Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les Seigneurs du Nord

Les Seigneurs du Nord

Titel: Les Seigneurs du Nord Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
Vom Netzwerk:
avez-vous
songé ?
    — Songé à quoi ?
    — Que Guthred puisse être déjà vaincu, voire
mort. Ou courbé sous les chaînes de Kjartan.
    — Dieu nous en préserve, dit-il en se
signant.
    — Ce n’est point arrivé, le rassurai-je.
    — Comment le sais-tu ?
    — Parce que nous aurions croisé ses
fugitifs, avançai-je.
    Rien ne permettait de le dire. Peut-être
Guthred se battrait-il en cet instant même, mais je le croyais en vie et plus
très loin. Je ne saurais dire pourquoi, car c’était une intuition aussi
difficile à déchiffrer que le message d’un dieu dans la chute d’une plume, mais
j’avais appris à me fier à mes intuitions.
    Et j’avais raison, car en fin de matinée l’un
des éclaireurs revint au galop pour annoncer à Ragnar qu’une vaste troupe d’hommes
et de chevaux se trouvait dans la vallée de la Swale.
    — Ils sont à Cetreht, seigneur.
    — De notre côté de la rivière ?
    — Si fait. Dans l’ancien fort. Pris au
piège. Il y a une autre troupe armée devant.
    Il ne s’était pas assez approché pour voir des
bannières, mais deux autres étaient allés y voir de plus près.
    Nous redoublâmes d’ardeur. Alors que les
nuages filaient dans le ciel et qu’à midi une courte averse tombait, les deux
éclaireurs revinrent.
    — Guthred est dans le fort, annoncèrent-ils.
    — Et qui l’assiège ?
    — Les hommes de Kjartan, seigneur. Ils ne
sont qu’une soixantaine, dit-il avec un grand sourire, sachant qu’il allait y
avoir un combat.
    — Kjartan ou Sven est avec eux ?
    — Non, seigneur. Ils ont à leur tête un homme
du nom de Rolf.
    — Lui as-tu parlé ?
    — J’ai parlé avec lui et bu de son ale, seigneur.
Ils surveillent Guthred afin qu’il ne s’échappe. Ils attendent l’arrivée d’Ivarr.
    — Ivarr ? Pas Kjartan ?
    — Kjartan demeure à Dunholm, seigneur, c’est
ce que l’on m’a dit, et qu’Ivarr viendra du Nord une fois Eoferwic garnie.
    — Il y a soixante hommes de Kjartan dans
la vallée, cria Ragnar à ses guerriers, portant instinctivement la main à
Brise-Cœur, l’épée à laquelle il avait donné le nom de celle de son père pour
ne pas oublier son devoir de venger sa mort. Soixante hommes à occire ! (Il
demanda son bouclier et se tourna vers les éclaireurs.) Pour qui vous ont-ils
pris ?
    — Nous avons prétendu servir Hakon, seigneur.
Nous avons dit le chercher.
    — C’est fort bien pensé, dit Ragnar en
leur donnant des pièces d’argent. Combien d’hommes Guthred a-t-il avec lui ?
    — Une centaine au moins selon Rolf, seigneur.
    — Une centaine ? Et il n’a point
tenté de chasser soixante adversaires ?
    — Non, seigneur.
    — Quel roi ! observa Ragnar avec
mépris.
    — S’il combat, dis-je, à la fin de la
journée il lui en restera moins de cinquante.
    — Que fait-il, alors ? demanda
Ragnar.
    — Il prie, sans doute.
    Guthred, comme nous l’apprîmes plus tard, avait
paniqué. Empêché de rejoindre Bebbanburg, il avait pris à l’ouest vers le
Cumbraland, pensant qu’en cette contrée familière il trouverait des alliés ;
mais le temps l’avait ralenti et il était talonné par des cavaliers ennemis. Craignant
une embuscade dans les collines, il avait changé d’avis et décidé de rentrer à
Eoferwic, mais il n’avait pu aller plus loin que le fort romain qui gardait
autrefois le passage de la Swale à Cetreht. Il était à bout. Certains de ses lanciers
avaient déserté, jugeant que seule la mort les attendait s’ils restaient avec
lui. Guthred avait donc envoyé des messagers mander secours aux thanes
chrétiens de Northumbrie, mais nous avions déjà croisé leurs cadavres et
savions qu’aucune aide ne viendrait. À présent, il était pris au piège, et les
soixante hommes le retiendraient à Cetreht en attendant qu’Ivarr vienne porter
le coup de grâce.
    — Si Guthred prie, observa sévèrement
Beocca, ses prières sont entendues.
    — Vous voulez dire que c’est le dieu
chrétien qui nous a envoyés ?
    — Qui d’autre l’aurait fait ? s’indigna-t-il.
Quand nous verrons Guthred, tu me laisseras parler le premier.
    — Vous pensez que l’heure est aux
cérémonies ?
    — Je suis un ambassadeur, n’oublie point !
protesta-t-il. Tu n’as aucune notion de la dignité ! La nuit dernière, Uhtred,
quand tu as dit à ce sauvage irlandais de m’égorger, qu’avais-tu à l’esprit ?
    — De vous faire garder le silence, mon
père.
    — Je

Weitere Kostenlose Bücher