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Les voyages interdits

Les voyages interdits

Titel: Les voyages interdits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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jours.
    De petites fenêtres s’ouvraient en effet en haut du
dôme sur toute la périphérie, et les rayons du soleil levant venaient frapper à
l’intérieur, sur le mur opposé, un cartouche de pierre dans lequel des
inscriptions arabes gravées s’insinuaient au milieu des mosaïques. La princesse
lut à voix haute les mots qui étaient éclairés en cet instant. Apparemment, il
s’agissait dans le calendrier musulman du troisième jour du mois de Jumada de
l’an 670 de l’Hégire, ce qui équivalait, dans le calendrier persan, à l’an 199
de l’ère de Jalal. Après quoi, la princesse Phalène et moi-même, murmurant et
comptant ensemble sur nos doigts, calculâmes à quel jour de l’ère chrétienne
correspondait cette date.
    — Nous serions donc aujourd’hui le 20
septembre ! m’exclamai-je. C’est mon anniversaire !
    Elle me félicita, avant d’ajouter :
    — N’est-ce pas la coutume chez les chrétiens
d’offrir des cadeaux, en cette occasion, comme nous le faisons
nous-mêmes ?
    — Parfois, oui.
    — Dans ce cas, je te gratifierai d’un cadeau
cette nuit même, si tu as le courage de braver les quelques risques qu’il faut
prendre pour le recevoir. Je t’offrirai une nuit de zina.
    — De zina ? Qu’entendez-vous par
là ? demandai-je, tout en ayant une idée de la réponse.
    — Cela qualifie toute relation illicite entre un
homme et une femme. C’est haram, interdit, si tu préfères. Si tu veux
bénéficier de mon cadeau, je dois t’introduire dans ma chambre, au sein du
quartier des épouses, dans le palais des femmes, qui est lui aussi haram.
    — Je prendrai tous les risques ! m’écriai-je
de tout mon cœur. Puis je pensai à une chose : Cependant... veuillez
pardonner ma question, princesse Phalène, mais j’ai appris que les femmes
musulmanes sont d’une certaine façon privées de... ce qui pourrait motiver leur
enthousiasme pour la zina. On m’a expliqué qu’elles étaient, enfin,
quelque chose comme circoncises, quoique j’imagine mal comment.
    — Oh, oui, tabzir, reprit-elle d’un ton
désinvolte. C’est en effet ce qu’endurent généralement les filles du lot
commun, oui, quand elles sont tout enfant. Mais les filles de sang royal en
sont exemptées, comme toutes celles qui pourraient un jour devenir des femmes
ou des concubines de la cour royale. Je n’ai subi, tu peux m’en croire, aucune
intervention de la sorte.
    — J’en suis heureux pour vous, affirmai-je, et je
le pensais vraiment. Mais que fait-on, alors, à ces pauvres femmes ?
Qu’entend-on exactement par tabzir ?
    — Je vais te le montrer, répondit-elle.
    Je fus un instant abasourdi, craignant qu’elle ne se
déshabillât, ici et maintenant, aussi esquissai-je un geste d’alarme en
direction de la grand-mère tapie derrière elle. La princesse Phalène se
contenta de m’adresser un large sourire, s’avança vers la niche du prêcheur
creusée dans le mur du fond et me dit :
    — L’anatomie féminine t’est-elle familière ?
Tu sais dans ce cas qu’à cet endroit (elle pointa du doigt le haut de
l’arcade), vers le haut de l’ouverture du mihrab, la femme possède une
tendre excroissance en forme de bouton. C’est le zambur.
    — Ah, fis-je enfin éclairé sur ce point. À
Venise, nous l’appelons la lumaghèta.
    J’essayais de conserver l’attitude neutre et détachée
du médecin, mais je sentais bien que j’étais en train de rougir en prononçant
ces mots.
    — La position du zambur peut varier
légèrement d’une femme à l’autre, continua Phalène, pour sa part d’une
inaltérable quiétude. Quant à sa taille, elle est aussi sujette à d’immenses
différences. Mon propre zambur est d’une dimension exceptionnelle,
puisqu’il peut atteindre, une fois déployé, la dimension de la première
phalange de mon petit doigt.
    Cette seule pensée contribua soudain, à mon tour, à me déployer quelque peu moi-même. Et, vu la proximité de la grand-mère, je
bénis une fois de plus l’ampleur de mon vêtement du bas. Mais la princesse
poursuivait allègrement :
    — C’est la raison pour laquelle je suis très
demandée au quartier des épouses, mon zambur pouvant presque faire
office auprès d’elles du zab d’un homme. Or ce type de jeu entre femmes
est halal : il est permis, autorisé, et non haram.
    Si mon visage avait été jusque-là rosé, il devait
avoir à présent tourné à l’écarlate. Mais si la princesse s’en aperçut,

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