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Les templiers

Les templiers

Titel: Les templiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Laurent Daillez
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administrative.
    Depuis ses origines, le Temple avait acquis une indépendance temporelle totale. Il ignorait l’engrenage féodal, ne prêtant aucun hommage, aucun serment, aucune foi jurée, pas même au roi de Jérusalem,
    Puissance synarchique, très cosmopolite à travers toutes les nationalités naissantes ou anciennes, le Temple rechercha un appui international qu’il trouva avec le Saint-Siège et les encouragements du roi (l’Angleterre. Les rois de la Péninsule ibérique en firent autant. À travers tous les actes apparaît une souveraineté certaine qui fit du Temple et de ses alliés une sorte de Société des Nations. Il acquit ce prestige en Terre Sainte, où se retrouvaient tous les intérêts occidentaux. Avec Robert de Sablé, qui fut à l’origine de divers contacts et de différentes réunions entre souverains, le Temple annonçait au monde les futures tables rondes de discussions.
    Quatre ans après l’élection de Gilbert, montait sur le trône de saint Pierre un pape de trente-sept ans, Innocent III. Juriste éminent, une carrière de curie l’avait préparé au maniement des grandes affaires. Il s’entendit parfaitement avec le Maître du Temple et ses successeurs, tout comme auparavant Eugène III avec Robert de Craon, Alexandre III et Bertrand de Blanquefort.
    Durant dix-huit ans de pontificat, Innocent III octroya deux cent dix-huit bulles pontificales à l’Ordre du Temple – chiffre connu à ce jour. Bien sûr, elles ne sont, pour la plupart, que des confirmations de certains points de la bulle « Omne datum optimum   », laquelle fut confirmée dix-sept fois pendant le pontificat.
    Déjà Alexandre III lançait des ordres contre toutes les autorités se mêlant des affaires du Temple. Combien de fois les papes se retournèrent-ils contre ies évêques qui ennuyaient les frères   !
    Innocent III arriva. Son expérience juridique permit au Temple de continuer son œuvre d’émancipation. L’évolution du droit templier se précisa. Dès son avènement, le Pape confirma à Gilbert et à tous les frères de la Milice, le privilège complet d’exemption de l’autorité du clergé, de toutes visites d’archevêques, d’évêques ou autres prélats. Chose importante, il les autorisa à ne pas tenir compte des lettres apostoliques qui pourraient avoir été délivrées contre leurs privilèges. Cette bulle, datée de Saint-Pierre, le 29 mai 1198, reprend certains termes de la lettre d’Urbain III du 25 avril 1186-1187.
    Des liens étroits s’établirent entre le Saint-Siège et le Temple, et cela se fit uniquement par les confirmations de privilèges.
    Le privilège le plus important fut octroyé dès le début du pontificat. Il défendait à quiconque d’excommunier ou d’interdire un membre de l’Ordre du Temple.
    Les origines de ce privilège sont des plus curieuses. Le pape, lui-même, en raconte l’histoire, dans une bulle du 15 décembre 1199, envoyée au patriarche de Jérusalem, à l’archevêque de Tyr et à l’évêque d’Acre.
    Tout débuta par une dispute entre les Templiers de Terre Sainte et l’évêque de Tibériade au sujet des fonds du diocèse, d’une valeur de mille trois cents Byzantins, déposés au Trésor par son prédécesseur. Cet argent, les Templiers refusèrent de le livrer. L’évêque de Sidon et celui de Biblos furent désignés pour juger le litige. L’évêque de Sidon demanda au Maître du Temple et à son confrère de Tibériade de se rendre dans la ville de Tyr. Le Maître du Temple, qui rentrait d’Antioche avec ses troupes, délégua deux frères pour le remplacer. Dès leur arrivée, l’évêque de Sidon se mit dans une colère terrible et s’écria   : « Vous devez rendre les besants avant dimanche (la discussion se passait le jeudi), sinon, de par Dieu le Père et tous les saints, j’excommunie votre Maître et tous vos frères en deçà et au-delà des mers (citra et ultra mare), et même vos confrères et amis   !   »
    Nos deux Templiers réagirent plus vite que prévu et regagnèrent aussitôt Acre. Le Maître alla visiter le patriarche, fit des concessions et arrangea l’affaire avant la fin de la semaine.
    L’évêque de Sidon ne l’entendit pas ainsi. Le dimanche suivant, vêtu des habits pontificaux, il entra dans la cathédrale Sainte-Croix de Tyr et, devant le clergé et les fidèles, après l’extinction de tous les luminaires, il déclara Gilbert Erail et tous les frères des deux côtés de la mer,

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