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L’ESPION DU PAPE

L’ESPION DU PAPE

Titel: L’ESPION DU PAPE Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philippe Madral , François Migeat
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cause de la trace des blessures de Guiraud et de Gasquet. Comment Gasquet aura-t-il pu avoir le cou brisé, être tué d’un coup d’épée en plein cœur, et réussir malgré cela à faire le tour de Guiraud et à le tuer à son tour en lui enfonçant son épée dans la nuque comme s’il plantait un pieu ?
    — C’est assez curieux, en effet. Mais une enquête bien conduite pourra sans doute conclure que Gasquet avait une force hors du commun ? Ou bien que la puissance de sa foi explique ce miracle ? Oui, c’est cela : quand Guiraud l’a frappé à mort, Gasquet a hurlé en le regardant droit dans les yeux : « Alléluia ! Alléluia ! Alléluia ! » et Guiraud en a été si effrayé qu’il a tourné le dos pour s’enfuir. Alors, dans un dernier sursaut, transporté par sa profonde piété, Gasquet l’a frappé à mort. Mais ce coup était si puissant qu’il s’en est brisé la nuque.
    Castelnau éclate de rire :
    — Et tout cela, bien sûr, en criant : « Alléluia ! Alléluia ! Alléluia ! »
    — Par exemple.
    — Je comprends mieux à présent ce que tu veux dire, quand tu prétends t’être trompé de vocation. J’ai vu représenter il y a deux ans de cela une petite pièce à la gloire du Seigneur, sur le parvis de l’église Saint-Pierre de Montmartre. Elle avait été écrite par un clerc qui l’avait intitulée : « Miracle de saint Jean ». C’est cette voie-là que tu aurais dû prendre, en vérité.
    — Écrire pour l’édification des foules ?
    — Oui.
    — Tu n’as pas tout à fait tort.
    Castelnau reste un moment pensif.
    — Encore une fois, l’hypothèse d’un acte saint venant de cet odieux soudard ne me plaît guère.
    — J’avoue que, moi non plus, mais c’est la seule qui puisse calmer les esprits.
    — Dieu nous pardonnera-t-il un tel mensonge ?
    — Nous serons quittes pour célébrer une messe à la mémoire de son âme.
    Le légat lève les yeux au ciel.
    — Une messe pour un tel monstre !
    — La paix vaut bien une messe.
    — J’espère que tu ne penses pas aussi à le canoniser ?
    — Notre Saint-Père n’aura pas à aller jusque-là, sourit Stranieri.
    Castelnau s’interroge de nouveau :
    — Et tout cela viendrait d’un projet d’attentat contre moi ? Penses-tu vraiment qu’on pourra le croire ?
    — Certes, oui. Tu t’es fait assez détester dans le pays pour cela.
    Castelnau décoche cette fois à Stranieri un regard moins aimable. L’espion poursuit, sans s’en soucier :
    — Tu es le représentant officiel de notre Saint-Père. En accusant les cathares de ton assassinat, Guiraud pouvait penser que cela donnerait enfin au Saint-Père le motif pour déclencher la croisade qu’il souhaitait contre les hérétiques.
    — N’est-ce pas un peu trop tortueux, comme raisonnement ?
    — Guère plus que bien des raisonnements théologiques auxquels nous sommes habitués et que nous acceptons comme vérités consacrées.
    Le légat hausse les épaules, agacé.
    — Tu ne pourras donc jamais t’empêcher de blasphémer !
    — Ce n’est pas un blasphème, c’est une constatation.
    Castelnau se détourne et va s’isoler un instant près de la fenêtre en regardant au-dehors.
    — Et leurs hommes d’armes ?
    — Un affrontement entre leurs sbires. Avoue que ce ne sera pas le plus difficile à expliquer aux enquêteurs que le Saint-Père t’enverra. Et songe aussi que, de toute façon, je confirmerai ta version auprès de lui.
    Le légat finit par se retourner.
    — Tout de même, quelles complications tu nous as faites pour supprimer simplement deux hommes !
    — Deux hommes, peut-être, mais, du même coup, toute leur organisation criminelle, la Confrérie blanche. Ce n’est pas rien, conviens-en.
    — Et si ta « bombe », comme tu l’appelles, avait causé des victimes ?
    — Impossible. Frère Yong avait dosé son mélange de façon à ne provoquer que de la fumée et du bruit.
    Castelnau continue d’afficher un air désapprobateur.
    — Je suis vraiment désolé, Pierre, mais je n’ai rien trouvé de mieux pour attirer Guillaume à l’écart. J’aurai au moins réussi à ce qu’il n’ait que le moins d’hommes de main possible autour de lui.
    Castelnau esquisse soudain une grimace en portant la main à son bas-ventre.
    — Ça y est, ça me reprend.

25.
    De mon haleine, j’aspire la brise
    Que je sens venir de Provence
    Tout ce qui vient de là-bas me plaît
    Aussi, quand

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