
dans les collines voisines, mais la première personne que je vis fut Ethne, l’esclave
scote que nous avions libérée à Gyruum. Elle portait deux seaux d’eau et ne me
reconnut pas quand je l’appelai. Puis elle lâcha ses seaux et courut vers les
maisons en criant, et Finan surgit sur le seuil. Il poussa un cri de joie, d’autres
sortirent, et bientôt une foule nous acclama, car Ragnar était revenu parmi les
siens.
    — Tu veux savoir comment Sverri est mort ?
demanda Finan en courant près de mon cheval.
    — Lentement ?
    — Et bruyamment. Et nous avons pris son
argent.
    — Beaucoup ?
    — Plus que tu ne peux en rêver ! Et
nous avons brûlé sa maison, et laissé sa femme et ses enfants en pleurs.
    — Tu les as épargnés ?
    — Ethne avait de la peine pour eux, dit-il,
gêné. Mais le tuer, lui, a été un plaisir. Alors, nous partons en guerre ?
    — En effet.
    — Nous allons combattre ce bâtard de
Guthred ?
    — C’est ce que tu veux ?
    — Il a envoyé un prêtre annoncer que nous
devions payer l’impôt de l’église ! Nous l’avons chassé.
    — Je te croyais chrétien.
    — Je le suis, se défendit-il, mais que je
sois damné avant de donner à un prêtre un dixième de mes biens.
    Les hommes de Synningthwait s’attendaient à
combattre pour Ivarr. Ils étaient danes et voyaient la guerre imminente comme
un conflit entre Danes et Saxons enrichis, mais aucun ne se montrait enthousiaste
car Ivarr n’était point aimé. Ses émissaires avaient atteint Synningthwait cinq
jours auparavant, et Rollo, qui commandait en l’absence de Ragnar, avait
délibérément tergiversé. À présent, la décision revenait à Ragnar. Ce soir-là, devant
le château où brûlait un grand feu, il invita ses hommes à dire le fond de leur
pensée. Il aurait pu leur donner des ordres, mais il n’avait pas vu la plupart
depuis trois ans et voulait connaître leur sentiment.
    — Je les laisserai parler, m’annonça-t-il,
puis je leur dirai ce que nous ferons.
    — Et que ferons-nous ?
    — Je l’ignore encore, sourit-il.
    Rollo parla le premier. Il n’avait rien contre
Guthred, déclara-t-il, mais il se demandait s’il était le meilleur roi pour la
Northumbrie.
    — Une terre a besoin d’un roi qui soit
juste, généreux et fort. Guthred n’est ni juste ni fort. Il favorise les
chrétiens.
    Un murmure d’approbation s’éleva dans l’assemblée.
    Beocca, assis à côté de moi, en comprit assez
pour s’inquiéter.
    — Alfred soutient Guthred ! siffla-t-il.
    — Taisez-vous.
    — Guthred, continua Rollo, a exigé que
nous payions un impôt aux prêtres chrétiens.
    — L’avez-vous fait ? demanda Ragnar.
    — Non.
    — Si Guthred n’est point roi, demanda
Ragnar, qui devrait l’être ? (Personne ne répondit.) Ivarr ? (Un
frémissement parcourut la foule. Personne n’aimait Ivarr, mais nul ne parla.) Et
le comte Ulf ?
    — Trop vieux, à présent, dit Rollo. Et
puis il est retourné à Cair Ligualid et entend y rester.
    — Y a-t-il un Saxon qui nous laisserait
en paix, nous autres Danes ? demanda Ragnar. (Tous se turent.) Un autre
Dane, alors ?
    — Ce doit être Guthred ! cria Beocca.
    Rollo avança d’un pas pour appuyer ses paroles.
    — Nous te suivrions, seigneur, dit-il à
Ragnar, car tu es juste, généreux et fort.
    Des acclamations s’élevèrent.
    — C’est une trahison, protesta Beocca.
    — Taisez-vous, lui dis-je.
    — Mais Alfred nous a dit…
    — Alfred n’est point là,

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