Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les valets du roi

Les valets du roi

Titel: Les valets du roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
Vom Netzwerk:
d’un œil effaré le carnage et l’unique pan de mur qui rappelait encore la taverne où il avait donné rendez-vous à Mary.
    Son enseigne s’y balançait en grinçant.
    — Mary… se lamenta-t-il. Où es-tu ?
     

23
     
     
    Les formalités réglées, Emma de Mortefontaine embarqua le même jour de Calais pour ramener le corps de son défunt époux en Angleterre. Il lui avait suffi de quelques jours pour se reprendre et considérer les avantages de son nouveau veuvage, ravie de savoir que Mary était devenue en peu de temps bien plus redoutable et maligne qu’elle ne l’avait imaginé ! « Mary, ma chère Mary, songea-t-elle en voilant son visage de noir, où que tu sois, je te retrouverai. »
    Pour ce faire, elle laissa l’Homme en noir à Paris, avec mission de la rechercher.
     
    *
     
    C orneille erra longuement dans les ruines de Dunkerque, regrettant de ne pas avoir attendu Mary avant de se rendre à Calais où Clément Cork mouillait dorénavant. Partout on avait suffisamment à faire pour ne pas s’occuper des questions qu’il posait. L’attaque injuste et surprenante était de toutes les conversations. Les corsaires qui avaient survécu se trouvaient pour la plupart sans navire et se préoccupaient davantage de leur métier que du reste. Les habitants et commerçants démunis pleuraient sur leur misère. Corneille ne put rien tirer de ces gens que le sort avait frappés.
    Même si les causes du bombardement demeuraient pour tous inexpliquées, Corneille se doutait bien quant à lui de ce qui les avait engendrées. C’étaient les mêmes raisons qui l’avaient poussé à s’y rendre. Ces corsaires qui ne respectaient aucune des règles de la course étaient un fléau bien plus redoutable pour le commerce de l’Angleterre que la marine royale. Munis de lettres de marque, ils écumaient les mers, sans foi ni loi autre que le profit, bien plus proches en cela des pirates que des officiers de Sa Majesté. Il fallait bien qu’à un moment où à un autre Dunkerque payât le prix fort pour avoir accepté de les abriter.
    Il enfourcha sa monture et tourna bride pour s’éloigner de la ville. Cela faisait deux semaines qu’il s’y tourmentait dans l’attente de Mary. Si elle n’avait pas paru, c’était sûrement que cela avait mal tourné pour elle à Saint-Germain ou à Dunkerque. A moins que, avertie en chemin de ce qui s’était passé ici, elle n’ait changé de destination et se soit rendue à Brest où elle savait tôt ou tard pouvoir le rejoindre.
    Corneille prit la route de Calais. Dans tous les cas il lui fallait retrouver Clément Cork, le capitaine du Bay Daniel avec lequel il avait fait affaire. Son ami, de mère française et de père anglais, ne lui avait pas caché son envie de croiser en Méditerranée avant de se laisser appâter par l’idée du trésor. Corneille lui demanderait un mois de délai.
    Si Mary n’avait pas reparu alors, il lui rendrait sa liberté. C’était pourtant une hypothèse qu’il n’avait pas le cœur d’envisager.
     
    Mary avait imaginé sottement que, sa mission accomplie, la flottille de sir Clouderly Shovel s’en reviendrait à Londres pour son rapport. Elle avait oublié dans sa précipitation qu’une campagne maritime ne durait jamais quelques jours. Renseignements pris, elle comprit que la croisière serait plus longue qu’elle ne le pensait. Shovel devait croiser plusieurs mois et remonter la Manche jusqu’à la mer du Nord. Il était chargé d’escorter les convois marchands. Essentiellement ceux de blé. A cause de cette famine qui endeuillait l’Europe, ils étaient les plus convoités.
    Mary s’en désola. Même si elle devait admettre que revoir la mer lui plaisait infiniment.
    On l’avait tout d’abord commise aux cuisines, puis, dès lors qu’elle avait pu expliquer son expérience du métier de gabier, on l’avait envoyée avec d’autres vérifier l’état du mât de misaine et de sa voilure. En quelques semaines, malgré sa frustration de devoir surseoir à son projet, elle avait recouvré sa gaieté.
    Nombre de tourments l’assaillaient pourtant.
    Si Corneille n’avait pas lui-même disparu, il devait la penser perdue à jamais, et l’idée de sa peine lui froissait le cœur. Elle songeait aussi à Emma et à Tobias : munis de la carte et d’un seul œil de jade, ne pouvaient-ils se risquer vers le trésor avant qu’elle soit en mesure de les contrer ? A la première escale, il lui faudrait déserter.

Weitere Kostenlose Bücher