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Les valets du roi

Les valets du roi

Titel: Les valets du roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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traîner dans un sourire tandis qu’il lutinait sa gorge.
    Il se redressa sur son moignon.
    — Inutile de te moquer de mon prénom, Madame aux mille visages.
    — Je n’aime pas du tout, répliqua Mary sans aucune raison valable.
    — Moi non plus. C’est bien pour cela que j’en ai changé, déclara-t-il en reprenant ses caresses.
    Mary, ayant l’humeur taquine, décida de l’en distraire encore.
    — Et pourquoi Corneille ?
    Corneille soupira et la bâillonna d’un baiser. Lorsqu’elle reprit son souffle, ses yeux pétillaient.
    — Dis-moi, supplia-t-elle.
    — Après, jura-t-il. Si tu es sage.
    — Ça, répliqua Mary en se moulant à lui, jamais !
     

16
     
     
    P lusieurs jours passèrent ainsi dans une belle et bonne humeur.
    Corneille avait fini par lui parler de cet oiseau qui ne quittait jamais son épaule et qui lui avait valu son surnom. Alors qu’il était jeune corsaire, il l’avait trouvé oisillon et l’avait apprivoisé. Lors des combats, il tournoyait autour des ennemis, se posait sur leurs crânes et les piquetait de son bec.
    Mary en avait ri aux éclats rien que de l’imaginer.
    Un coup de mousquet l’avait fauché un jour, mais le surnom était resté. Mary trouva qu’il avait eu une fin digne d’un marin et ils trinquèrent à son souvenir comme ils l’auraient fait d’un compagnon.
    Ils ne parlèrent pas de Forbin. C’était devenu inutile. Corneille n’était pas avide de confidences à son sujet, jugeant qu’il valait mieux pour aimer Mary reléguer son capitaine au passé.
    Il ne lui confia rien non plus de ses propres sentiments. L’attirance physique qu’il éprouvait était suffisante pour justifier leurs étreintes et Mary semblait s’en contenter. De fait, elle ne voyait aucun intérêt à compliquer les choses. Corneille lui plaisait depuis longtemps, mais il n’était pas celui qu’elle pourrait épouser.
     
    Durant leur trajet, ils avaient eu tout loisir de réfléchir ensemble au meilleur moyen d’approcher la cour des Stuarts à Saint-Germain-en-Laye. Le fait que la maison de Marguerite loge nombre de jacobites était pour Mary une remarquable occasion. S’il n’y avait eu Marguerite pour parler français et la faire douter, Mary aurait pu aisément se croire dans une rue de Londres.
    Lorsque le roi Jacques Stuart avait fui l’Angleterre en 1688, chassé par son gendre protestant Guillaume d’Orange, il s’était réfugié à Saint-Germain-en-Laye. Ses sujets, loyaux et fidèles, l’avaient peu à peu rejoint, envahissant le château puis la ville de Saint-Germain, désertée par la cour de France qui, elle, était allée s’installer à Versailles, malgré l’immense chantier qui s’y trouvait encore.
    Peu à peu pourtant, la place manquant aux jacobites, ils s’étaient établis à Paris, se groupant par quartiers entiers, semant le doute dans l’esprit des Parisiens. La France étant engagée contre l’Angleterre dans la guerre de la ligue d’Augsbourg, on comprenait mal dans le peuple comment on pouvait faire confiance à ceux-là plutôt qu’à d’autres. La police de M. de La Reynie avait beau avoir ses services de renseignements, elle ne pouvait empêcher les bagarres d’éclater entre Anglais et Français, parfois pour une broutille. Et en ces temps troublés, les Parisiens étaient nombreux à refuser de partager leur maigre pitance avec ceux qu’ils nommaient ces chiens d’Anglais.
    Corneille escortait donc Mary partout, pour tenter de comprendre l’étiquette qu’elle serait obligée de respecter si elle voulait approcher Jacques II ou son Premier ministre, lord Melfort.
    Pour satisfaire Marguerite, qui jugeait ses habits de garçon déplacés dans sa maison et auprès de ses locataires, Mary s’était habituée à se maquiller et à porter des robes qu’elle avait fait tailler à la dernière mode de la cour. Corneille, quant à lui, la préférait en marin, estimant que cela seyait mieux à son tempérament que ces fards dont elle se poudrait les joues et le nez. Il ne fit cependant aucun commentaire, s’employant de son mieux à servir ses ambitions tout comme Thomas ou Marguerite.
    Celle-ci eut tôt fait de son côté de repérer ceux du quartier ou de ses pensionnaires qui avaient leurs entrées à la cour du roi Jacques, jaugeant lequel serait le mieux placé pour aider Mary. Elle en trouva un qui lui sembla parfait : sir Francis Mannock, dont la fille, Miss Bridget Strickland, était une des dames

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