Les templiers
qui s’écria : « Si le Maître et les frères ne cessent de construire le château de Jérusalem, ce qui est contraire à l’honneur impérial, tous leurs biens en Allemagne et en Sicile seront confisqués. »
Les Templiers revenaient à leur politique positive. Armand de Périgord donnait de l’impulsion à l’ordre et prévoyait les remous qui secoueraient l’Orient. Une marée humaine déferla sur l’Europe. L’expansion mongole avait repris sous Ogôdaï, fils de Gengis Khan. Au printemps de 1241, la Hongrie et la Pologne furent dévastées. La même année, une croisade générale fut prêchée contre les Mongols. Le traité de Damas, les fortifications entreprises par les Templiers à Jérusalem poussèrent les populations à se réfugier à l’intérieur de la ville sainte. Le péril grandissait. Armand de Périgord, devant le danger, se réconcilia avec le Maître de l’Hôpital ; les couvents et les barons de Syrie avec leurs amis s’avancèrent sur Gaza où les sultans de Damas et de Mons les rejoignirent.
Les Mameluks d’Égypte et les Karisméniens sous la conduite de l’ancien esclave mongol, Beybars, devenu émir et futur sultan d’Égypte, les attendaient. Une bataille s’engagea le 17 du mois d’octobre. Malgré une résistance héroïque qui dura deux jours, l’armée franque fut totalement détruite. Le Maître du Temple, Armand de Périgord, fut mortellement blessé. Le Maître de l’Hôpital fut capturé avec Gautier de Brienne, comte de Jaffa. Des deux couvents, vingt-six frères du Temple et trente-six de l’Hôpital seulement revinrent de la bataille. Quant au Maître des teutoniques, Gerhard de Mahlberg, il prit la fuite avec trois de ses chevaliers.
Une lettre du patriarche Robert, qui avait succédé à Giraud de Lausanne, indique que le Temple perdit trois cent vingt-deux chevaliers sur un total de trois cent quarante-huit et trois cent quarante-deux Turcopoles, l’Hôpital trois cent vingt-cinq sur trois cent cinquante et un chevaliers et deux cent vingt-quatre Turcopoles, et les teutoniques quatre cents hommes. Les chevaliers de Saint-Lazare, les troupes du sire de Cayphas, de l’archevêque de Tyr, du comte de Jaffa, de l’évêque de Lydda, du prince d’Antioche et du roi de Chypre furent complètement anéanties. Le patriarche, qui échappa de justesse à la tuerie, évalue la perte totale à seize mille Francs.
Apprenant cette défaite, Frédéric II fut indigné. Il en accusa les Templiers. Or, ce fut un juste retour des choses. Par cette défaite, on pouvait croire à une fin rapide du royaume. Il subsista encore près de cinquante ans. Mais, à brève échéance, les conquêtes de Frédéric et de Richard de Cornouailles s’effondreront. Bientôt, le royaume sera à nouveau réduit à une frêle bande littorale.
CHAPITRE XV Saint-Louis, sa croisade et le Temple
L A deuxième chute de Jérusalem, Gaza et Forbie fut ressentie dans tout le monde chrétien. Un appel fut lancé par l’évêque de Beyrouth. Le concile de Lyon, réuni par Innocent IV en juillet 1245 pour juger Frédéric II, proclama la croisade générale. Dès 1244, le roi de France avait pris la croix, mais le concile de Lyon ayant excommunié pour la troisième fois l’empereur d’Allemagne, seuls quelques croisés anglais, frisons ou brabançons se mirent en route avec les Français en 1248.
En Palestine, la situation n’était pas brillante. L’armée du sultan du Caire avait occupé Jérusalem fin 1244. La prise de Damas, en octobre 1245, privait – les chrétiens du profit des dissensions musulmanes. Les départs pour la croisade furent toujours néfastes aux libérations, car ils se déroulaient avec trop de lenteur. Les Francs cherchèrent à racheter les captifs de Forbie. Les Templiers et les Hospitaliers s’adressèrent au sultan Aiyûb ; il leur fit répondre que leur supplique serait prise en considération si l’empereur l’appuyait. Frédéric apparaissant comme l’Antéchrist, il n’était pas question de s’adresser à lui. Les deux ordres déclinèrent l’offre.
Innocent IV avait écrit au sultan au sujet d’une trêve. Aiyûb répondit que, suivant le traité de 1229 et conformément au protocole, les négociations avec les chrétiens ne pourraient se faire que par l’intermédiaire de Frédéric II. Le pape fut irrité par cette fin de non-recevoir et crut même que l’empereur avait falsifié la lettre. Par ailleurs, Frédéric
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