Les templiers
Dans la nuit, les Templiers et les Hospitaliers firent une razzia de deux cents bêtes à cornes dans les montagnes de Jérusalem.
Le roi d’Angleterre continuait à hésiter. Les Français, sous les ordres du duc de Bourgogne, ne participaient pas à la politique de Richard ; les Anglais avaient pris goût aux tavernes et maisons louches, où il allait lui-même les chercher.
Aux premiers jours de l’année 1192, l’armée se mit en route vers Jérusalem. Mais le temps lui fut hostile : la pluie et la grêle noyèrent les bêtes de somme et toutes les provisions furent gâtées.
L’assaut sur Jérusalem fut remis à plus tard. Les Templiers, les Hospitaliers et même les barons recommandèrent au roi de faire retraite. Tous craignaient une attaque des Turcs en passant la montagne.
Le Maître du Temple réunit son Conseil afin de préparer un plan général de libération de la Ville Sainte. Il fut décidé de donner un avis au roi : reprendre Jérusalem et défendre la ville était impossible tant que les musulmans seraient en possession de Darum, Gaza, le Crac et Montréal, les places fortes sur les marches de l’Égypte. Cette politique du Temple fut de bon aloi et on s’y tint jusqu’à la fin. Les Templiers voulurent toujours s’assurer des ports et des places fortes avant d’entreprendre quoi que ce soit à l’intérieur des terres.
Le Maître du Temple et celui de l’Hôpital virent bien, et ils ne se trompaient pratiquement pas, que toute la défense de la Terre Sainte allait leur être dévolue. Les barons syriens avaient perdu leurs fiefs ou leurs seigneuries et Montferrat boudait dans la ville de Tyr. Pendant toute la III e Croisade, les troupes des deux Ordres montrèrent du courage et de la discipline ; les barons, quant à eux, s’attachaient à des pacotilles : titres, généalogies ou hommages...
Les Templiers et les Hospitaliers ont toujours tenu leur rôle. Toujours prêts, toujours à la tâche, malgré le froid ou la chaleur, alors que les barons, délicats et chicaneurs, se plaignaient de la boue et de la poussière.
Assurément, le seul but des barons était de reprendre Jérusalem ; mais, faisant fi de toutes connaissances, de toute stratégie, ne laissant courir que leur vanité et leur pseudorelation, ils n’hésitèrent pas à interpréter l’idée du Temple comme une nouvelle preuve de trahison.
Heureusement, le Maître de l’Hôpital approuva l’idée du Temple, et Richard rentra à Ramela par le chemin d’Ascalon, au lieu de pousser l’avance sur Jérusalem. Le roi d’Angleterre arriva à Ascalon le 20 janvier. Il y demeura jusqu’à Pâques. Il entreprit de reconstruire les murs de défense, et tout le monde se mit au travail. Entre-temps, Richard fonda, à Acre, un hospice dirigé par des chanoines pour soigner les soldats anglais. Cet hôpital deviendra, en 1235, l’Ordre de Saint-Thomas de Saint-Jean d’Acre. Son Maître fera preuve de courage lors de la prise de la ville en 1291.
Les Français, boudant le roi anglais, se retirèrent à Tyr chez Conrad de Monlferrat. Même les troupes du duc de Bourgogne abandonnèrent totalement Ascalon pour se réfugier à Tyr. Au début d’avril 1192, Richard annonça son retour en Europe. Il envoya à Tyr son neveu, Henri de Champagne, pour inviter Conrad à rejoindre l’armée. Le 28 avril 1192, Conrad fut assassiné par un Ismaélien, membre de la secte du Vieux de la Montagne. Le jeune Henri de Champagne fut élu roi de Jérusalem, ce qui amena une certaine détente dans les camps alliés. Cependant, élu par les Français, Hugues alla demander l’accord du roi d’Angleterre. Il lui conseilla d’accepter le trône sans épouser Isabelle, car Onfroi était encore en vie et elle-même se trouvait enceinte de Conrad de Montferrat. Ce fut impossible, et le 5 mai 1192 les noces furent célébrées. Cela n’apaisa aucune des difficultés, bien au contraire.
Guy de Lusignan vit, une fois de plus, le trône lui échapper. Les Templiers, auxquels Richard avait rendu Chypre, la revendirent au mois de mai 1192 au roi déchu de Jérusalem. On ne pouvait procéder au sacre d’Hugues, Guy étant encore vivant. Aussi l’époux d’Isabelle prit-il le titre de seigneur du royaume de Jérusalem.
La rivalité entre Conrad et Guy de Lusignan se dénouait après dix années de troubles. Le contrecoup en fut la naissance d’un second royaume latin d’Orient. Toute la côte méditerranéenne était, à
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