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L’ESPION DU PAPE

L’ESPION DU PAPE

Titel: L’ESPION DU PAPE Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philippe Madral , François Migeat
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croisé. Elle semble même s’offrir à son examen, une lueur un peu moqueuse dans le regard. Touvenel remarque que, contrairement aux autres femmes qui aiment à exhiber de riches cottes de lin brodées recouvertes de robes et de brocarts, elle ne porte qu’une cotte légère qui épouse étroitement son buste et moule sa poitrine et ses hanches. Amaury saute à terre, prend Yasmina par la taille et l’aide galamment à descendre. Leurs visages se frôlent, ils se sourient.
    Touvenel, ironiquement, lui fait remarquer :
    — Je croyais, mon garçon, que ta religion t’interdisait de toucher aux jupes des femmes ? Ne disais-tu pas l’autre jour qu’il fallait vous tenir loin d’elles, au moins jusqu’au mariage ?
    — Vous avez déjà rencontré mon frère ? s’étonne Constance.
    — Nous nous sommes déjà rencontrés, en effet.
    — Ce seigneur est l’homme qui m’a sauvé la vie, lors du massacre de nos frères, près de La Roche-Emblain, explique Amaury à sa sœur. Nous avons cheminé ensemble un long moment, et je lui ai dit quelques mots de nos principes.
    Il s’incline vers Touvenel.
    — Je vous suis reconnaissant pour toujours, monseigneur. Pardonnez-moi si je vous ai choqué, mais je ne faisais qu’aider votre fille à descendre de ce cheval, sans pensée malhonnête à son égard.
    — Allons, chevalier ! renchérit Constance. Nous sommes dans le pays des troubadours qui aiment à chanter le bon vivre et l’amour. Et non dans celui des outres sèches.
    Une voix la coupe :
    — Ma fille, un peu de retenue ! Tu parles au seigneur Bertrand de Touvenel, Est-ce que je me trompe ?
    Constance et Touvenel se retournent sur un homme âgé habillé de noir. Le chevalier reconnaît celui qui accompagnait Constance, lorsqu’elle portait des rouleaux de toile dans leur maison.
    — Non, vous ne vous trompez pas. Je suis en tout cas ce qu’il en reste.
    — Et moi, je suis monsieur de Paunac, le père de Constance et d’Amaury.
    — Je vous reconnais, maintenant. Ma femme se rendait parfois chez vous pour acheter des étoffes.
    — C’est exact. J’ai bien connu votre dame. Elle venait se fournir auprès de la mienne, lorsque nous tenions une échoppe sur le port de Narbonne. Elles aimaient à converser ensemble. Mais ma femme est morte, comme la vôtre, et ce sont mes deux enfants qui ont pris ma place.
    — À chacun sa peine, soupire Touvenel.
    — Il ne faut pas qu’il y ait de peine, monseigneur. Comme vous pouvez le voir à mon habit, on m’a nommé « Parfait » et, chez les « bons hommes », comme nous nous appelons entre nous, quitter ce monde matériel enfanté par le Diable n’a rien de tragique. Ma femme a reçu son consolamentum. Elle est morte sereinement en sachant que son âme allait retrouver la bonté de Dieu.
    — Je crains que ce ne soit pas le cas de la mienne, murmure Touvenel, assombri.
    — Pardonnez-moi, monseigneur, s’incline Constance. Nous savons tous ici les malheurs qui vous ont frappé, et je vous aurais parlé moins légèrement si j’avais su qui vous étiez.
    Touvenel veut lui répondre, mais les cloches de l’église se mettent à sonner de toutes leurs forces. Sur le porche, à l’autre bout de la place, Guillaume de Gasquet rassemble ses hommes. Il leur fait un signe, ils montent tous en selle. Avant de prendre le chemin de son castel de Puech, il fait demi-tour et s’approche de Touvenel. Les mains crispées sur la bride de sa monture, il jette un regard sur Yasmina et lance au chevalier :
    — Au moins, la Sarrasine que tu as ramenée avec toi de ta croisade ne trompe-t-elle personne. Avec son teint et ses tatouages, on la reconnaît tout de suite comme une infidèle. Mais d’autres se cachent sous des insignes qu’ils n’ont plus à cœur d’honorer. Qu’ils se méfient de la vengeance des hommes de Dieu !
    Et, sans attendre de réponse, il tourne bride, talonne les flancs de son cheval et rejoint ses hommes qui l’attendent devant le parvis de l’église.
    — « Les hommes de Dieu » ! répète Constance en haussant les épaules. Pour qui se prend-il !
    — Avez-vous vu, père ? s’exclame Amaury. L’homme qui est à cheval au côté de Guillaume de Gasquet monte de travers. Comme l’un des chefs de ces hommes en blanc qui nous ont assaillis l’autre jour. C’est lui, j’en suis sûr. Il faut lui faire rendre gorge.
    — Amaury, calme-toi ! ordonne Philippe de Paunac. La meilleure défense n’est

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