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L'Eté de 1939 avant l'orage

L'Eté de 1939 avant l'orage

Titel: L'Eté de 1939 avant l'orage Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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qu’il leur ferait parvenir, pour lundi matin, un chèque de $125,000, montant requis pour le paiement des secours directs, la semaine prochaine.
    Les banques feront parvenir un égal montant à la ville de Montréal, dès lundi, et le paiement des secours se fera régulièrement.
    Sans cette intervention, les chômeurs n’auraient pas eu à manger, la semaine prochaine.
    La Patrie , dimanche 11 juin 1939.

14
    Arcand la fausse couche se fait démolir à Québec
    DES CHEMISES BLEUES BRUTALISENT UN JEUNE OUVRIER ET DÉCLENCHENT LA BAGARRE.
    Mais Arcand a toujours sur le marché un nouveau «rackett». Obsession! Il a le goût inné de la pitrerie et du cabotinage. Obsession! Ce professeur de racisme qui n’est ni blond, ni dolichocéphale, ni Aryen, mais a l’air d’un Juif d’après la couleur noire de ses cheveux, qui a l’œil mobile et inquiet du Juif, possède aussi comme le Juif le goût de l’argent et le sens inné du «rackett». On le voit toujours dans le sillage des financiers, même étrangers. Il déclare sans broncher qu’il fera tout, prendra n’importe quel moyen pour réussir. Le pontifesse est un clown nietzchéen qui vit au-delà du bien et du mal. Et nous savons depuis longtemps que pour lui l’argent n’a pas d’odeur. Obsession!
    La Nation , 23 juin 1939 [3] .

    Les locaux du Parti de l’Unité nationale, rue Marie-Anne, comprenaient quelques salles de réunion, des bureaux où des classeurs contenaient les dossiers d’un millier de membres et une abondante documentation. Dans la plus grande pièce, une demi-douzaine d’hommes en chemises noires semblaient voués à rendre l’air opaque avec la fumée de leurs cigarettes.
    Dans un coin, un buste d’Adolf Hitler au visage renfrogné paraissait surveiller les délibérations. Derrière lui, un drapeau nazi présentant une croix gammée noire sur un cercle blanc, au centre d’un rectangle de tissu rouge, donnait à l’ensemble une allure à la fois dramatique et morbide. Sur les murs, les photos de Mussolini et Franco complétaient la décoration.
    Adrien Arcand venait de terminer sa présentation des résultats de la dernière tournée de recrutement. Le discours optimiste cadrait mal avec certains faits rapportés dans les journaux. Lors d’une assemblée publique à Québec, des chemises noires s’étaient permis de bousculer un enfant curieux. Les ouvriers du quartier Saint-Roch avaient donné aux émules des Sections d’assaut un petit aperçu des usages en société, soulignant leurs paroles de quelques taloches.
    Alfred Côté commença par s’éclaircir la gorge avant de demander:
    â€” Pontifex Maximus , une rumeur un peu troublante circule actuellement à Montréal, y compris parmi nos hommes.
    Ã€ propos du meurtre de Ruth Davidowicz…
    â€” Quelle sorte de rumeur? Je n’ai rien entendu.
    Son visage disait pourtant tout à fait le contraire.
    â€” Qu’elle aurait été tuée par l’un de nos membres…
    â€” … C’est ridicule. Il faudrait poursuivre devant les tribunaux les personnes qui répètent des histoires pareilles.
    L’informateur de Bronfman se sentit conforté dans sa première impression: Adrien Arcand n’entendait pas parler de cela pour la première fois.
    â€” Comme je le disais, il s’agit d’une rumeur. Des clients de la taverne prennent des airs de conspirateurs pour me demander «Est-il vrai que…» Bien sûr, avec mon rôle à la tête des légionnaires, ils s’imaginent que je sais tout.
    â€” Je ne suis même pas surpris que les Juifs répandent une histoire comme celle-là. Elle leur permet de jeter le discrédit sur nous, de nous salir, comme si nous étions un ramassis de voyous. Si cela se trouve, ils ont tué cette femme juste pour nous faire porter le chapeau ensuite. Au fond, depuis Moïse, cela les connaît, les sacrifices humains.
    Alors que le chef disait ces mots, Alfred Côté soumettait les autres personnes présentes dans la pièce à un examen discret. Tous ces hommes semblaient plutôt ennuyés que ce sujet vienne sur le tapis, aucun n’offrait un visage marqué par la culpabilité…
    â€” Je pourrai rétorquer qu’aucun

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