Les templiers
que les barons de Syrie et le Temple refusaient de ratifier. Thibaud de Champagne s’embarqua au mois de septembre, tandis que les Francs de Syrie, les troupes du Temple, d’Hugues IV de Bourgogne et de Guignes de Nevers stationnaient entre Jaffa et Ascalon.
Un nouveau croisé débarqua à Acre : Richard de Cornouailles, frère du roi d’Angleterre et beau-frère de Frédéric II. Il rejoignit les troupes à Ascalon où elles étaient employées à refaire les murailles. Richard refusa de remettre la forteresse aux Templiers. Les rapports entre Richard de Cornouailles, les Templiers et les barons de Syrie s’envenimèrent assez rapidement. L’orgueil du Temple devenait impossible au beau-frère qui avait fait toute la traversée d’Angleterre en France en compagnie du Grand Précepteur de l’Hôpital. En qualité d’allié de Frédéric, et c’est normal, il favorisa l’Hôpital plutôt que le Temple.
Armand de Périgord dut céder et opter pour une alliance avec l’Égypte. Il confia au bailli de Frédéric le château de Césarée qu’avaient restauré les Anglais.
La mauvaise passe qu’avaient connue les Templiers sous Frédéric II recommençait de plus belle avec Richard de Cornouailles. Ami intime et admiré du moine chroniqueur de Saint-Albans, Matthieu Paris, de tendance très anglicane, il l’encouragea dans ses idées. Il est vrai que ledit chroniqueur manifesta une réelle aversion à l’encontre de la Curie à cause des finances. Son exposé sur la situation en Terre Sainte est complètement défavorable aux Templiers. Son texte est embrouillé, sans logique, obscur et haineux. Malheureusement, Matthieu Paris est souvent le seul qu’écoutent les auteurs. Les faits d’armes rapportés par Philippe de Novaire sont pourtant d’une autre clarté et disculpent les Templiers. Que dire aussi des Gestes chypriotes que beaucoup ignorent et dont l’objectivité redresserait bien des choses.
Après avoir semé le trouble, comme l’avait fait son beau-frère, le duc de Cornouailles réembarqua le 3 mai 1241 pour son île, sans ménager les Templiers ni les Hospitaliers, « frères jumeaux qui s’égorgent dans le sein de leur mère ». Richard s’attribua tous les avantages reçus ou promis aux chrétiens. Il se posa aussi en libérateur des grandes places fortes telles que Baruth, Sidon, Beaufort, Le Toron, Tabarie, Safed, Nazareth, le Mont Thabor, et en libérateur des prisonniers.
La Syrie, une nouvelle fois, se trouva sans chef. Les responsabilités incombèrent au Maître du Temple, Armand de Périgord. Avec l’approbation des barons, il abandonna le traité avec l’Égypte et revint à sa politique d’alliance avec Damas. Armand écrivit au Maître du Temple en Angleterre, Robert de Sandford. Dans sa lettre, il expose la gravité de la situation, tout en restant confiant : « Le sultan de Babylone promettait de nous rendre Gaza, Saint-Abraham, Nablus, Darum et autres fiefs, mais il nous faussa parole et garda nos émissaires, frères de notre maison, plus de six mois en captivité. Nous nous sommes méfiés de sa perfidie et nous avons conclu une alliance avec les sultans de Damas et de Harus, et le seigneur du Crac, qui nous permettra de subjuguer facilement le royaume de Babylone et enfin d’occuper tout le territoire sarrasin qui nous environne. Le sultan de Babylone et le seigneur du Crac ont rendu immédiatement au culte chrétien tout le terrain en deçà du Jourdain, sauf Nablus, Saint-Abraham et Beissen. Il n’y a aucun doute que cette situation heureuse et prospère pourrait durer longtemps si les chrétiens d’en deçà des mers voulaient, dès maintenant, agréer cette politique. Mais, hélas, combien de gens en cette terre et ailleurs nous sont contraires et hostiles par haine et par jalousie. Ainsi notre couvent et nous, avec le concours des prélats de l’église et de quelques pauvres barons de la Terre qui nous aident comme ils le peuvent, nous assurons seuls le poids de la défense. Nous proposons de construire un château très fort sur le Toron, près de Jérusalem, si les hommes de bonne volonté nous assistent. Nous devons espérer que cette forteresse nous permettra de surveiller facilement le pays et de le défendre contre l’ennemi à perpétuité... »
Ces années furent triomphales pour le Temple. Le Maître nargua même Frédéric II en réintégrant le Temple de Jérusalem et en le fortifiant, provoquant la colère de l’Empereur
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