Les templiers
de la flotte anglaise à Messine, d’après l’acte avec les Pisans, Robert de Sablé attendait que les troupes françaises et anglaises soient au complet pour embarquer. Pendant ce temps, Robert et le duc de Bourgogne firent les démarches nécessaires à l’accord passé entre Richard Cœur de Lion et Tancrède, roi de Sicile, au sujet de la dot de la reine douairière, sœur du roi d’Angleterre.
L’ensemble des Croisés passa l’hiver en Sicile. Richard Cœur de Lion se trouva face à face avec Philippe-Auguste, dont l’animosité commençait à apparaître au grand jour. À la fin du mois de mars 1191, Philippe-Auguste mit le cap sur Acre, où il arriva le 20 avril. Richard, lui, débarqua le 7 juin suivant, après son expédition sur Chypre qu’il enleva à Isaac Comnène. Le roi anglais vendit l’île aux Templiers. Si cette conquête retarda la prise d’Acre, il faut reconnaître que, débarrassée de Byzance et gardée par les Templiers, l’île fut un tremplin plus favorable pour le ravitaillement des troupes franques.
Robert de Sablé dirigea et commanda les Templiers durant toute la campagne d’Acre. L’influence politique du Temple redevint importante et sa tenue militaire irréprochable. Les Templiers eurent l’occasion de remettre en honneur leur sens politique lors des discussions entre les rois de France et d’Angleterre qui, souvent, les faisaient participer à leurs grands litiges. En effet, l’Ordre possédait des biens importants dans les deux pays. Les trésoriers de Londres et de Paris devinrent, quelques années après la chute d’Acre, les conseillers particuliers des deux rois. À Paris, le frère Aymard fut le gardien du Trésor royal. Si le Temple de Paris étendait son influence dans le domaine royal, le Temple de Londres jouissait d’un grand prestige sur l’île entière. De plus, le roi était lié d’amitié avec le nouveau Maître. Mais Robert de Sablé fera preuve de beaucoup de tact et de doigté devant les affrontements royaux.
L’influence politique de Robert se fit surtout sentir lors des débats sur la couronne de Jérusalem.
Cette crise se déroula parallèlement au siège d’Acre.
Après sa libération, Guy de Lusignan reprit, non pas toute, mais une bonne partie de son autorité royale. Elle fut difficile à maintenir. La reine Sybille lui avait donné deux filles, Aelis et Marie. La mère et les deux filles moururent au cours de l’été 1190. L’avenir de la dynastie fut menacé ainsi que les droits à la couronne de Guy de Lusignan, car tout le pouvoir revenait à Isabelle, la sœur cadette. Or deux problèmes se posèrent. Dans le sens de l’hérédité, Isabelle devenait reine et Onfroy de Montréal, roi. Les barons, se souvenant de sa dérobade en 1186, qui avait assuré le couronnement de Lusignan, refusèrent cette solution. L’évêque de Beauvais préconisa de faire épouser Isabelle à Conrad de Montferrat. Ce fut fait en un temps record. L’archevêque de Cantorbery protesta contre la bigamie : on accusait Conrad d’avoir une femme en Lombardie et une autre à Constantinople. L’archevêque, en sa qualité de légat pontifical, déclara le mariage nul et non avenu. Innocent III, intervenant un peu tard d’ailleurs, approuva son légat. Après le repas de noces, les barons du parti de Montferrat, continuèrent la fête dans les champs, sans se soucier des musulmans qui tuèrent vingt convives et enlevèrent Guy de Senlis.
La compétition dynastique recommença de plus belle et avec violence. Montferrat repartit pour Tyr et ne revint qu’en compagnie de Philippe-Auguste. Les Templiers prirent le parti de Guy de Lusignan « et du roi d’Angleterre. Celui-ci comprit vite que Lusignan était un homme aimable, mais bête et simplet ; aussi les Templiers résilièrent l’achat de Chypre que Richard Céeur de Lion céda aussitôt au roi.
Pendant ce temps, la guerre contre les musulmans faisait rage. En dehors des batailles navales, les troupes croisées avaient maille à partir avec les armées musulmanes. Heureusement, les renforts arrivaient petit à petit d’Europe et, sous la conduite de leurs chefs, participaient immédiatement aucombat. Le 25 juillet 1190, une bataille déboucha sur un désastre : sept mille hommes périrent. Le 27 du même mois, Henri de Champagne, à la tête d’un important contingent rétablit la situation. Le duc de Souabe, et Geoffroy de Lusignan vinrent à leur tour grossir les
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