Les templiers
almohades réunissaient près de quatre cent mille combattants. Mais si la stratégie musulmane était très bien réglée, l’accord des troupes le fut moins.
La bataille de Las Navas de Tolosa fut le couronnement de la croisade espagnole et de la chute progressive des roitelets musulmans de la Péninsule ibérique. Les ordres militaires se distinguèrent particulièrement et la participation du Temple fut aussi importante que les autres, les chroniques ne laissant entrevoir que l’ensemble des Ordres.
En Castille, le Temple ne prit pratiquement plus aucune part à la reconquête. Les ordres de Calatrava, d’Alcantara et de Santiago s’occupèrent des places restantes au sud de l’Andalousie. Par contre, l’apport des armes par les Templiers, durant la reconquête du royaume de Murcie et de Valencia, fut très important.
Aux Cortès de Barcelone de 1228, il fut décidé d’entreprendre une expédition contre le royaume de Majorque. Les Templiers y participèrent grandement. En récompense le roi don Jaime I er d’Aragon leur octroya, de Lérida, le 6 février 1229, un privilège par l’intermédiaire de Foulques de Montpezat, Maître en Provence et en Espagne. Néanmoins, la conquête des îles baléares ne fut pas si simple. Elle dura jusqu’en 1232, tandis qu’Ibiza ne fut annexée qu’en 1236. Les actes de don Jaime I er d’Aragon témoignent du rôle important joué par les Templiers, en particulier, un document du 9 juillet 1333, envoyé à Raymond Patot, Maître du Temple en Provence et en Espagne, et confirmant les biens pris sur les Maures.
L’annexion du royaume de Murcia, en 1243, se fit sans grande difficulté et celle du royaume de Valence suivit quelque temps après, puisque dès 1252 don Jaime I er accordait déjà des privilèges aux Templiers de cette ville.
Le Temple exerça une influence en Espagne et au Portugal jusqu’à la période troublée du procès. Cette influence se continuera par les deux seuls véritables descendants et successeurs du Temple : l’ordre de Montesa et l’ordre du Christ. Tous les autres ne peuvent prétendre à une succession légitime et prouvée.
CHAPITRE XI Les erreurs et les « combines »
J ÉRUSALEM perdue, le Maître de Ridefort disparu, et avec lui sa désastreuse politique, un grand changement s’effectua sous la maîtrise de Robert de Sablé. Les Templiers firent à nouveau preuve d’une conduite irréprochable pendant toute la III e Croisade.
Du royaume de Jérusalem, il ne restait plus rien. Seule la Syrie résistait avec les villes de Tripoli et d’Antioche, la ville templière de Tortose et la forteresse des Hospitaliers de Margat.
Après la chute de Jérusalem et la bataille de Hattin, il fallut défendre la ville de Tyr et se procurer des défenseurs. Dix jours après l’enfer de Hattin, se produisit un événement assez inattendu. Le 14 juillet 1187, une escadre italienne – pisane ou génoise, on ne sait – , venant de Constantinople, passa sous la voûte du port de Tyr. À bord, un seigneur d’Occident : le marquis Conrad de Montferrat, oncle de Baudouin Y. Moitié allemand, moitié italien, il voulut, avant d’entreprendre quoi que ce soit, s’assurer des soldats. Il se fit rendre hommage, prêter serment et reconnaître pour seigneur. Remettant en valeur la défense de la presqu’île de Tyr, il prit la tête des Francs. Il usa si bien de ses qualités de chef de guerre que Saladin, lorsqu’il voulut assiéger la ville, ne put déployer son armée. Le marquis avait fait construire des batteries flottantes encerclant la presqu’île. Elles accueillirent les troupes musulmanes avec des tirs d’arbalète. Un combat naval s’engagea entre les galères égyptiennes envoyées par Saladin et les galères franques de Conrad. Après avoir essuyé un échec sur mer, le 30 décembre 1187, Saladin leva le siège dans la nuit du 1 er janvier suivant.
C’est alors qu’apparut, à nouveau, Guy de Lusignan. Conrad lui ferma les portes de Tyr. Prisonnier des musulmans, sa lâcheté lui avait valu la liberté contre le serment de ne plus porter les armes contre Saladin. Pour marquer cette soumission, il arriva devant les murailles de Tyr, l’épée à l’arçon de sa selle : c’était son cheval qui était combattant, et non lui.
Gérard de Ridefort avait été, lui aussi, mis « en congé de captivité », dans les mêmes conditions. Mais son manque total de tact et de diplomatie, sa nullité
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