Les templiers
». Il leur accorde tout ce qu’ils pourraient conquérir afin qu’ils emploient le butin pour leur propre usage. Il met sous la protection du Saint-Siège tous les biens acquis ou à acquérir. La Règle est, à nouveau, approuvée, ainsi que les us et les coutumes, la manière de vivre dans la chasteté, la pauvreté et l’obéissance au Maître. L’élection du Maître se fera toujours par le Chapitre de la Maison, par des personnes ayant fait profession de l’habit et des usages. Aucune coutume ou l’observance ne sera changée ou variée sans l’assentiment du Maître avec l’approbation et le consentement du Chapitre. Personne n’obligera ladite Milice ou même un membre en particulier à prêter fidélité, hommage, jugement ou autres obligations ou sûreté qui se rencontrent chez les séculiers. Aucun membre de l’Ordre, ayant fait profession, ne pourra retourner dans le siècle, ni passer dans un autre Ordre, même sous prétexte de plus grande ou plus petite observance, sans l’autorisation du Maître ; aucun supérieur ne pourra recevoir un templier sans une lettre de ce Maître. Les Templiers ne devront payer les dîmes de leurs terres, de leur propre travail, des terres qu’ils cultivent, ni des nourritures tant de leurs élevages que des animaux divers.
Le pape confirme les dîmes données par les clercs ou les testateurs, avec le consentement des évêques. Il accorde la faculté d’admettre des clercs et des prêtres pour célébrer les offices et administrer les sacrements à la maison principale de l’Ordre et aux dépendances et filiations de celle-ci, dans les juridictions et les obédiences. Les clercs et prêtres feront un an de noviciat. Ils auront droit à la même table et au même habit que les profès, à la différence que leur vêtement sera fermé. Ils pourront choisir le prélat qu’ils voudront pour la consécration des autels, des églises, des ordinations des clercs ou autres sacrements ecclésiastiques. Il prohibe, cependant, que les clercs de l’Ordre soient envoyés en prédication par intérêt. Le Pape concède la faculté, dans les lieux déserts donnés par des fidèles, d’établir une population, d’édifier église et cimetière pour l’usage des habitants, s’il n’y a pas, dans les environs, une abbaye ou une communauté religieuse ou paroissiale. Sinon, les installations seront réservées aux membres de l’Ordre.
À son entrée dans l’Ordre, le frère prononce les vœux et promet, par la cédule qu’il met sur l’autel, d’être au service de Dieu toute sa vie, sous l’obéissance du Maître. Le pape donne sa protection apostolique à toutes les personnes qui se destinent au Temple, « en confrère ou dans la fraternité ». Il autorise la quête dans tous les villages, une fois par an. À cette occasion les frères pourront célébrer les offices, même dans les lieux frappés d’excommunication ou d’interdit. Dans ces lieux interdits, les frères pourront, s’ils ont une maison, continuer à célébrer leurs offices, portes fermées, et recevoir les sacrements des mains de n’importe quel prêtre. Le Pape termine sa lettre en étendant tous les privilèges aux familles et servants de l’Ordre.
Cette bulle ne semble pas avoir été prise au sérieux par les prélats, puisque le pape leur enverra de nombreuses lettres « Cum Dilectis filiis », adressées à tous ou encore « Dilecti filii nostri », à tel ou tel, spécialement.
Tout cela est la trace d’un conflit important entre le Temple et les membres du clergé. Les allusions du pape font déjà entrevoir les accusations de richesse et d’avarice qui tomberont sur l’Ordre. Le souverain pontife engage les prélats à recevoir les frères qui quêtent avec honnêteté et à les présenter au peuple des églises. Il leur interdit de mettre les églises du Temple sous interdit ou excommunication. Il sera fait justice aux paroissiens qui molestent les frères ou entrent dans les maisons du Temple pour dérober les biens propres à l’Ordre ou ceux déposés par des particuliers.
À travers ces documents, le changement d’opinion, après un siècle, est sensible. Le temps est loin où les rois, les barons, les princes et les prélats encourageaient les donations. Néanmoins, malgré la perte de Jérusalem, les pèlerins étaient aussi nombreux. Souvent il arrivait que les pénitences imposées par l’Église se traduisent par un voyage aux Lieux Saints. Il
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