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Les valets du roi

Les valets du roi

Titel: Les valets du roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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à côte un long moment, absorbés par le simple plaisir de leur compagnie commune.
    Corneille n’avait pas hésité un instant lorsque Forbin avait déboulé chez lui pour lui donner l’ordre de veiller sur Mary. Celui-ci lui avait rapporté leur conversation et la décision qu’elle avait prise. Corneille s’en doutait depuis longtemps. Il se targuait de bien mieux connaître Mary que Forbin qui la cajolait. Leur complicité et leurs discussions sur La Perle y avaient largement contribué. Forbin lui avait remis une somme coquette et Corneille l’avait assuré pouvoir compter sur une tante qui serait ravie de les héberger, le temps pour Mary d’atteindre son but. Si elle le pouvait.
    « C’est mon cadeau d’adieu, avait confié Forbin à Corneille, l’œil triste mais déterminé. Prends soin d’elle. Et reviens lorsqu’elle sera hors de danger. »
    Corneille avait une motivation supplémentaire pour la rejoindre. Puisque son capitaine n’en voulait plus, il n’y avait aucune raison que lui, Corneille, ne tente pas sa chance. Il n’avait pas les mêmes objections que Forbin pour l’aimer. Et bien assez d’ardeur pour la contenter. De plus, il n’était pas comme lui pressé de gagner la Méditerranée.
     
    — Allons-nous loin ? demanda-t-il au bout d’un moment, feignant l’ignorance.
    — A Saint-Germain-en-Laye, répondit Mary, se demandant toujours comment elle ferait pour s’y installer.
    — Eh bien, on n’est pas arrivés !
    — C’est que je ne suis jamais montée à cheval, s’excusa Mary, piteuse.
    — Jamais ?
    — Enfin, presque jamais, dit-elle. Ma mère s’est effrayée d’une chute que j’avais faite et me l’a interdit.
    Corneille hocha la tête, imaginant mal Mary plier devant la difficulté ou l’autorité.
    — Ce n’est pas plus difficile que de chevaucher l’océan. Il faut seulement garder l’équilibre. Allez, en selle, matelot, décida-t-il.
    Il approcha sa paume ouverte des étriers et, à son invitation, Mary y posa un pied, une main sur le pommeau, l’autre au licol. Elle se retrouva juchée sur l’animal, qui partit d’un pas de travers pour seul reproche à son inexpérience.
    — Et maintenant ?
    — Maintenant, tu le guides doucement. Et tu gardes devant tes yeux la ligne d’horizon, en serrant fort les cuisses pour qu’il ne te perde pas. Tu vas voir, ça vient vite.
    — Bien, capitaine.
    Corneille s’en amusa en enfourchant sa propre monture. Il la rapprocha de celle de Mary qui s’énervait du trot de ses congénères poussés par les coursiers.
    — Laisse-la aller. Les juments sont comme des femmes, osa-t-il. Plus on les bride, plus elles cherchent à filer.
    Mary se relâcha sur sa selle. La jument s’accorda au pas du bai de Corneille.
     
    Le soir vit son premier galop, et ils parvinrent à Morlaix comme la nuit tombait.
    L’aubergiste leur concéda un coin d’écurie pour tout gîte. Son toit était complet.
    — Qu’à cela ne tienne ! décida Corneille en entraînant Mary vers la bâtisse où les chevaux attachés devant leur mangeoire se régalaient de foin.
    Il lui montra l’échelle de meunier qui menait à une plate-forme au-dessus de leurs têtes. La paille et le foin y étaient stockés. Corneille l’invita à passer la première, bien décidé à se régaler du spectacle. Mary y grimpa sans malice, le corps si douloureux qu’elle crut ne jamais pouvoir atteindre le plancher. Corneille s’en moqua en lui claquant les fesses.
    — Ne refais jamais ça, rugit-elle en se laissant choir pour masser l’intérieur de ses cuisses, sitôt hissée.
    Corneille ne put s’empêcher de rire avant de certifier :
    — Dans deux jours, tu auras oublié.
    — Que j’avais des jambes ? ironisa Mary.
    — Que tu marchais avant de chevaucher. Une bonne nuit de sommeil et tu te sentiras prête à recommencer.
    Mary se traîna vers un lit de paille improvisé par le hasard. Elle n’avait plus le courage de rien. Corneille s’allongea à ses côtés, face à elle.
    — Mouche la lanterne, conseilla-t-elle en bâillant à s’en décrocher la mâchoire, ou nous risquerions de la renverser en dormant.
    Corneille obéit en pensant que dormir n’était pas vraiment ce à quoi il aspirait. Il eut pourtant pitié de Mary, dont le souffle régulier lui parvenait déjà, et lui accorda un repos bien mérité.
     
    L’orage déchira l’obscurité d’un éclair aveuglant, et Mary se dressa d’un bond, retrouvant

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