Les voyages interdits
palpé
mon bagatìn.
Je la gratifiai de sa pièce de cuivre, et elle
s’allongea sur sa paillasse, étendue sur le dos. Je l’enjambai, dans la
position dans laquelle j’avais vu Michel. Et là, je tressaillis lorsqu’un lourd boum ! frappa l’extérieur de la coque, juste de l’autre côté de mon
oreille, suivi d’un grinçant scritch ! Les garçons des bateaux
étaient en train de se livrer à l’un de leurs passe-temps favoris. L’un d’eux
avait capturé un chat (ce qui n’a vraiment rien d’un exploit, tant Venise en
est infestée) et l’avait attaché au flanc de la coque. Chacun son tour, les
garçons prenaient leur élan et couraient tête baissée s’écraser sur la bête, le
jeu consistant à être celui qui lui assènerait le premier le coup mortel.
À mesure que mes yeux s’accoutumaient à la pénombre,
je notai qu’en effet Margarita n’était rien moins que velue. Ses seins pâles et
luisants semblaient même être la seule partie imberbe de son anatomie. Outre la
tignasse hirsute qu’elle portait sur la tête et le duvet qui surmontait sa
lèvre supérieure, ses bras et ses jambes étaient recouverts de longs poils
rudes, et un panache capillaire fourni lui garnissait les aisselles. Vu la
pénombre qui régnait et la véritable forêt qui tapissait son artichaut, je ne
distinguais de son appareil féminin qu’une partie beaucoup plus réduite que ne
m’en avait dévoilé tante Julia. (En revanche, je le sentais fort bien,
Margarita n’était pas plus portée sur la toilette que ses congénères des
bateaux.) Je savais que j’étais censé m’insérer quelque part là-dedans, mais...
Boum ! dans
la coque, et une plainte atroce du chat, rien de mieux pour vous mettre à
l’aise. Perplexe, je me mis à explorer de la main les régions inférieures de
Margarita.
— Pourquoi tu joues avec ma chatte ?
demanda-t-elle, usant du mot le plus vulgaire pour désigner cet orifice.
Je ris, sans doute d’une voix mal assurée, et
répondis :
— J’essaie de trouver le... euh, ta lumaghèta.
— Et pour quoi faire ? T’as pas à te servir
de ça. Tiens, voilà ce que tu cherches.
Elle descendit une main pour s’entrouvrir et une autre
pour me guider dedans. Ce fut prestement exécuté, les profondeurs de la
demoiselle étant des plus accessibles.
Boum ! Nouveau
cri rauque !
— Maladroit, tu l’as encore ressorti !
maugréa-t-elle, avant de procéder à un brusque réajustement.
Je restai là étendu un moment, m’efforçant d’ignorer
sa grossièreté, l’arôme douteux qu’elle dégageait ainsi que l’environnement peu
avenant, et tentai d’apprécier la sensation que me procurait cette chaude,
moite et peu familière cavité qui m’étreignait de façon assez lâche.
— Bon, eh, t’éternise pas non plus, hein !
geignit-elle. J’ai pas encore pissé moi, ce matin.
Je commençai à produire des allers-retours comme
j’avais vu Michel le faire, mais avant que je ne décolle vraiment, la cale du
bateau me parut s’assombrir un peu plus encore. Malgré tous mes efforts pour
les retenir et savourer la chose, mes jets jaillirent à gros bouillons sans y
avoir été invités et sans me procurer la moindre sensation de plaisir.
Boum !
— Oh, quelle gerbe ! Mais t’en finis
plus ! s’exclama Margarita, dégoûtée. Je vais avoir les jambes qui collent
toute la journée, ma parole. Allez, sors de là, imbécile, que je puisse
sauter !
— Comment ? fis-je, un peu sonné.
Elle se dégagea, se mit debout et fit un saut en
arrière. Elle refit un bond en avant, puis un autre en arrière, donnant du
roulis à la barge tout entière.
— Fais-moi rire ! commanda-t-elle entre deux
bonds.
— Quoi ? fis-je, éberlué.
— Raconte-moi quelque chose de drôle !
Voilà, ça fait sept sauts. J’ai dit fais-moi rire, marcolfo. Tu préfères
avoir un bébé ?
— Pardon ?
— Oh, laisse tomber. Je vais éternuer, plutôt.
Elle se saisit d’une mèche de ses cheveux, l’enfila
dans l’une de ses narines et fut secouée d’un éternuement explosif. Boum !
Rorr-rr-rrr...
La complainte du chat s’étrangla, signe évident qu’il
venait de passer de vie à trépas. J’entendis les gamins se chamailler à propos
de ce qu’il fallait faire de sa carcasse, Ubaldo étant partisan de nous la
jeter, Daniele plus enclin à la balancer derrière la porte de l’échoppe de
quelque Juif de la ville.
— J’espère que j’ai bien tout
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